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L’ambassadeur Jean Vincent Zinsou / « Année 2013 : le désordre international »

En 2013, au moment où ces lignes sont écrites, nous avons vécu dans un présent omniprésent. Nous avons révisé à plusieurs reprises nos traités de relations internationales. Nul ne sait si la pugnacité des dirigeants de ce monde et de la communauté internationale viendront servir la cause de la paix et celle non moins importante de la sécurité collective dans les points chauds de la planète. Dans un contexte de crise généralisée, toute décision est un pari dont l’issue dépend autant d’événements imprévus que de la prévoyance des parieurs. Et le verdict de l’Histoire est parfois long à s’établir. A supposer qu’il puisse être définitif. On cite souvent, à ce propos, une phrase du Premier ministre chinois, CHOU EN LAÏ. Interrogé en 1972 sur les conséquences de la révolution française, il aurait répondu qu’il était « trop tôt pour se prononcer ». La réponse, précisons-le, résultait d’un quiproquo et s’appliquait en fait à mai 68. Peu importe : une anecdote peut illustrer une vérité. Certaines actions n’en finissent jamais de déployer leurs effets contradictoires, ce qui complique singulièrement l’exercice du jugement.

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Prenons l’Afrique, de nouveaux pays, appelés les « fauves africains », sont nés, en comparaison avec les dragons asiatiques et les tigres celtiques. La Côte d’Ivoire y figure en bonne place. La formule est choquante. Politiquement incorrecte. Mais elle est aussi pleine d’espoir. Parties de presque rien, exclues de quasiment tout, les économies africaines brûleraient les étapes de la croissance. Un développement rapide qui permettrait aux pays de gagner des décennies à l’image des croissances fulgurantes des pays asiatiques : Corée du Sud, Taïwan, Hong-Kong, Singapour, dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Ce que les économistes anglo-saxons avaient qualifié de « The advantage of backwardness » (l’avantage de l’arriération). Les clichés miséralistes concernant l’Afrique doivent être dépassés. Après vingt ans de politique d’austérité infligée par le Fonds monétaire international (Fmi) et les autres instituts de Bretton Woods, la plupart des Etats africains ont assaini leurs finances. La croissance s’installe. Aussi la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Kenya, le Nigeria, l’Angola, la Tanzanie ou le Mozambique fascinent.
En Afrique, continent des paradoxes aux deux visages, le meilleur côtoie le pire malgré la réduction des conflits armés. L’année 2013 a été marquée par une crise sans précédent dans la sous-région ouest-africaine: la crise du Mali. Les nouveaux missionnaires africains incarnés par le Mnla et d’autres groupes islamistes lancent une offensive dans le Nord du pays, le 17 janvier 2012. Aucune résistance de la part d’une armée d’opérette en débande. Le 22 mars 2012, les militaires renversent le régime d’Amadou Toumani Touré, jugé trop faible pour mener une guerre. Ces derniers Maliens ne feront pas mieux. Sous la forte pression des chefs d’Etats de la CEDEAO, un gouvernement de transition est installé, présidé par Monsieur Diancounda Traoré qui, très réaliste, fait appel à la France, l’ancien pays colonisateur rompu à ce genre d’opérations extérieures (OPEX).
L’opération française Serval commence le 11 janvier 2013, alors que les islamistes avancent rapidement et prennent les grandes villes du pays. La nébuleuse djihadiste est dispersée mais pas éliminée. La crise du Mali va occuper pleinement l’agenda des chefs d’État de la CEDEAO, présidée par le Président Alassane OUATTARA. Le Mali retrouvera la normalité institutionnelle avec l’élection de Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, à l’issue d’un second tour le 11 août 2013. Attaque éclair, stabilisation et reconstruction, un climat de guerre et de paix s’installe au Mali. Le nouveau président élu accédera à la tête d’un Etat décomposé, sous tutelle internationale. La tâche s’avère herculéenne.
* Trouver une solution pour le Nord : c’est le principal défi. Les revendications indépendantistes n’ont pas cessé, même si le MNLA et l’autre important mouvement indépendantiste, le Haut Conseil pour l’Unité de l’AWAZAD sont désormais ouverts au dialogue. L’Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 a permis le retour de l’armée malienne à Kidal, fief des indépendantistes et nœud gordien de la crise malienne

