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Le directeur général adjoint de la police nationale, le commissaire divisionnaire Mamadou Z Sidibé : ” Il y a des appareils que les policiers ne voyaient qu’à la télé et qui aujourd’hui sont à leur disposition pour travailler”

Dans une interview qu’il nous a accordée, le directeur général adjoint de la police nationale, le commissaire divisionnaire Mamadou Z Sidibé, s’est prononcé sur les questions relatives à la sécurité, les mesures prises pour lutter contre l’insécurité, les missions de la police nationale, la cohabitation entre les autres forces de sécurité, la collaboration entre la police et la population, entre autres sujets de grand intérêt pour les populationsAujourd’hui : Comment la police malienne se porte-t-elle ?

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Mamadou Z Sidibé : Aujourd’hui, la police nationale du Mali se porte très bien, dans la mesure où de plus en plus, elle est en train de retrouver sa vitalité, son efficacité. Aussi, de plus en plus, elle devient professionnelle et fait beaucoup de résultats. Donc, en fonction de ces paramètres-là, la police nationale se porte bien.

Mahamadou sidibe directeur regional adjoint police national malienne siaka Cheickne Magassouba commandant gms patrouille pieds ville bamako

Quelles sont les difficultés auxquelles la police nationale est confrontée ?

En termes de difficultés, nous pouvons dire que l’incompréhension des missions de la police par les populations persiste encore. Il y a bon nombre de nos citoyens qui font de l’amalgame quand il s’agit des missions de la police. Cela constitue la difficulté majeure car la police n’est pas bien comprise dans ses missions et même dans ses comportements.

Les missions de la police sont nombreuses et transversales. La première, c’est la sécurité publique. Celle-ci comporte quatre segments essentiels. Nous avons la sécurité publique elle-même et c’est ce que vous voyez à travers les patrouilles, les maintiens d’ordre. Cette sécurité publique là, c’est la protection des personnes et de leurs biens. Il y a ce que nous appelons la sureté qui est la protection des Institutions, de l’État et des biens de celui-ci. Cela, c’est la sureté en terme policier.

Parmi, les missions de la police, nous avons également la tranquillité publique. Par exemple, c’est cette sécurité qui permet au journaliste, après une journée très mouvementée, de pouvoir dormir à 21 heures ou à 22 heures s’il le veut. S’il n’y a pas la tranquillité, cela peut poser de graves troubles de voisinage. À titre d’exemple, cela peut paraitre banal, mais au fond cela peut dégénérer. Aussi, il y a la salubrité, c’est à travers ce segment que nous parlons du droit de la protection de la santé et de l’hygiène publiques. Vous comprenez que ces quatre segments de la sécurité publique touchent plusieurs domaines de la vie de l’État. C’est pourquoi nous disons que les missions de la police sont des missions transversales. Donc, celles-ci sont des missions essentielles et se retrouvent dans l’architecture de la police nationale. C’est pourquoi nous avons la Direction de la sécurité publique. Cette direction s’occupe de la sécurité publique. Et cette direction est axée sur la sécurité de chaque citoyen et des biens.

Nous avons une Direction des renseignements généraux qui s’occupe du volet sureté intervenant à 90 % dans la sureté qui protège, bien que l’on ne le voit pas, mais c’est un service incontournable. C’est un service hyper efficace aujourd’hui au Mali. Il y a la direction de la police des frontières. Cette dernière fait la sécurité et la sureté à travers des filtres pour éviter que les bandits ne rentrent et ne sortent. Elle fait de la sureté parce qu’elle renseigne et indique en avant depuis les frontières. Elle cherche à savoir qui est qui, qui peut faire quoi, où elle va loger…

Nous avons la Direction du personnel, des finances et du matériel. C’est l’administration de la police. Elle gère le personnel au plan administratif et les finances. Enfin, nous avons la Direction de la police judiciaire chargée des enquêtes judiciaires, des recherches afin de répondre aux demandes de la justice. C’est elle qui est chargée de traquer les bandits. Il s’agit des bandits qui tuent et aussi des bandits à col blanc. Nous avons également le service de transmission et des télécommunications en soutien aux autres services, ainsi que l’existence du service des affaires sociales. Autres missions, nous informons les autorités à travers des informations données à temps et biens filtrées.

. Autres difficultés, cela peut être l’air du temps comme on le dit. Actuellement, le Mali ne vit pas en vase clos, mais dans un monde où les comportements ont changé ainsi que les actes de banditisme qui ont également évolué. C’est un contexte où le terrorisme est en train de durcir le ton et qui vient de plus en plus vers notre partie du monde. Toute chose qui nous était inconnue. Parmi les difficultés, il y a la montée de la violence religieuse. Et cela nous pose énormément de problème car sa gestion est plus compliquée.

