Si jamais l’Union Africaine passait outre le refus de Bujumbura, elle serait considérée comme « une force d’invasion et d’occupation ». C’est ainsi la réaction, sans surprise aucune, du Burundi, qui a annoncé, ce dimanche 20 décembre 2015, qu’il n’autoriserait pas le déploiement sur son sol d’une mission de l’Union Africaine.
Dénonçant sans cesse l’immixtion de la communauté internationale dans la crise politique qui dure depuis huit mois, les autorités burundaises ont opposé un non ferme à l’initiative de l’Union Africaine, qui avait avalisé, vendredi 18 décembre, la création d’une mission militaire forte de 5 000 hommes afin d’enrayer le cycle des violences.
« Si les troupes de l’UA venaient sans l’aval du gouvernement, il s’agirait alors d’une force d’invasion et d’occupation et le gouvernement burundais se réserverait le droit d’agir en conséquences », a menacé Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint du Président Pierre Nkurunziza, ajoutant que « la résolution de l’UA ne peut pas s’appliquer automatiquement, car il faut d’abord l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU ».
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, qui a autorisé cette Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU), a donné quatre jours à Bujumbura pour accepter ce déploiement, faute de quoi, l’institution prendrait des mesures supplémentaires pour s’assurer qu’il ait lieu.
Série d’exécutions extra-judiciaires
Pour M. Karerwa, « l’UA ne peut pas imposer des troupes de maintien de la paix au Burundi, alors que le Burundi lui-même participe à de telles missions et qu’il a d’ailleurs des forces en attente pour d’autres missions. Le gouvernement du Burundi est capable d’assurer la sécurité et la protection de tous ces citoyens et de toute personne vivant sur son territoire ».
Même si le porte-parole de Nkurunziza a jouté que le Burundi garde toujours une main tendue vers la communauté internationale (…). Les deux chambres du Parlement se réuniraient lundi en Congrès extraordinaire pour débattre de la décision de l’UA », pendant ce temps, les cadavres se ramasent dans ce pays où des crimes apparentés à des exécutions extrajudiciairess’enchaînent.
La MAPROBU aura pour objectif d’éviter « La détérioration de la situation sécuritaire, de contribuer à la protection des populations civiles en danger immédiat, d’aider à créer les conditions nécessaires à la réussite d’un dialogue inter-burundais, et de faciliter la mise en œuvre de tout accord” auquel parviendraient les différentes parties ».
Pour sa part, le Conseil de sécurité avait indiqué, ce samedi 19 décembre 2015, avoir pris note avec intérêt de la création de cette mission, tout en condamnant toute forme de violence, quels que soient ses auteurs, et la persistance de l’impunité ainsi que les déclarations incendiaires des dirigeants politiques burundais.
Source: Afrik