Dans mon précédent article, j’évoquais les conséquences judiciaires auxquelles devaient faire face les combattants terroristes lorsqu’ils étaient abandonnés par leurs chefs. Si cette perspective est loin d’être reluisante, ce n’est pas la pire.
Après avoir purgé leur lourde peine dans les prisons maliennes, c’est le moment tant attendu du retour dans la communauté. Les combattants terroristes qui reviennent sur leurs terres ne sont pas accueillis les bras ouverts, bien au contraire. L’accueil qui leur est réservé est glacial, agressif et parfois extrêmement brutal. Ne soyons pas surpris par de telles réactions de la part d’hommes et de femmes qui se retrouvent confrontés à des pères, des frères et des fils qui ont semé l’horreur et la désolation aux côtés des organisations terroristes. Les tueries, les exactions et les attentats auxquels ils ont pris part jettent durablement l’opprobre et la honte sur l’ensemble la communauté.
Hier, ces terroristes étaient fiers de porter les armes contre leurs frères maliens, aujourd’hui ils sont la honte de leur famille et de leur village, ils sont devenus des renégats. Longtemps absents pour servir les intérêts des chefs terroristes, ils se sont dérobés à leur premier devoir : la solidarité envers leur communauté.
Qui était là, auprès de leur communauté, pendant qu’ils semaient la mort et cultivaient l’infamie ? Qui était là pour aider leurs parents, pour soutenir leurs femmes et pour guider leurs enfants ? Embrigadés pour tuer, ils n’étaient pas là pour participer aux célébrations de leur communauté, à ces moments de joie et de bonheur qui soudent, pour toujours, les habitants d’un village. Ils n’étaient pas là non plus pour apporter leur soutien dans les moments difficiles. Pour eux, ces moments de cohésion et de partage sont irrémédiablement perdus.
Hier, ils paradaient sur leurs motos, aujourd’hui ils sont frappés par l’ignominie. Ils se soustraient honteusement à la vue de leurs compatriotes. Après la prison, ces combattants terroristes font face à la peine la plus terrible : le rejet de leur communauté. Quand les chefs terroristes les abandonnent, les parias restent livrés à leur funeste sort.
Idrissa Khalou
@IKhalou