Le corolaire de la démocratie constitue également l’une des difficultés à travers les mouvements de masse, les manifestations. La gestion des manifestations est de plus en plus difficile pour la police nationale. Pour cela, il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous devons revoir nos habitudes, notre manière de faire d’antan. Nous souffrons du problème de comportement de nos citoyens, de l’évolution du banditisme à travers le monde et de la globalisation. Tout ceci fait que la police malienne, ainsi que toutes les polices du monde entier, font face à de nouvelles formes de criminalité que nous n’avons pas nous-mêmes fini d’étudier pour mieux les cerner afin de mieux les combattre.

 Quelles sont exactement les missions de la police nationale ?

Pouvez-vous nous parler sur la participation de la police dans la lutte contre l’insécurité ?

D’abord, au niveau national, la police malienne concourt avec d’autres forces à la lutte contre l’insécurité comme la Gendarmerie nationale, la Garde nationale et même la Protection civile maintenant. Donc, elles concourent toutes d’une manière ou d’une autre à la lutte contre l’insécurité. Notre participation se fait sentir dans la capitale, c’est la police qui définit au préalable les zones criminogènes et les zones à fouiller. En fonction de ces données, nous demandons l’aide des autres forces qui viennent nous appuyer pour que nous réussissions la mission. Pour les renseignements, nous sommes à l’avant-garde de la lutte contre l’insécurité. La police est la force première de lutte contre l’insécurité partout, de tout temps et en tout lieu. Maintenant, il y a les autres forces sans lesquelles la police ne peut pas réussir ses missions. Bien qu’elles viennent en appoint, elles sont essentielles et leur aide est capitale pour la réussite des missions de la police.

Au plan international, à travers le bureau central national d’Interpol, la police intervient dans la protection de notre planète. À travers l’Interpol, la police malienne fournit des renseignements qu’elle a en sa possession sur les différents réseaux criminels. Ensuite, à travers la coopération policière, la police malienne procède à des arrestations des bandits de grand chemin pour les remettre à leur pays d’origine ou au pays demandeur. Pour avoir un monde plus sûr, la police malienne est à l’avant-garde de la lutte, en concert avec la police des autres pays du monde.

Quelles sont les actions majeures que vous avez posées dans le cadre de la lutte contre l’insécurité ?

Actuellement, les actions majeures que nous avons posées, c’est le quadrillage de la ville de Bamako à travers la présence des forces de police dans tous les grands carrefours de la capitale que nous avons appelé des postes de police secours (PS). L’idée c’est de rapprocher les forces de police autant que possible des lieux d’intervention. À chaque fois que le numéro de police secours 30 331 est composé, nous trouvons tout de suite une force à proximité de l’endroit et cela réduit considérablement le temps d’intervention et permet plus d’efficacité. Les PS sont des véhicules stationnés au niveau des points sensibles de la ville où il y a au minimum quatre à cinq policiers, tous en arme, prêts à foncer lors qu’ils sont avisés à temps.

Une deuxième mesure, c’est les patrouilles pédestres (patrouilles à pieds), dans la ville de Bamako. Quand nous prenons vingt policiers pour les quinze commissariats, tous dédiés pour les patrouilles pédestres dans la capitale, je pense que cela n’est pas peu et c’est rassurant.

Dans les patrouilles pédestres, nous voyons de jeunes policiers en arme qui marchent d’un secteur à un autre, d’abord pour dissuader, mais aussi pour intervenir immédiatement en cas de besoin. Donc, ce ne sont pas des patrouilles tape-à-l’œil, ce sont des patrouilles très sérieuses. Si malgré la dissuasion quelqu’un décide de passer à l’acte, ces policiers réagissent immédiatement. Autres mesures, depuis quelque temps, c’est que nous organisions des patrouilles à outrance toutes les nuits à travers toute la ville de Bamako. Ce sont des patrouilles motorisées pour permettre aux policiers d’être présents là où il le faut, quand il le faut. Donc, celles-ci sont des mesures concrètes pour nous permettre de réagir à temps.

Comment se porte la cohabitation avec les autres corps lors des interventions ?

La cohabitation avec les autres corps se porte à merveille parce qu’il faut avouer que grâce au tact et au savoir-faire du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de brigade Salif Traoré, les différents corps arrivent à évoluer ensemble et à s’accepter dans un même dispositif, pour une même mission. Cela est vraiment à saluer. J’avoue que de plus en plus, les forces (la police nationale, la gendarmerie nationale et la garde nationale) arrivent à travailler ensemble surtout lorsqu’il s’agit de lutter contre les crimes graves. Donc, je salue franchement la cohabitation et le partenariat avec les autres corps.

Comment appréciez-vous le niveau d’équipement de la police ?

