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L’ancien député de Bourem, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, président de la CPA à propos du débat sur l’octroi ou non d’un statut particulier pour le nord du Mali : « Evitons de nous embrigader dans des vocables comme autonomie, décentralisation, fédéralisme pour sortir de ces échanges avec un résultat satisfaisant »

Participant aux travaux de la seconde phase des pourparlers d’Alger, l’ex-député de Bourem, Ibrahim Ag Assaleh, dirige aujourd’hui la  » Coalition du peuple de l’Azawad « . Fondé en mars dernier, ce mouvement est une dissidence du MNLA. Son leader est signataire de la plateforme d’Alger qui regroupe les groupes armés favorables aux autorités maliennes.

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Dans cet entretien, il soutient qu’il faut définir un nouveau cadre pour les régions du nord du Mali. Pour lui, peu importe l’appellation qui lui sera donnée, c’est surtout le contenu qui doit être privilégié afin que tout le monde puisse y trouver son compte. Non sans rappeler que l’autonomie peut constituer un rempart contre les problèmes auxquels est confronté le septentrion de notre pays.
L’audition de la société civile a pris fin, le lundi dernier et la phase des négociations directes entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du pays va s’ouvrir dans les heures qui suivent. Dans quel état d’esprit vous l’abordez?

Nous entamons ces négociations avec un esprit serein et bien préparé parce que chacun est convaincu que l’on doit aller rapidement vers la paix. Maintenant, le débat qui commence va permettre de dessiner ce chemin qui nous mène vers cet objectif. Par conséquent, je souhaite bon vent à toutes les délégations.

On sait que le CPA (coalition du peuple de l’Azawad) est membre de la plateforme d’Alger signée le 14 juin dernier (favorable aux autorités maliennes). Selon vous, quels sont les intérêts à préserver dans cette phase cruciale des négociations inter-Maliennes ?

L’intégrité territoriale du Mali, le caractère laïc et républicain de l’Etat. Voilà ce qui est important à préserver. Maintenant tout le reste pourra être discuté. Si la volonté existe, quelles que soient les difficultés, on ne partira pas d’Alger sans un résultat. C’est le souhait de tout un chacun.

Plusieurs fois dans les débats des mots comme  » indépendance  » ou  » autonomie  » sont revenus. Ne pensez-vous pas que cela est de nature à remettre en cause les acquis obtenus jusqu’ici ?

Pour nous, l’autonomie n’est pas un concept à incriminer. Dans le contexte où nous sommes, il faut une autonomie parce que sans elle, on ne peut gérer notre propre sécurité et celle de nos enfants. La communauté internationale ne restera pas éternellement chez nous pour nous sécuriser. Nous avons besoin d’une armée très forte dans un cadre juridique sur le plan national et international pour pouvoir faire face aux menaces auxquelles nous sommes confrontés. Si vous voyez bien, aujourd’hui, le contexte a complètement changé.

Regardez le cas de l’EIIL en Irak, qui est la résultante de l’effondrement d’un Etat.

Aujourd’hui, c’est le même cas que nous vivons au Mali où l’Etat s’était complètement effondré depuis près de trois ans et il faut le reconstruire. Dire, dans ce cas de figure, que l’autonomie est un crime dans un pays comme le Mali, je pense que c’est sous-estimer l’ampleur de la situation. Parce que ce qui se passe en Irak aujourd’hui, que le Dieu nous en préserve, peut aussi arriver d’une manière plus violente chez nous.

Regardez la Libye aujourd’hui avec les groupes jihadistes et le Nigeria où Boko Haram fait régner sa loi dans plusieurs provinces. D’ailleurs, même chez nous, dans l’ »Azawad « , les jihadistes continuent de sévir. Pour faire face à cette situation, nous avons besoin d’un système de gouvernance très fort au double plan juridique et institutionnel, sur les plans économique, social, culturel et sécuritaire pour relever le défi.

Ce n’est que dans ce cas que l’on construira un grand pays qui soit à la hauteur des changements sociaux du XXIe siècle.

Comment réagissez-vous au projet de «décentralisation poussée» voire d’une régionalisation hardie que propose le gouvernement pour régler les problèmes du nord du pays ?

Je pense qu’il ne faudrait pas se cacher derrière des termes. La vision de la CPA est très claire et nous l’avons dit à tout le monde. Il est vrai que certains réclament l’autonomie ou la fédération et d’autres répondent par décentralisation ou régionalisation. Au niveau de la CPA, nous avons dit que nous souhaitons éviter les termes juridiques ou les appellations qui ont cette connotation. Nous voulons définir un contenu qui pourra faire en sorte que notre pays puisse compter dans le monde. Sur les quatre thématiques que nous avons signées à Alger, nous avions dit que si nous tombions d’accord sur l’autonomie, la décentralisation, quel que soit le terme utilisé, c’est le contenu qui nous importe le plus. Il faut qu’il soit fiable pour la paix, la sécurité et le développement économique, social, politique et institutionnel pour l’ensemble du peuple de l’  » Azawad  » et du Mali. Ceux qui posent le problème de l’appellation qui sera donné à ce statut, ce sont des gens qui ne veulent pas nous laisser avancer. J’en appelle tout le monde à la retenue et que la sagesse l’emporte sur la passion pour que nous puissions sortir de ce calvaire. Car pour nous, c’est une honte parce que le monde entier nous regarde et on n’arrive toujours pas à trouver des solutions honorables à ce problème.

J’appelle les différents acteurs de mettre du leur partout pour nous permettre d’avancer, de ne pas nous embrigader dans des appellations comme autonomie, décentralisation, fédéralisme ou autre afin que nous sortions de ces échanges avec un résultat concret qui satisfasse toutes les parties.

Réalisé par Massiré Diop

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