L’accord dit d’Alger pour la Paix et la Réconciliation signé le 15 mai 2015 à Bamako par le gouvernement du Mali et un certain nombre de groupes armés, puis paraphé et signé le 20 juin 2015 par la coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) n’a rien laissé au hasard dans son contenu.
En effet, l’appellation AZAWAD a fait l’objet de beaucoup de critiques lors des débats en Algérie.Elle a tout de même été retenue provisoirement dans le document de l’Accord en attendant la tenue d’une conférence d’Entente Nationale avec le soutien du comité de Suivi et sur la base d’une représentation équitable des parties .Autrement dit les différents groupes à savoir le gouvernement, le MNLA ,le HCUA, laPlateforme ,le GATIA , Le MAA Pro-malien et le MAA Pro –MNLA… auront le même nombre de représentants au cours du forum . Il faut noter tout de même que l’Etat ne représentera pas grand-chose au cours des échanges. Son poids sera minime par rapport aux acteurs de la crise. La particularité de cette conférence ce que l’Etat central joue à égalité avec les groupes armés une exigence de la communauté Internationale. L’Etat central ne doit pas tomber dans le piège de la communauté internationale en acceptant le terme AZAWAD durant les discussions qui s’apparentent plutôt à un fait accompli. Dès l’instant où l’esprit de l’article 5 de l’accord stipule que l’appellation AZAWAD recouvre une réalité socioculturelle, géographique et symbolique partagée par différentes populations du Nord-Mali, il devra refléter donc selon les termes de l’accord une réalité humaine et la base du consensus nécessaire dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien. Le gouvernement a sous-traité la rédaction de l’accord et la souveraineté du Mali à Alger ce qui a abouti à la signature de l’accord. A propos du dit accord, le gouvernement s’est précipité à le signer avant même la CMA en affirmant à hua et dia qu’il n’ya pas d’accord parfait. Le régime d’IBK est obligé de s’assumer désormais, même contre les intérêts du Mali, après la signature de l’accord qui contient plusieurs actes qui ne riment pas forcement avec les intérêts de l’Etat du Mali. Rien ne s’opposera donc à l’acceptation de l’appellation AZAWAD lors du Forum de Kidal qui se tiendra du 21 au 30 mars 2016 sous l’égide du premier Ministre Modibo Keita. Ainsi par la frilosité et la faiblesse du régime d’IBK, l’appellation AZAWAD, telle que revendiquée par le MNLA sera maintenue même s’il ne peut se prévaloir d’un quelconque fondement géographique et ou historique. En effet, il n’y a jamais eu de royaume ou d’empire « AZAWAD » .Il s’agit tout simplement d’une construction politique visant à légitimer territorialement une revendication politique séparatiste et indépendantiste. Toute chose qui a obligé le MNLA à revendiquer un bout de terre sans laquelle les revendications n’auraient aucun sens .Comme le dit un géographe : « la géographie, ça sert à faire la guerre ». La sémantique est un enjeu politique d’importance, c’est ce que le CMA a compris, mais pas le régime d’IBK qui devrait d’abord se poser la question suivante : Comment le MNLA peut-il revendiquer le territoire AZAWAD qui est occupé par des Songoyes, des soninkés, des arabes et des peulhs ? Mais le vin est tiré, il faut le boire !
Alassane Traoré
Source: CARREFOUR