En Algérie, le chef de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, a suggéré mardi de mettre en application l’article 102 de la Constitution. Celui-ci permet notamment de révoquer le Président pour raisons médicales.
Le chef d’état-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, a demandé mardi 26 mars que soit engagée la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution, quand le président de la République, « pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions ».
Ce sont les deux Chambres du Parlement, qui, sur proposition du Conseil constitutionnel « réuni de plein droit », vote à la majorité des deux-tiers, « l’état d’empêchement ». Si « l’empêchement » se poursuit au-delà d’un délai de 45 jours, le pouvoir est déclaré vacant. L’intérim se poursuit alors pendant 90 jours maximum, durant lesquels une présidentielle est organisée.
Cette déclaration intervient après plus d’un mois de manifestations régulières en Algérie pour demander le départ du président Abdelaziz Bouteflika, affaibli par la maladie. Une contestation sans précédent depuis son arrivée à la tête de l’État en 1999.
Désormais, la balle est dans le camp de Abdelaziz Bouteflika lui-même, s’il choisit de démissionner, ou dans celui du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, un proche du président à qui il revient de lancer la procédure permettant de déclarer le chef de l’État inapte à exercer ses fonctions. Le Conseil constitutionnel algérien a tenu une réunion spéciale mardi soir après la demande présentée par le chef d’état-major de l’armée. Aucune information n’a été communiquée à l’issue de cette réunion.
Du côté des partis politiques, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), principale formation islamiste, a estimé que l’article 102 « ne permet[tait] pas la mise en œuvre de réformes » une fois appliqué et empêchait de futures « élections libres ». Le MSP, qui a rompu avec la majorité présidentielle depuis 2012, a appelé l’armée à « se contenter d’accompagner la classe politique dans la recherche d’une solution ».
Ali Benflis, ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika [de 2000 à 2003] devenu l’un de ses principaux opposants, a salué l’ »engagement » de l’armée à trouver une solution satisfaisant « les revendications légitimes » du peuple algérien, mais a averti que « la mise en œuvre de l’article 102 » ne pouvait régler seule la crise.
Le Front des Forces socialistes, plus ancien parti d’opposition, a dénoncé « un coup de force contre la volonté populaire […] à savoir le départ du système et de ses hommes, et pas seulement du chef de l’État ».
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