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L’Arabie saoudite s’en prend aux djihadistes

Pour éviter le départ des djihadistes en Syrie, le roi Abdallah vient de décider que combattre à l’étranger était désormais passible d’une lourde peine de prison.

Abdullah Bin Abdul Aziz Al-Saud roi arabie saoudite king

Craignant un dangereux retour de flammes, le roi Abdallah vient d’adopter un décret qui prévoit des peines de trois à vingt ans de prison pour les Saoudiens qui participent à des conflits à l’étranger. Ce durcissement est d’abord destiné à tarir le flot des candidats à la guerre sainte en Syrie, où les ressortissants du royaume wahhabite sont les plus nombreux parmi les djihadistes qui luttent pour renverser le régime de Bachar el-Assad.

Dans le passé, l’Arabie, patrie d’un islam ultrarigoriste, a souffert du retour de ses ressortissants d’Irak après l’invasion américaine de 2003. La branche locale d’al-Qaida en avait alors profité pour perpétrer de nombreux et sanglants attentats, jurant même de faire tomber la famille régnante, qui vécut de difficiles «années de sang» entre 2003 et 2005.

Selon ce décret, les Saoudiens qui rejoignent ou soutiennent des organisations considérées comme terroristes, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, s’exposeront pour leur part à des peines allant de cinq à trente ans d’emprisonnement.

250 Saoudiens morts en Syrie

Selon une récente étude d’un service de renseignements occidental, plus de 250 Saoudiens sont morts en combattant en Syrie, sur un total d’environ 2000 ressortissants du «royaume des deux mosquées sacrées» partis renforcer les factions djihadistes liées à al-Qaida. Les auteurs de ce rapport, que Le Figaro a consulté, dénonçaient «le laisser-faire» des autorités saoudiennes à l’égard des volontaires pour le djihad, certains d’entre eux ayant été libérés de prison à condition qu’ils partent pour la Syrie. Un double jeu que dénoncent à mi-mots certains alliés occidentaux de Ryad.

Pourtant, depuis un an, les autorités multiplient les mises en garde aux Saoudiens tentés de s’engager aux côtés des rebelles syriens. Mais la tâche est rude: l’Arabie est le pays arabe le plus en pointe contre Bachar el-Assad et c’est à partir du royaume que se financent, en partie du moins, les groupes djihadistes qui bénéficient de dons de généreux donateurs privés. Sans oublier le rôle très important joué par le chef des services de renseignements saoudien, le prince Bandar Bin Sultan, dans le financement et la livraison d’armes à certains groupes rebelles syriens. Est-ce un hasard d’ailleurs? Bandar est hospitalisé depuis trois semaines aux États-Unis. Réelle maladie ou prémisse d’une éviction? Pour certains, le très actif chef des services est en disgrâce, après avoir échoué à renverser Assad, comme il s’y serait engagé auprès du roi Abdallah, il y a plus de six mois. Ces mêmes augures ajoutent que la décision du roi à l’encontre des djihadistes serait une première conséquence de l’éviction de Bandar des cercles de décision à Ryad, où la succession du monarque de 90 ans alimente les intrigues de couloirs.

 

Source: LE FIGARO

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