Sébastien Chadaud-Pétronin, restaurateur français installé dans le Jura, se débat dans les intrications géopolitiques complexes du nord du Mali pour sauver sa mère, détenue depuis deux ans par un groupe djihadiste. Au fil des jours, l’espoir se fait de plus en plus ténu
Sébastien Chadaud-Pétronin a eu plusieurs vies: le Français a été fabricant de skis, dessinateur en génie civil, a élevé des brebis en Ardèche avec sa femme avant que le couple ne reprenne le restaurant L’Inter, à Porrentruy (JU). A son parcours bigarré, il a dû ajouter une occupation dont il se serait bien passé: négociateur improvisé de prise d’otage.
Sa mère, Sophie Pétronin, 73 ans, a consacré sa vie à une association qui vient en aide aux enfants orphelins de Gao, ville du nord du Mali. Elle y a été enlevée le 24 décembre 2016 par un groupe djihadiste. Malgré les recommandations du Ministère français des affaires étrangères, Sébastien n’a pas hésité: il a sauté dans un avion et s’est lancé dans ce guêpier fait de groupes armés insaisissables, de trafiquants en tout genre, d’Etats et de fonctionnaires corrompus. En toile de fond de cet imbroglio géopolitique invraisemblable, un chef d’orchestre qui tente de contrôler cette cacophonie: l’Etat français.
Le soir du réveillon de Noël, cela fera deux ans que sa mère est détenue quelque part dans les immensités du Sahel. Deux ans que les ravisseurs envoient des vidéos intimant Paris de négocier, tandis que Sébastien tente d’ouvrir des canaux de pourparlers, de comprendre ce qui se passe, de savoir qui détient réellement Sophie Pétronin. Il multiplie les voyages au Mali et dans les pays avoisinants à la recherche d’informations, noue des contacts sur place. Le Quai d’Orsay juge d’un mauvais œil cet amateur qui se mêle au jeu délicat de la négociation. Il lui fait comprendre à maintes reprises qu’il doit rester à l’écart.
Un film d’espionnage
Mais Sébastien n’en démord pas, plongé dans un entre-deux malaisé, entre des «personnes peu fréquentables» et des services de renseignement qui poursuivent des objectifs plus vastes que la libération de sa mère. Il raconte avoir été suivi par des agents d’un pays africain, alors qu’il devait rencontrer une personne en secret. «J’ai dû les semer en courant dans des rues adjacentes, me cacher dans une échoppe. Le genre de choses qu’on voit à la télé, mais qu’on n’a pas envie de vivre en vrai.»
Source: letemps