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Lancement de la PONAM : LA RÉPONSE IDOINE A UN PHÉNOMÈNE MUTANT

La migration a considérablement évolué ces dernières années. Il faut donc traiter les nouvelles menaces qu’elle fait peser sur nos compatriotes

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Aux grands maux, les grands remèdes, dit-on. Face aux dimensions tragiques prises par la migration, notre pays a élaboré une politique nationale qui prend désormais en compte les périls inédits que suscite le phénomène. Le document qui définit cette politique a été lancé mardi dernier au CICB par le ministre des Maliens de l’extérieur, le Dr. Abdrahamane Sylla, en présence de plusieurs membres du gouvernement et de nombreux invités.
L’initiative vient à point nommé. Il y a juste un mois, jour pour jour, plus de 800 personnes, parties quêter un mieux-être en Europe , ont trouvé la mort dans les eaux de la Méditerranée. Parmi les naufragés se trouvaient 184 Maliens. Le choc provoqué par cette tragédie a rappelé l’urgence de donner des réponses idoines aux questions que posent les flux toujours plus importants de migrants clandestins. Le gouvernement du Mali a choisi de prendre le taureau par les cornes en se donnant une politique nationale sur la question. Le document a été adopté en septembre dernier.
La Politique nationale de migration (PONAM) constitue un ambitieux projet de 120 milliards de francs CFA. Elle s’articule autour de deux volets essentiels, à savoir la gestion des migrations dans le cadre des normes internationales et la volonté de mettre en lien migration et développement. Tout un ensemble de mécanismes est prévu afin de favoriser l’investissement de la diaspora malienne et d’organiser la migration légale. « Les multiples enjeux dans le champ de la migration, la forte volonté politique de gestion des flux migratoires, la sécurisation des Malien de l’extérieur et leur mobilisation pour le développement du pays sont autant des raisons qui justifient l’élaboration et la mise en œuvre de la PONAM », a indiqué le ministre Sylla.
L’un des objectifs visés consiste à créer des emplois dans les principales zones d’émigration du pays afin de fixer les populations sur leur terroir d’origine. S’y ajoute la nécessité de mieux connaître la réalité des flux migratoires afin de lutter efficacement contre les migrations irrégulières. Il s’agit aussi de sécuriser davantage le séjour des Maliens de l’extérieur dans leur pays de résidence par une meilleure protection juridique et sociale ; de bonifier l’implication des mêmes Maliens dans le processus de développement national par le biais de programmes de valorisation du capital technique, scientifique, financier que représentent les émigrés et par une réduction des coûts de transferts de fonds. Il est aussi n nécessaire d’appuyer les migrants de retour afin d’assurer leur réinsertion dans le tissu économique national.
PERÇUE COMME UNE MENACE. Pour le Dr. Abdrahamane Sylla, une gestion équilibrée de la migration impose l’instauration d’une approche commune entre les partenaires des pays de départ, de transit et d’accueil. Il faut aussi avoir comme priorité la mise en œuvre de mesures concrètes et la mobilisation des ressources tant humaines que matérielles pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Le ministre s’est déclaré convaincu que mieux gérer la migration fera de cette dernière une source d’enrichissement culturel et social à travers les échanges humains et économiques.
Cependant faire de la migration une chance pour le développement passe par la lutte contre la migration clandestine, a souligné le ministre. Qui indique que les principales victimes de cette pratique sont les migrants eux-mêmes qui s’exposent à la précarité et à l’exploitation. Il s’avère donc nécessaire, a plaidé le Dr. Abdrahamane Sylla, de lutter contre la traite des êtres humains, conformément aux principes du droit international. En la matière, le Mali est résolument engagé pour optimiser l’application de la Loi N° 2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées, à mener une lutte sans merci contre les réseaux de passeurs.
Le ministre a tenu à rappeler que la migration, phénomène très ancien, a contribué fortement à la culture universelle. Facteur d’enrichissement réciproque et de rapprochement entre les peuples, elle a permis une meilleure connaissance des différences, joué un rôle appréciable dans l’acceptation des uns et des autres. Mais aujourd’hui en raison d’enjeux politiques et économiques, elle est perçue comme une menace. Elle constitue même une source potentielle de dégradation des relations entre pays nantis et pays pauvres, entre Sud et Nord. Il y a donc lieu d’aborder la problématique qu’elle représente avec gravité mais dans la sérénité. Traditionnellement pays d’échanges et de commerce, le Mali enregistre de longue date le phénomène de la migration, pratique historique et culturelle qui a connu des mutations notoires au cours des trente dernières années.
DES CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES. Estimée à plus de 4 millions de personnes, la communauté malienne vivant à l’étranger se caractérise par sa forte structuration et sa capacité de mobilisation pour les causes nationales. Les relations des Maliens de l’extérieur avec la patrie, intenses et variées, se matérialisent par des transferts de fonds importants (43 milliards de Fcfa en 2012) et de nombreuses compétences en ressources humaines. Les actions de la diaspora malienne s’inscrivent donc largement dans le cadre global du développement de notre pays. Pour optimiser les apports de la migration, l’architecture institutionnelle a connu une évolution importante dans notre pays et a abouti à la création d’un département ministériel chargé de la question en 2004.
La volonté politique de mieux défendre et protéger les Maliens de l’extérieur et leurs biens est donc bien là. Parmi les actions marquantes entreprises par nos autorités, figurent la mise en place d’un dispositif pour l’assistance humanitaire d’urgence en faveur de nos compatriotes en situation de vulnérabilité, les efforts déployés pour l’amélioration des connaissances sur le phénomène migratoire, la mise en place d’un cadre de mobilisation des associations de la société civile avec un dispositif permanent de coordination, de veille et de prévention appelée Plateforme nationale sur la gouvernance des migrations.
A l’heure où nous sommes, la migration se réalise dans des conditions aléatoires et très difficiles en raison du contexte de fermeture de frontières et de crise économique généralisée dans les pays de destination traditionnelle, a fait remarquer le ministre Sylla. Les difficultés d’accès encouragent logiquement la migration irrégulière avec ses conséquences désastreuses pour les candidats. Notre pays a multiplié les initiatives pour contrer cette tendance. Il a déployé dans les localités de grands départs une campagne de sensibilisation accrue sur les risques et les dangers des migrations irrégulières. Il a aussi accentué l’assistance apportée aux Maliens en détresse, l’appui aux migrants de retour à travers des projets de réinsertion, et la sensibilisation à travers les missions à l’étranger pour attirer les investisseurs de la diaspora vers notre pays. L’ambition avec la mise en œuvre de la PONAM est de faire notre pays un Eldorado.

M. A. TRAORÉ

source : L Essor

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