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Le Mali dans l’impasse : Les incertitudes d’une gouvernance

Bientôt deux ans qu’il est à la tête de l’exécutif, mais il peine toujours à offrir aux Maliens le simple espoir d’une vie décente. Ibrahim Boubacar Keïta, élu en Août 2013, n’a-t-il pas atteint les limites de sa gouvernance ? Si l’on réfère aux défis qui l’attendaient à la veille de son élection, on se rend compte qu’il n’y a même à espérer que le chef de l’Etat tienne ses promesses. Car les scandales successifs et sa gestion trop partisane étalent sur la place publique les incertitudes de sa gouvernance.

ibrahim boubacar keita rpm ibk SEBENIKORO EPOUSELe régime d’IBK est constamment empêtré dans des scandales à tel enseigne que les citoyens commencent à se faire une raison : ne rien attendre des pouvoirs publics. C’est la conséquence d’une mauvaise gouvernance.

Et pourtant l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keïta à la magistrature suprême a suscité d’immenses espoirs : l’espoir de résoudre définitivement la crise du nord ; l’espoir de combattre la corruption ; l’espoir de réconcilier les Maliens ; l’espoir de mettre sur les rails l’économie nationale ; l’espoir de renforcer la démocratie ; l’espoir d’une vie meilleure…

Deux ans près, le pays est toujours enfoncé dans une crise sécuritaire avec la barbarie des groupes djihadistes au nord, mais aussi au sud. L’accord d’Alger signé (sous la pression ?) respectivement le 15 mai et le 20 juin n’a pas permis encore de stabiliser ni les régions du nord, encore moins le pays. Les régions du nord sont d’ailleurs occupées en partie par les djihadistes et les groupes armés, contrairement aux promesses d’IBK. L’armée malienne n’a toujours pas d’emprise sur la région de Kidal et sur les territoires contrôlés par les terroristes, notamment la zone de Taoudenit. Comme aux premières heures du pouvoir en place, la peur continue d’occuper les esprits. Et nos compatriotes du nord et même du sud ne savent plus à quel saint se vouer. Après les attaques dans les régions de Koulikoro (Nara) et de Sikasso (Fakola) par des groupes terroristes, le peuple se résigne de plus en plus que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé nécessite des moyens humains et matériels que le régime n’est visiblement pas capable de se procurer. Pendant ce temps, des voyages (promenades ?) de luxe sont organisés ; des bâtiments privés sont construits ou réhabilités ;  des voitures de luxe sont acquises au détriment des priorités nationales. Pis ces réalisations sont financées par l’argent public et d’autres moyens illégaux.

 

Les aveux du chef de l’Etat…

Aussi, le chef de l’Etat avait décrété 2014, année de lutte contre la corruption. Mais les scandales et corruptions de cette année de lutte contre la délinquance financière auraient dépassé toutes les prévisions. Les surfacturations sur le marché de l’acquisition du Boeing présidentiel et des équipements militaires n’ont pas pu freiner les ardeurs des tenants du pouvoir dans leurs ambitions démesurées de s’enrichir… S’en sont suivies l’affaire des engrais frelatés et celle des logements sociaux. Le seul soulagement auquel le peuple a eu droit, ce sont les menaces verbales du président IBK dans son message lors de la fête de l’Aïd El Fitr. « Je serais impitoyable désormais. Des rétro-commissions sur le dos du Mali? Dans un domaine où il y a un besoin avéré? Mais c’est criminel simplement, et ça mérite le traitement réservé à un criminel, à un criminel… », a-t-il affirmé. Pendant que le peuple réclame des sanctions exemplaires contre les fautifs, IBK, lui, est au stade des menaces. Des menaces auxquelles ne croient que ceux qui sont naïfs. Car si le chef de l’Etat a envie de sanctionner les délinquants financiers, la prison centrale de Bamako Coura aura refusé du monde. Mais hélas ! Le peuple doit continuer à subir le diktat d’un régime en perte de vitesse. Jusque-là, aucun rapport n’a été rendu public sur le bilan de cette année de lutte contre la corruption. C’était tout simplement de la poudre aux yeux.

Ibrahim Boubacar Keïta a également promis de réconcilier les Maliens. Où en sommes-nous, depuis ? Quasiment à la case de départ ! L’accord d’Alger qui devrait poser les jalons de cette réconciliation, a tout simplement accentué les différends entre les communautés.

D’abord, les communautés du nord (notamment celles de Gao et de Tombouctou) ont finalement réalisé que l’accord d’Alger créait, à travers ses articles, une différence notoire entre elles et les communautés ayant pris les armes.

 

Près de 200 milliards de FCFA engloutis…

Ensuite, l’accord d’Alger n’est pas l’expression de l’écrasante majorité de la société malienne. Il n’a pas reçu l’assentiment de la classe politique dans sa globalité et encore moins de la société civile. A tout point de vue, l’accord d’Alger est un document imposé aux Maliens par la communauté internationale et le pouvoir d’IBK. A quel prix et pour quel résultat ?

S’agissant de la remise sur les rails de l’économie nationale, c’est un secret de polichinelle. Elle n’est plus une priorité. La preuve. Depuis l’investiture d’IBK, la course à l’enrichissement illicite des ténors du régime n’est plus un secret. Les scandales financiers viennent corroborer cet état de fait avec près de 200 milliards de FCFA engloutis dans des détournements de fonds publics. Malgré tout, on continue à faire croire aux populations que le meilleur est à venir.

Enfin, IBK incarnait l’espoir d’une vie meilleure. Avec lui, certains Maliens croyaient à l’émergence du pays. Que le panier de la ménagère serait garni. Les prix des denrées de première nécessité allaient être abordables. Aujourd’hui, la réalité est tout autre. Elle est brutale. Les prix des denrées ont pris l’ascenseur. La viande, le lait, le riz, le sucre et le poisson sont devenus des produits de luxe. Et le peuple s’interroge. Avec une telle gouvernance, de quoi demain sera fait ?

Idrissa Maïga

source : L Aube

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