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Le camp Sanogo menace «Nous sommes prêts à tout déballer…» «Le juge Karembé était membre du CNRDRE, donc…» – «Ils étaient 16 magistrats logés, nourris, et payés par le CNRDRE» – «Nous avons des enregistrements audio et visuels des hommes politiques et…»

Contrairement au lieutenant Mohamed Coulibaly (Maliba N°… du lundi…), lui,  a requis l’anonymat, du moins, pour l’instant, a-t-il précisé. Il est officier de l’armée malienne et membre du désormais défunt CNRDRE et,  par conséquent, proche, très, très proche du Général Sanogo. A-t-il obtenu  la bénédiction de ce dernier en prélude à cette sortie musclée? Nous n’en doutions point ! Ses révélations sont, en tout état de cause,  toutes autant précises que gravissimes… Il explique, du coup, les motivations du Général Sanogo à vouloir récuser le juge Karembé en charge de son dossier au niveau du tribunal de la commune III.  Chantage ou légitime défense ? Nous nous sommes contentés d’écouter. Entretien ! 

 

militaires maliens kati

Des soldats maliens au camp de Kati, le 3 avril 2012 près de Bamako © AFP

De l’avis de…, enfin, appelons-le, «Colonel Soumaré» (le nom et le grade sont fictifs), le juge d’instruction chargé du dossier Sanogo «est le premier magistrat à avoir rejoint les auteurs du coup d’Etat, plus précisément le 23 mars 2012 à 07 h 25 », soit le lendemain du putsch. Ils étaient au total 16 note-t-il, et «le juge Yaya Karembé reste parmi les premiers à se rendre à Kati», précise, le colonel Soumaré.

 

 

Et de poursuivre : «ils étaient tous hébergés à Kati, nourris et recevaient des perdiems journaliers payés par le capitaine Sanogo. On les a même aménagé un pied-à-terre avec tout le confort… Ils ont pris part, y compris Monsieur Yaya Karembé,  à toutes les réunions et prises de décisions au moment des faits. Les témoins sont encore vivants».

 

Admettons, mais quel rôle a donc joué M. Karembé, demandions-nous ?

 

«Il faisait office de conseiller juridique, membre à part entière de la cellule juridique du CNRDRE au même titre que deux autres magistrats militaires en plus des 15 autres civils», précise notre confident. Et d’insister :

 

 

«Nombre d’entre eux [les magistrats de la Cellule juridique du CNRDRE] ont proposé leurs services au Capitaine Sanogo en récompense du poste de ministre de la justice et promis par conséquent, de lancer un mandat d’arrêt contre ATT… »

 

 

Mais c’est sur Malick Coulibaly que Sanogo a visiblement jeté son dévolu. Non ?

 

 

«Bien entendu, signale notre interlocuteur, cette décision n’a pas été du goût de tout le monde y compris de M. Karembé».

 

 

Mais pourquoi pas lui ? Le capitaine Sanogo avait-il une raison particulière de rejeter sa candidature, avons-nous naïvement demandé ?

Assurément, «Sanogo s’est abstenu de le nommer ministre pour une raison évidente : la belle-mère du capitaine Amadou Konaré, compagnon de Haya au moment des faits, est tout simplement la sœur  de laie de sa mère [de monsieur Karembé]. Konaré étant donc un membre de la famille par alliance, il n’était pas séant de nommer Karembé à ce poste stratégique. Le capitaine lui a cependant promis un autre poste. Mais lui, voulait celui de ministre de la justice. Le capitaine a quand même joué de son influence pour le faire nommer au niveau du pole économique…»

 

Pas suffisant pour le Général Sanogo de le récuser, avons-nous insisté. Obsédé par sa volonté de nous convaincre, notre «colonel Soumaré» revient à la charge :

«Je dois aussi vous dire que l’un de ces magistrats a enlevé et séquestré à Bougouni,  le Colonel Yacou de la Garde Nationale, lequel était soupçonné d’être un des meneurs  du contrecoup d’Etat. Il l’a mis dans le coffre de son véhicule et l’a conduit à Kati chez le capitaine. Et voilà ce qu’il a dit : « capitaine, j’ai un colis pour vous ». Et quand ils se sont rapprochés de son véhicule, il a ouvert le coffre et montré l’homme qui s’y trouvait : «voici l’élément que vous recherchiez ! ». Le capitaine a rétorqué qu’il n’avait absolument rien à faire de son prisonnier ; et que l’endroit où il l’avait conduit, à savoir, le domicile du capitaine, n’était pas la gendarmerie… J’étais présent ! Les enregistrements peuvent témoigner ! C’est ainsi qu’il a transporté son colis à la Gendarmerie de Kati… Les gendarmes peuvent témoigner… Il est venu par la suite demander, en guise de récompense, un véhicule 4X4 et 10 millions F CFA ; Chose que le capitaine a refusée…».

 

Etait-ce le juge Karembé ?

 

Silence radio de notre interlocuteur. Nous persistons:

 

Mais où se trouve, en ce moment, le colonel Yacou, présumé kidnappé et séquestré par ce magistrat?

 

«Il est bel et bien vivant… Le capitaine n’a pas touché à un seul de ses cheveux !», répond le Colonel Soumaré.

 

 

Est-il prêt à témoigner ?

«Allez-le lui demander », lance-t-il  sèchement! Et d’ajouter sur le même ton :

«Sachez que pour notre part, nous avons les enregistrements des caméras cachées et de surveillance… Nous avions les  preuves de tout ce que nous avançons. Beaucoup d’hommes politiques sont passés à Kati… Vous savez, le Général est aujourd’hui dégoûté du genre humain ! Mais, ce sera désormais coup pour coup… Nous sommes prêts à riposter…, à étaler sur la place publique tout ce qui s’est passé à Kati. Et je vous fais une confidence : même s’il arrivait aujourd’hui un «accident» au Général Sanogo, toutes les dispositions sont prises pour tout déballer dans la presse nationale et étrangère… Nous sommes prêts ! Nous avons des enregistrements sonores et vidéos intacts et en lieux sûrs».

 

 

Mais s’il est autant sûr de lui-même, pourquoi le Général n’a-t-il pas répondu aux injonctions de la justice, avions-nous fait remarquer ?

Réponse plus nuancée et flegmatique: «le Général Sanogo est un légaliste. Il se dit prêt à répondre à la convocation de la justice mais à condition que toutes les parties respectent les règles du jeu… Mais nous constatons qu’il s’agit, à l’heure actuelle, d’un pur acharnement sur sa personne… Pourquoi ne le laissent-ils pas tranquille ? Il n’occupe aucune fonction et n’aspire pas à gérer quoi que ce soit ! Il ne veut être mêlé à rien ! Son seul souci,  à ce jour, est que le problème du Nord soit définitivement résolu. C’est le seul et unique  souci qui affecte aujourd’hui  sa sérénité.  Rien d’autre ! ».

 

 

Pas le mandat d’amener ?

«Pas un mandat émanant du juge Karembé!», conclut notre «colonel Soumaré».

Entretien réalisé par B.S. Diarra

SOURCE: Maliba Info

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