Combattre
le terrorisme.
Avant même l’offensive du MNLA en mars 2012, le Nord du Mali était devenu une zone privilégiée pour les djihadistes, enrichis par le trafic de drogue. A l’avenir, la réponse au terrorisme résidera dans la restauration de l’Etat malien, mais aussi dans la coordination avec l’environnement régional. L’implication des Etats voisins, en particulier l’Algérie, associés à l’ONU et à la France semble donc inévitable.
* Sortir l’économie du marasme. La situation a empiré depuis dix ans, mais le problème ne date pas d’hier. D’autant que le Mali, l’un des premiers producteurs d’or du continent, n’est pas dénué d’atouts. Le nouveau chef d’État devra obtenir des leviers financiers nécessaires pour relancer l’économie du pays, pour retenir les jeunes tentés par l’émigration ou le fanatisme religieux.
* Reconstruire l’État qui a disparu du Nord pendant quasi toute une année. Dans le Sud, l’administration a fonctionné, tant bien que mal. Le premier test pour l’autorité du nouveau président a eu lieu lors des législatives. Ce mode de scrutin peu clair n’a pas aidé à susciter le civisme des Maliens. Ce vote majoritaire par listes a conduit les barons locaux à nouer des alliances temporaires étranges. Il y a eu des associations contre-nature qui ont agacé les électeurs. En creux, bien des électeurs ont redouté « le consensus à la malienne » où tout le monde soutenait le pouvoir. Longtemps salué par l’Occident, cet incivisme, faute de garde-fous, a conduit à l’effrondrement de la démocratie dans le pays de la Diatiguiya (hospitalité).
En Libye, alors que la classe politique se divise entre islamistes, modérés et autonomistes, l’anarchie la plus totale règne dans le berceau de la révolution libyenne : Benghazi. Une spirale de violence nourrie par l’incapacité des autorités à mettre fin aux assassinats et aux attaques des extrémistes
En RDC où le M23 a été mis en déroute par les forces armées congolaises aidées par la MONUSCO et où en Ouganda, les pourparlers bloquent sur la sémantique : accord de paix, et déclaration de paix, le nouveau coeur des crises africaines se situe en Centrafrique. Pays enclavé, pays aux trois frontières : Tchad, Soudan et Cameroun, habitué aux rebellions et aux coups d’État récurrents, la Centrafrique pourrait se transformer en catastrophe humanitaire incontrôlable car elle souffre de la « concurrence » du Mali, de la Syrie et, plus récemment, des Philippines.

Le véritable épicentre de l’arc de crise qui s’étend à travers l’Afrique, reliant la côte somalienne à la Mauritanie en passant par la zone sahélienne, se situe plus au Sud, en Centrafrique plus précisément. Déchiré par les affrontements entre chrétiens et musulmans, entre ex-rebelles de la SELEKA (alliance en sango) et groupes d’auto-défense « anti -Balaka »), le pays devenant incontrôlable, les troubles intercommunautaires pourraient déborder sur les pays voisins, le Cameroun, mais aussi la République Démocratique du Congo, seul le fleuve OUBANGUI séparant la capitale Bangui de la province de l’Équateur.

Voici un an, lorsque des rebelles venus du Nord, dans un désordre joyeux, réunis dans une mystérieuse coalition appelée SELEKA, s’emparèrent de Bangui et entreprirent de chasser du pouvoir le président Francis BOZIZE, qui avait lui-même pris le pouvoir par la force mais avait ensuite réussi à se faire élire à deux reprises. Ce basculement suscita peu d’émotion. Sauf en Afrique du Sud qui avait perdu 18 soldats dans la défense de la capitale.

Rares, furent ceux qui s’interrogèrent sur les origines, les soutiens et les alliances de ces rebelles surarmés et visiblement soutenus par l’armée tchadienne érigée en gendarme de la sous-région et alliée de la France au Mali. Un année plus tard, alors que le chef politique de la Seleka, Michel Djotodia, après avoir évincé Bozizé, en mars, devenu chef de l’État, éprouve les plus grandes peines à maintenir ses troupes. La Seleka, en effet, apparaît désormais comme un creuset où se retrouvent des groupes armés issus de toute la région. Des Ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur, des Tchadiens, des Soudanais et il ne faudrait pas s’étonner de retrouver un jour des « soldats perdus » du M23 congolais aux côtés des rebelles centrafricains. Après son arrivée au pouvoir, Michel Djotodia avait cependant tenté de rétablir l’autorité de l’État et avait officiellement proclamé la dissolution de la Seleka. Les plus politiques des membres de la coalition s’étaient retrouvés au sein du « Comité extraordinaire pour la défense des acquis démocratiques » qui se comporta comme une police parallèle. Quand aux combattants qui, faute de moyens, ne furent ni casernés ni cantonnés, ils sombrent assez rapidement dans le banditisme, multiplient les braquages, les pillages, les vols de récoltes…
La descente aux enfers de la Centrafrique illustre aussi une certaine impuissance africaine, marquée par l’apathie de l’UA. Ces derniers jours, l’ONU, les Etats-Unis et la France ont évoqué un contexte « pré-génocidaire » dans le Nord-ouest du pays, des mots qui pèsent lourd dans un continent qui a connu en 1994 le génocide des Tutsis et des Hutus modérés au Rwanda.
Il faut donc agir. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté une résolution donnant permission d’intervenir aux forces déployées par les pays voisins, l’Union Africaine, et la France qui est prête à renforcer ses troupes déjà présentes. Mais attention : arriver est facile et partir est difficile. Encore soupirent certains, lassés ou indifférents vis-à-vis de ces drames africains à répétition. Mais, en Centrafrique, comme en RDC ou au Mali, c’est en rétablissant l’ordre, en redonnant une ossature à l’État que la société civile pourra pleinement se prendre en main.
La Centrafrique, état failli, avec des identités haineuses, toujours et la même histoire de revendications, n’a pas de point d’équilibre politique et elle n’a pas d’État pour en créer un.
La Centrafrique, trou noir ? Ce pays risque-t-il le régime de tutelle de l’ONU. Rappelons-le, le Conseil de tutelle qui fut l’un des principaux organes des Nations-Unies créé en vertu du chapitre XIII de la Charte pour surveiller l’administration des territoires sous tutelle et faire en sorte que les gouvernements chargés de leur administration prennent les mesures nécessaires pour préparer ces territoires à la réalisation des buts énoncés dans la Charte. Pendant ce temps, la Centrafrique, comme un bateau ivre, dérive.

