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. Le Colonel Hama Maïga lors de la conférence de l’Association ADEMA : «Les centres de formation des agents de sécurité sont un spectacle de bandits»

Deux officiers supérieurs à la retraite, experts des questions de sécurité, ont fait un diagnostic sans complaisance des causes de l’insécurité grandissante au Mali et proposé leurs solutions. Il s’agit de l’Inspecteur général de police à la retraite Anatole Sangaré et du Colonel de gendarmerie à la retraite Hama Maïga.

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C’était au cours d’une conférence initiée par l’Association ADEMA le samedi 25 avril à la Pyramide du Souvenir. Forts de leur riche expérience et de leur expertise dans ce domaine, ils ont fait l’état des lieux de la Police nationale et abordé les enjeux et les défis de la situation sécuritaire au Mali.

Abordant les recrutements dans les forces de sécurité du Mali, le Colonel Hama Maïga a déploré une réalité discriminatoire: «le fils du gendarme devient gendarme, le fils du policier devient policier. Le résultat est ce qu’on a aujourd’hui». Avant de faire savoir qu’à la création des forces de sécurité, à l’Indépendance, le recrutement se faisait dans les forces armées parmi les engagés ayant terminé leur service.

Mais, depuis la loi Lamine Guèye, le recrutement direct était autorisé au Soudan en 1956 et le recrutement normal en 1957. Depuis, selon lui, plusieurs promotions se sont succédé, par concours direct ou sur titre pour ceux ayant des diplômes supérieurs (DEF au départ –Bac actuellement). Il a également déploré que, malheureusement, depuis quelques années, la politique se soit immiscée dans le recrutement, à travers l’allocation de quotas (à la Présidence, l’Assemblée Nationale,  le Gouvernement) et par l’intégration d’éléments des mouvements armés  du nord  ne répondant pas aux critères de recrutement.

C’est pourquoi il a souligné la nécessité de moraliser le recrutement. Aussi, il a souhaité réduire, ou à défaut espacer, le recrutement du personnel féminin dans les unités combattantes des forces de sécurité. S’agissant de la formation de nos agents de sécurité, il a attiré l’attention de l’auditoire sur le fait que nos centres de formation sont devenus un spectacle de bandits.

«Il n’y a plus de terrain d’entrainement, plus de champ de tir. Le nombre des agents a augmenté mais les casernes sont restées les mêmes. A défaut de délocaliser les casernes, il faut créer des sites d’entrainement dans les zones difficiles où les hommes doivent évoluer. Je prends par exemple Nampala ou Gossi, où ils peuvent s’habituer au terrain. Il faut que les forces se familiarisent avec le milieu», a-t-il déclaré, poursuivant qu’il n’était pas rare de voir la clameur publique derrière un gendarme ou un policier pour vol.

Ce qui était, selon lui, impossible avant, à cause du serment. C’est pourquoi il a invité l’ensemble des forces à son respect. Face aux défis, multiples comme par le passé, il a indiqué que l’Etat devait accepter de mettre les moyens nécessaires à la disposition des forces de sécurité.

Aujourd’hui, il noté l’urgence de créer un climat de confiance mutuelle, au regard de tout ce qui se passe actuellement dans nos campagnes et villes. Cela ne peut se faire, selon lui, que par l’information, la sensibilisation, la formation et le changement de comportement, avec l’implication des élus et leaders politiques, religieux et communautaires, même si certains ont entretenu cette méfiance.

Selon lui, les forces de sécurité, depuis l’Indépendance, ont joué le rôle de police communale, à savoir: «contrôle de vignettes, réglementation de la circulation, récupération de taxes et impôts. Compte tenu du contexte sociopolitique actuel, il est impératif d’impliquer les populations dans la gouvernance de la sécurité, par la création de cellules de veille et d’alerte de la base au sommet.

Le seul remède aujourd’hui est de créer la police municipale, appelée police des collectivités territoriales dans l’accord d’Alger .Pour rétablir la confiance, il faut appliquer la règle: prévention, éducation, renseignement, secours, répression».

Auparavant, l’Inspecteur général de police Anatole Sangaré avait fait l’historique de la police, de l’Indépendance à nos jours, en passant en revue ses différentes mutations.

Youssouf Diallo

source :  22 Septembre

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