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Le Mali a la croisée des chemins : Une vision et un agenda pour la partition totale du Mali planifiée sur 30 ans

Après le renvoi de l’ambassadeur de France, le renvoi de Barkhane et Takuba, les discours historiques des PM Choguel Maïga et Abdoulaye Maïga à l’ONU, le renvoi de la MINUSMA, le Mali doit réaliser la mobilisation générale pour faire face à la guerre qui nous est imposée à travers les groupes membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimeen ou Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM/GISM), Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et affidés politiques tapis dans la classe politique et la société civile. L’armée malienne, sans le dire explicitement, se prépare sans cesse.

Face à la jonction de la CMA avec les Groupes terroristes armés comme JNIM et EIGS sous la houlette de la France, les acteurs politiques ont le choix entre la défense de la patrie et la soumission aux ennemis au nom d’intérêts inavouables. C’est l’inconsistance patriotique qui fait perdre à certains nos valeurs d’honneur et de dignité au profit de l’argent sale. Les manœuvres de domination des puissances impérialistes ne sont que des contradictions externes qui ne peuvent opérer qu’à travers les contradictions internes.

Dans le cas précis du Mali, l’avènement de «Mali Kura» passe par une renaissance à nous-mêmes et au reste du monde à travers la rupture avec les pratiques néfastes qui ont jusque-là plombé la marche de notre peuple vers un Mali nouveau. Toutefois, nous le savons sans doute tous et toutes, une naissance ou renaissance ne se fait pas spontanément. Elle nécessite la conception  (projet de société), le port de la grossesse avant de mettre au monde le bébé. Et cela en évitant aussi de s’abuser en oubliant que toute naissance se fait dans la douleur. Dans notre cas précis, le «Mali Kura» ne naîtra que dans la sueur de l’effort et de la persévérance. Dans cet effort de soi sur soi, interviennent des erreurs et des échecs qui impliquent la nécessité de veille citoyenne et d’actions correctives efficientes.

Le colonisateur français a mis 43 ans (de la montée de Faidherbe à Saint Louis à Kayes-Médine en 1855 en passant par la capture de Samory en 1898) pour conquérir le Soudan français. Ce même colonisateur français a mis 18 ans pour pacifier le Soudan, de la capture de Samory en 1898 aux assassinats de Firhoun et Barzani en 1916. Ce qui donne en tout 61 ans pour soumettre le Soudan pendant 44 ans, de 1916 à 1960.

Maintenant si nous ne nous assumons pas, à terme, le Mali risque d’être divisé en trois États fantoches soumis aux multinationales françaises. On aura ainsi le nord-Mali représentant les deux tiers du territoire (carte de l’Azawad selon la CMA) ; la région de Mopti plus les cercles de Macina et de Niono (dans la région de Ségou) afin de séparer géographiquement le sud du nord qui est l’objet des convoitises des puissances étrangères. Le passage du terrorisme du nord au centre du pays, depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015, n’est pas un hasard. Le 3e État sera le sud-Mali avec les régions d’avant réforme de Kayes, Koulikoro, Sikasso et le reste de la région de Ségou constitueront la 3ème partie du Mali écartelé.

Un processus de partition qui risque de nous faire perdre les deux tiers de notre territoire

Les concepteurs de la partition du Mali ont une vision et un agenda sur 30 ans. C’est peu par rapport aux 61 ans de conquête et de pacification du Soudan. Depuis 2013, avec la situation qui prévaut à Kidal, le Mali est dans un processus de partition qui lui fera perdre les deux tiers de son territoire au profit des industries minières et pétrolières de la France. La conquête du Soudan, au 19e siècle, a été menée au nom de l’ouverture de marchés aux produits français. Mais, en réalité, elle visait les ressources naturelles du pays. Quelques années plus tard, le méga projet d’aménagement de l’Office du Niger a été conçu pour donner à la France ce que l’Egypte donnait à l’Angleterre.

Le Mali est aujourd’hui engagé dans une lutte de reconquête de sa souveraineté politique et économique qui ne peut être gagnée qu’en la concevant d’abord à travers une vision et un projet cohérent reflétant les aspirations profondes de notre peuple. C’est seulement après qu’il faut faire face aux ennemis internes et externes en engageant une lutte intelligente et intense à travers l’organisation, l’éducation et la mobilisation de toutes les forces vives pour gagner la guerre et apporter la prospérité à notre peuple.

Certes, les actions menées sur les réseaux sociaux et dans les manifestations publiques sont nécessaires pour la prise de conscience. Mais rien, absolument rien, ne peut remplacer le travail collectif d’organisation et de lutte politique. Le discrédit qui couvre les partis politiques ces dernières années ne fait que compliquer la tâche aux patriotes qui doivent faire preuve d’innovation et de créativité pour trouver une nouvelle forme d’organisation de lutte menant à la libération de notre peuple des chaînes de l’impérialisme et de ses courroies internes de transmission que sont les pratiques politiques néfastes des acteurs locaux. Ne nous limitons pas au départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Organisons-nous et battons-nous pour mettre à la tête du pays des responsables capables, avec le peuple, de concevoir, d’organiser et de réaliser l’avènement de Mali Koura.

Diatrou Diakité

Coordinateur Intérimaire d’Espoir Mali Koura

Source: Le Matin- Mali
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