Sur le plan de l’équipement, nous ne nous plaignons pas. Bien sûr que nous ne pouvons jamais en avoir suffisamment. Sinon, les équipements que nous avons reçus de 2013 à aujourd’hui, nous n’avions pas reçu autant de l’indépendance à 2013. À titre illustratif, il y a des appareils que les policiers ne voyaient qu’à la télé et qui aujourd’hui sont à leur disposition pour travailler. Nous pouvons nous réjouir lorsque nous voyons des policiers maliens manipuler les robots de déminage ainsi que certains engins blindés. Franchement, en termes d’équipements, nous ne pouvons pas nous plaindre, mais si nous en avons encore, nous le voudrons volontiers. Ainsi, tous les commissariats de Bamako sont dotés d’au moins quatre véhicules. Ce qui était inimaginable, il y a peu. À ce niveau encore, nous n’avons vraiment pas de souci. Et les cadres qui travaillent à la tête de ces forces de sécurité, c’est aussi l’air du temps, ont appris le leadership, le management. Donc, ils s’appuient sur le principe d’un personnel motivé, un équipement performant et un commandement qui sait faire avec son personnel. J’avoue qu’avec cela, le résultat ne peut qu’être satisfaisant. Mais tout cela est annihilé si la population ne considère pas la sécurité comme son affaire. Ce qui nous manque, c’est la collaboration de la population. Il s’agit de toutes les couches sociales, confessionnelles et communautaires du pays.

Quel est le niveau du maillage territorial de la police malienne ?

Actuellement, la police nationale est présente partout où elle doit être et le reste est à venir. En plus des unités existantes, nous avons pu créer les commissariats d’Ansongo, de Ménaka, de Kalabancoro, de Sotuba, de Kati Hérémakono. Celui de Kolondiéba est en cours et le commissariat de l’Hippodrome est en projet. D’ici cinq ans surtout, avec l’adoption de la Loi de la programmation de la sécurité intérieure, tous les cercles du Mali auront leur commissariat afin d’avoir le maillage plus efficace et le plus large que possible. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un maillage large, mais avoir un maillage efficace. Être présent d’accord, mais être présent pour faire son boulot c’est encore mieux.

Avez-vous suffisamment d’hommes pour relever ce défi ?

Avec le recrutement de 2 200 policiers l’année dernière, le recrutement que nous venons de lancer 750 éléments et avec la prévision contenue dans la Loi de programmation, nous pouvons dire que l’effectif actuel peut nous permettre de nous déployer partout où nous avons envie de l’être. Donc, nous pouvons nous projeter dans l’espace sur le territoire malien. Nous avons tellement de commissariats en projet qu’il faut que l’effectif suive. En parlant d’effectif, je profite pour féliciter et remercier les plus hautes autorités de notre pays pour avoir considérablement amélioré les conditions de vie des policiers, à travers l’adoption des textes relatifs à certaines indemnités, la revue à la hausse du traitement salarial des policiers. La protection et la garantie que les policiers ont, pour être soutenus par l’État chaque fois qu’ils en ont besoin, sont des motifs permettant de relever le moral des éléments.

Quel est le taux de la criminalité au Mali ?

La criminalité est un phénomène qui reprend du chemin lorsqu’on l’oublie. Avec la porosité des frontières, c’est très difficile de combattre la criminalité. Donc, nous ne pouvons pas aujourd’hui dire que nous sommes à tel niveau, mais encore une fois nous en appelons à la collaboration de la population. Nous pouvons appeler à un changement de comportement car nous pouvons faire des choses, il y a vingt ans, mais nous sommes dans un monde où les personnes n’ont pas de frontière. Ainsi, tous les jours que Dieu fait, nous découvrons un nouveau type de banditisme.

Quel appel avez-vous à lancer à la population malienne ?

La population doit toujours avoir à l’esprit que la police est là pour elle. La police n’existe que parce qu’il y a la population. Elle doit comprendre que la police lui appartient. C’est la police de la population d’abord. Et nous sommes là au service de la population. Nous demandons seulement à être sollicités, à être informés à temps. Bien sûr qu’il y a des erreurs ainsi que des personnes au sein de la police qui ont des comportements qui énervent, mais cela n’est lié ni à l’Institution de la police ni à la formation que la police donne. Mais ces comportements sont liés à la personne même de l’individu. La police donne la formation professionnelle, mais tout le monde vient à la police avec sa formation de base et familiale. Nous voudrons que la population comprenne que la police peut se tromper, la police peut faire des erreurs, mais ce n’est jamais de façon consciente. C’est dans l’intention de toujours mieux faire et mieux servir la population que nous allons nous tromper et c’est sûr que nous allons nous tromper parce que nous sommes des humains. Les policiers qui font mal exprès, il y a toujours des mesures qui seront prises pour les rappeler à l’ordre ou pour les sanctionner conformément aux textes. C’est cet appel que je voudrais vraiment lancer à la population malienne. Aussi, nous avons placé la journée du 4 octobre sous le signe de la police de proximité. Nous avons dit la police nationale avec la population, main dans la main pour une cité sûre et paisible. Il faut que le Mali soit sûr et devienne un Mali de paix. Vous savez, le premier nom du policier c’était le gardien de la paix. C’est pourquoi nous avons dénommé notre journal, le gardien de la paix. Nous sommes là pour la population, qu’elle nous sollicite et qu’elle nous rectifie lorsque nous nous trompons.

Propos recueillis par  Boubacar PAÏTAO                   

 

Par Aujourd’hui-Mali

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