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Le Centre de Formation en Entrepreneuriat Agricole de Baguineda (CFEAB) : Un poste avancé d’AJA-Mali dans sa lutte conte le chômage et la pauvreté au Mali

Une journée passée à Sinkoro-Coura permet de mesurer l’importance stratégique du CFEAB dans le dispositif de lutte contre le chômage et la pauvreté au Mali

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« Un Mali sans chômeur». Ce n’est pas slogan creux. C’est plutôt le cri de ralliement de l’Association Jeunesse Action Mali, plus connue sous son sigle d’AJA-Mali, dans sa croisade contre le chômage et la pauvreté au Mali. Loin d’être un rêve d’utopiste, c’est une vision empreinte de réalisme au regard des énormes potentialités dont jouit notre pays dans pratiquement tous les domaines. Notamment les ressources agro-sylvo-pastorales et l’artisanat qui est un gigantesque gisement d’emplois non encore exploité. Forte de ce constat et consciente de ces avantages comparatifs incomparables, AJA-Mali s’est, depuis, lancée à l’assaut de ce mal du siècle qu’est le chômage. Dans cette lutte héroïque, l’un des fers de lance qu’AJA détient entre ses mains est, sans doute, le Centre de Formation en Entrepreneuriat Agricole de Baguineda. Le choix de Baguineda se justifie, selon le gestionnaire du Centre, Aly Sioro, par l’existence d’un immense espace et d’un grand potentiel agro-pastoral.

Le Centre se situe dans la commune rurale de Baguineda, précisément dans le village de Sinkoro-Coura    environ à 13 kilomètres de Baguineda et à 48 kilomètres de Bamako. Il a vu le jour en 2010 grâce à un soutien financier de la Fondation Argudus suisse, l’ONG Carrefour International du Canada et la Principauté de Monaco. Le Centre s’étend sur 11 hectares. En guise d’infrastructures, il comprend notamment 3 salles de classe d’une capacité de 30 places chacune, 2 blocs dortoirs d’une capacité de 16 lits pour les apprenants, une case ronde de 8 chambres située au milieu de la cour qui sert de dortoir pour les formateurs, un restaurant, une salle de direction, un atelier d’équipements agricoles, un espace maraîcher de 3 hectares, un espace d’arboriculture de 2 hectares, un espace cultivable pour les produits céréaliers de 4 hectares, 2 bassins piscicoles, un bosquet naturel où le Centre pratique l’apiculture. S’y ajoutent une cellule de transformation alimentaire, une unité d’énergie solaire où le Centre forme des jeunes dans l’installation et la réparation des équipements solaires, un forage équipé de panneaux solaires, 2 puits à grand diamètre et 3 bassins d’irrigation avec une capacité de 9 m3 par bassin.

Les domaines de formation vont de l’aviculture à la transformation alimentaire en passant par l’énergie solaire, la fabrication des équipements agricoles, l’élevage, le maraîchage, la restauration. La visite de l’atelier de fabrication et de l’aire d’exposition des matériels agricole,  en compagnie de Marin, jeune ingénieur sorti de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs (ENI) spécialisé dans la conception mécanique et responsable technique de l’atelier, a été des plus instructives. Des machines-outils assez élémentaires (tour mécanique, meuleuse électrique, perceuse à colonne, rouleuse manuelle, cisaille, scie mécanique…) permettent à une demi-douzaine de techniciens, de fabriquer une vingtaine de types de matériels agricoles-pré et post-récoltes- avec ou sans moteur sous la supervision du jeune ingénieur Marin, de véritables merveilles technologiques au regard de la modicité des moyens. On peut citer, pêle-mêle, décortiqueuses de céréales (riz, maïs) pompe manuelle à eau, batteuses de maïs et de riz, broyeur mélangeur intégré (BMI) d’aliment pour volaille munis de 2 moteurs et vendu à 3 millions de FCFA, moulin à aliment volaille, décortiqueuse manuelle d’arachide, semoir à traction animale, charrue TM (Tropical Malien) herse, four à pain fonctionnant au gaz, machine à laver manuelle, charrette à traction asine vendue à 150 000 FCFA et, cerise sur le gâteau, plate-forme pour transformation du karité (décortiqueuse et broyeur). Le broyage permet d’obtenir soit de la pâte pour la production du beurre ou de la farine pour la production de…l’huile de karité grâce à une presse fabriquée également par le Centre.

On comprend aisément pourquoi la première dame, Mme Kéïta Aminata Maïga, qui a visité le Centre le 18 septembre dernier en compagnie du ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, était littéralement émerveillée par le savoir-faire, l’ingéniosité, l’esprit d’innovation et le fighting spirit des jeunes qui l’animent. Ces jeunes continuent de voir grand et espèrent bien, avec l’acquisition prochaine de machines-outils plus performantes, fabriquer de nouveaux matériels comme des machines pour la production d’aliment-bétail et en perfectionner d’autres.

L’ambition d’AJA-Mali en venant à Baguineda était claire : utiliser les immenses potentialités agricoles du milieu pour diminuer le sous-emploi ou même le chômage des jeunes ruraux et stopper l’exode des bras valides en les amenant, par le truchement de la formation, à s’auto-employer et même à employer d’autres jeunes ruraux . L’objectif est en partie atteint car, à en croire Baba Diarra, Chargé de Programme à AJA-Mali, à ce jour, 232 jeunes sont formés sur lesquels 200 sont insérés et l’espoir est de mise si l’on sait que l’aventure n’est qu’à ses tout débuts. La formation n’est pas seulement technique et professionnelle, l’autre volet étant la formation à l’entrepreneuriat le tout débouchant sur l’insertion.

Pour devenir entrepreneur agricole, plusieurs étapes sont à franchir : identification des filières d’auto-emploi disponibles localement, élaboration de programmes de formation en fonction du public cible, action formation à la production, stages pratiques des jeunes, formation à la comptabilité, marketing, épargne, élaboration de plans d’affaires, financement en crédit, aide à trouver des crédits au niveau des systèmes financiers décentralisés, accompagnement à la production…

Intégration entre les différents volets, économie solidaire, durabilité, des concepts qui sont très chers à AJA-Mali et qui sont strictement appliqués au Centre de formation de Baguineda. Au nom du dernier principe, 30% d’autofinancement sont réalisés sur les prestations et 70% sur les activités agro-pastorales et artisanat intégrés. S’agissant de l’économie solidaire, n’oublions jamais que le public privilégié d’AJA-Mali se recrute parmi les jeunes déscolarisés, non scolarisés et non orientés du DEF.

L’ambition d’AJA-Mali, qui travaille en partenariat avec le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle à travers la direction de la formation professionnelle, c’est de vulgariser les équipements et travailler aussi avec les Coopératives via l’Assemblée des Chambres d’Agriculture. Actuellement, AJA-Mali  échange activement avec le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle en vue de trouver les voies et moyens idoines pour multiplier, à travers tout le Mali, l’expérience des Centres de formation en entrepreneuriat agricole.

 

Y D

SOURCE: 22 Septembre  du   17 nov 2014.
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