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LANCEMENT DE CAMPAGNE ELECTORALE AU STADE DU 26 MARS : IBK fait encore des mécontents

Ce dimanche 8 juillet 2018 était une journée riche en politique dans la capitale malienne, avec l’ouverture de la campagne électorale dans le cadre de la course à la présidentielle de cette année 2018. La Majorité d’un côté, l’Opposition de l’autre, employant chacune toutes les dispositions possibles pour convaincre le maximum d’électeurs en vue d’augmenter ses chances d’accéder à la magistrature suprême. Une occasion parfaite pour le journal Le pays de balader son micro dans le camp présidentiel qui était au stade du 26 mars, pour recueillir les impressions des citoyens sur le quinquennat qui s’achève.

Beaucoup de citoyens approchés ne veulent pas se prononcer sur la question, ou du moins, fuient notre micro pour des raisons de sécurité et doutent peut-être sur l’anonymat qui sera réservé dans le cadre de la diffusion de leurs propos. Mais il est important de signaler que les avis sont partagés sur la motivation réelle de la population présente au stade du 26 mars pour soutenir Ibrahim Boubacar Keita, président de la République en fin de mission.

Pour certains, c’est une mobilisation sincère envers le candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Keita. Ceux-ci sont généralement les ressortissants de Ségou et environs, de Yanfolila etc. Ils disent qu’ils ne peuvent pas se plaindre du bilan d’IBK car il a fait de belles réalisations à Ségou, mais lorsqu’il s’agit des autres secteurs, il faut lui accorder encore une chance, puisqu’il a trouvé le pays dans une situation où il n’est pas facile de tout régler en un seul mandat.

Modibo Degoga, chauffeur et habitant de Ségou, se dit très satisfait du bilan du président, parce qu’il a donné à Ségou l’image d’une ville moderne avec des goudrons et un échangeur multiforme. Nouhoum Coulibaly, gérant de parking, dira qu’il aime personnellement IBK, puisque, selon lui, IBK vaut mieux que tous les autres candidats. Le pays était dans beaucoup de difficultés à son arrivée, c’est pourquoi on doit tous le soutenir pour relever les défis.

Notre analyse se penche, après quelques interrogations, sur la conviction réelle du Malien à apporter le changement tant souhaité, quand on voit des gens qui continuent de prendre de l’argent pour soutenir un candidat. Comme le témoigne de ce conducteur de SOTRAMA, Souleymane Coulibaly, qui révèlent que « si le président et ses hommes se fient à ce monde mobilisé pour le meeting, ils vont gravement se tromper ». Car, poursuit-il, « tout le monde présent ici a reçu quelque chose pour sa présence ». Pour illustrer ses propos, il dit que les gens que lui-même a amenés des 1008 logements ont eu droit, chacun, à 1 000 FCFA. « On sait qu’ils ne sont là que pour une formalité » déclare-t-il.

Le chauffeur Coulibaly rend cette responsabilité aux proches au président. « Ils lui font croire qu’il a une popularité, alors que c’est faux ». Beaucoup de jeunes présents, au lieu de se rallier derrière celui qu’ils jugent capable de nous apporter le changement, préfèrent venir juste prendre de l’argent, même s’ils n’aiment pas le candidat. Comme le témoigne ce jeune étudiant, Souleymane Traoré : « Je suis là parce qu’on m’a promis de l’argent, donc je suis jeune, j’ai besoin d’argent et je viens. C’est tout. Sinon, sincèrement, je ne voterai pas IBK. Par ce qu’il a fait beaucoup de promesses en 2013 qu’il n’a pas tenues, je ne prendrai pas le risque de lui confier un nouveau mandat de cinq ans ». Puis le jeune continue : « Il y a même des rumeurs selon lesquelles le président aurait promis de faciliter les bons résultats pour avoir à son côté les élèves et étudiants ». Grave !  Mais la catastrophe n’est pas à ce niveau.

Après le meeting, beaucoup de ceux qui ont quitté les régions de Sikasso, Bougouni, Yanfolila, disent avoir regretté leur déplacement. Un voyage qui a pris, pour certains, deux à trois jours. Interrogés, la majorité d’entre eux dit qu’on les a utilisés pour juste remplir le stade, qu’on s’est servi d’eux comme des torchons pour les jeter après. Certains d’entre eux ne savent plus comment retourner chez eux pour s’occuper de leurs champs, après de telles absences en cet hivernage si cher à un paysan.

Yacouba Sidibé, ressortissant d’un village de la commune rurale de Mafélé, cercle de Bougouni, dit qu’ils sont venus, lui et sa délégation, grâce à l’implication de Bakary Togola, le président de l’APCAM. Il dit que le meeting était bien, mais après, on a vu que la convention autour de notre déplacement, l’hébergement et même la restauration n’a pas été respectée. « Cela nous a beaucoup choqués. A la fin du meeting, aucun de nos responsables n’est présent pour organiser le retour. Les transporteurs disent qu’ils ne se déplaceront pas sans leur argent, alors que nous, nous ne voulons que rentrer chez nous » précise-t-il.

Fousseyni Diabaté aussi vient de Sikasso, il affirme être amené à Bamako deux jours avant le meeting, à leur propre charge, contrairement à ce qui a été dit. « On ne nous a donné que 5 000 FCFA. En plus, retourner chez nous pose un autre problème. Vraiment, j’allais préférer rester à la maison.  Si j’étais resté à Sikasso, peut-être que j’allais voter IBK, mais là maintenant, je vois qu’il y a de la farce. Je regrette fort ma venue ici » poursuit-il.

Alassane Ouattara, venu également de Sikasso, disait ne vouloir même pas aborder le sujet, tellement il est énervé. Il dit qu’ils n’ont pas mangé depuis leur arrivée et ils ont dormi à même le sol. Ils ont du mal encore à retourner chez eux. Il a l’impression que c’est tout le malheur du monde qui leur est tombé sur la tête. Il dit également que l’objectif de leur soutien à IBK était de lui donner une nouvelle chance de se ressaisir, sinon, selon lui, il n’y a rien sur lequel on peut se baser concernant le quinquennat du président IBK. Il vient de nous montrer, une fois de plus, son échec. Après, il signale également que s’ils sont là aujourd’hui, c’est par ce qu’ils n’ont pas encore reçu de candidat, avec de meilleures propositions.

ISSA DJIGUIBA

Source: Le Pays

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