Accompagné d’une forte délégation, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a lancé la rentrée scolaire 2018-2019 dans la 5e région administrative. Au de parler de la concrétisation de ses engagements de transformer toutes les écoles communautaires en écoles publiques et la réouverture des établissements scolaires fermés suite à l’insécurité, le PM s’est contenté de l’identification d’un site universitaire à Bandiagara et de deux écoles qui étaient fermées. Du grand tourisme !
À l’allure d’une mission de bonnes nouvelles, le chef de l’exécutif, Soumeylou Boubèye Maïga, et une importante délégation se sont rendus dans la 5e région administrative. La mission est arrivée tôt le mardi à Mopti où elle a effectué une visite d’une journée dans le cadre de la rentrée des classes. À la tête d’une délégation composée de membres du gouvernement et de députés, il a visité plusieurs écoles et posé la première pierre de l’Université de Bandiagara.
«À l’occasion de la rentrée scolaire, j’ai rendu visite aux jeunes élèves des villages de Moussawal et Thiaboly, dans la commune rurale de Fatoma. Dans ces deux villages où les écoles étaient fermées depuis novembre 2017, j’ai constaté la réouverture des classes et j’ai procédé à la distribution de kits scolaires», a précisé le Premier ministre sur sa page Facebook. La volonté est appréciable, mais elle n’est pas à la hauteur des attentes.
Puisqu’en cette rentrée des classes, la situation des écoles reste alarmante. Au moins 750 écoles sont fermées au nord et au centre du pays et environ 2 millions d’enfants sont privés d’éducation. L’Unicef tire sur la sonnette d’alarme.
«Au moins 750 écoles ont été fermées dans l’ensemble du pays. Presque six ans depuis le début de la crise dans le Nord, et cela continue d’avoir un impact sur les enfants, notamment sur l’éducation (…) plus d’un million d’enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés», a déclaré la cheffe de l’Unicef au Mali, Lucia Elimi.
Tombouctou, Gao, Ménaka, Taoudéni, Kidal et les centres de Mopti et de Ségou sont devenus des pièges à hauts risques pour qui veut se rendre à l’école. Pour Lucia Elimi, dans ces régions, «se rendre parfois à l’école relève du défi quotidien» ; elle souligne que l’agence onusienne a déjà recensé des cas d’enseignants qui «ont fui pour ne pas être directement ciblés» par les groupes armés. Elle a, en outre, déploré «l’intimidation» dont sont victimes les communautés locales, notamment les responsables scolaires, ajoutant que ces intimidations faites par des hommes armés, qui exigent le respect d’une «idéologie religieuse stricte», ont provoqué la fermeture de plusieurs écoles.
Identifiés comme des «extrémistes» par les communautés locales, ces individus n’hésitent à imposer leur doctrine et à brûler des écoles et des structures administratives, notamment dans le centre du pays, a ajouté Lucia Elimi.
Les régions de Mopti et Kidal enregistrent le taux le plus élevé des écoles fermées. À Mopti, sur les 685 écoles de l’académie d’enseignement de la ville, environ 265 ne fonctionnent pas normalement soit un taux de 39%. L’annonce du directeur de l’académie régionale, concernant la réouverture d’environ 121 écoles, n’a pas été possible pour l’heure.
Dans le cercle de Youwarou une cinquantaine d’écoles sont toujours fermées. S’y ajoutent aussi des infrastructures et équipements incendiés par les hommes armés. Toujours dans la région de Mopti, plus de 100 écoles sont fermées dans le cercle de Douentza. Selon le directeur du CAP, seules 11 écoles dans la commune de Hombory et 14 autres dans la Commune de Koubewel Koudia pourront reprendre les activités scolaires cette année.
Vers le Nord du pays, dans la région de Tombouctou, le CAP de Niafunké compte 34 écoles fermées à ce jour. À Kidal, sur les 71 écoles que compte la région, seulement une était ouverte l’an passé. Environ 150.000 enfants sont déscolarisés ou non-scolarisés du fait de ces fermetures d’écoles.
En plus de l’insécurité, les fortes pluies diluviennes ont causé d’énormes dégâts dans plusieurs endroits du pays, notamment l’effondrement de beaucoup d’habitations au Nord. La majorité des sinistrés occupent actuellement les écoles comme refuge.
Au lieu d’évaluer la situation et annoncer des mesures urgentes, le PM s’est contenté de l’identification d’un site universitaire à Bandiagara et de deux écoles qui étaient fermées. Mieux, il ne s’est même pas exprimé sur ses engagements à transformer toutes les écoles communautaires en écoles publiques, et la réouverture des établissements scolaires fermés qui avaient suscité de l’espoir chez les communautés l’année dernière, lors d’une de ses visites à Mopti.
Zan Diarra
Soleil Hebdo