La diplomatie piétine en Syrie
Au Moyen-Orient, après plus de deux ans et demi de guerre, les premières négociations entre le le régime syrien et l’opposition armée commenceront le 22 janvier 2014. Appelée Genève II, cette conférence risque de s’ouvrir sur beaucoup d’incertitudes. Qui participera à la conférence dite de Genève II ? Sur quels documents se fonderont les discussions ? Qui représentera les différentes parties syriennes ? Les obstacles sont nombreux d’ici à la conférence. D’abord, il n’y a pas d’entente au sein de l’opposition au régime. Créée en 2012, adoubée par les États les plus riches de la Ligue Arabe, elle est reconnue comme seule représentante de l’opposition par de nombreux pays, dont la France, le Royaume-Uni, l’Union Européenne et les États-Unis. Mais selon de nombreux observateurs, elle est dominée par les Frères Musulmans et ne laisse pas suffisamment de place aux groupes syriens laïques. Par ailleurs, elle n’est pas reconnue par la myriade de groupes armés qui combattent en Syrie et qui la jugent déconnectée de la réalité du terrain. Ceux-ci de plus en plus dominés par ces djihadistes, sont financés par l’Arabie saoudite et le Qatar.

D’un autre côté, le gouvernement syrien, épaulé par le Hezbollah libanais, sera probablement peu disposé à faire des concessions à Genève si, d’ici là, il continue à se renforcer.
Les différentes composantes de l’opposition syrienne, affaiblies désormais, mal équipées et discréditées, s’enlisent et rencontrent des difficultés à fédérer un véritable soutien diplomatique international.

Pendant ce temps, « l’invincible » Bachar el Assad, avec l’une des meilleures armées du Moyen-Orient, gagne du terrain et ne perd pas. Où est passée l’ONU, incapable d’intervenir en Syrie dans une guerre qui a fait plus de 120.000 morts ? Et pourtant en 2005, lors du somment des chefs d’État où l’on a pensé refonder l’ONU, l’Assemblée Générale avait voté un texte, y compris la Chine et la la Russie. Les dix principaux paragraphes disaient en substance : la responsabilité de protéger les populations appartenant à chaque gouvernement, en cas de défaillance, la communauté internationale peut agir, militairement ou non, mais c’est au Conseil de sécurité , et non à un des États dans leur coin, de le décider. Aujourd’hui, il paraît éminent que ce cas de figure s’applique à la Syrie.

Toujours au Moyen-Orient, l’accord intérimaire, conclu le 24 novembre 2013 entre l’Iran et les grandes puissances, a nécessité des jours de discussions. Nous vivons incontestablement dans un monde anxiogène, et le bruit incessant des réseaux sociaux n’arrange rien à l’affaire. Il y a pourtant parfois de vraies bonnes nouvelles qu’il faut savoir saluer, voire célébrer. Mais bien que rarement soulignée, l’une des principales faiblesses de l’accord de Genève sur le programme nucléaire iranien est d’avoir été conçu par une seule partie du globe. Ce compromis signé avec l’Iran par le 5 + 1, c’est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, tous détenteurs de la bombe nucléaire, ainsi que l’Allemagne, est passé outre les objectifs d’Israël, mais aussi d’une grande partie du monde arabe, notamment les monarchies du Golf. De Ryad à Tel Aviv en passant par Doha, les adversaires des projets atomiques ont depuis le début une lecture plus intransigeante des projets atomiques iraniens que celle de l’administration OBAMA.

LA POLITIQUE ETRANGERE DES ETATS-UNIS

A ce stade de mon analyse, il est temps de faire un zoom sur la politique étrangère des États-Unis en 2013. Mais rappelons qu’au plan intérieur, Barack OBAMA a toujours présenté la réforme de l’assurance-maladie comme la réforme phare de sa présidence. Or, dans l’application de la mesure, le disfonctionnement de son Administration est patent. C’est souvent la tribune des Nations-Unies qu’utilisent les dirigeants de la première puissance mondiale pour énumérer devant leurs homologues ce qu’ils attendent d’eux. Barack OBAMA secoué par la mise en cause de son leadership dans la crise syrienne n’y a pas échappé. Profitant de l’Assemblée Générale de l’ONU, il s’est livré à un rare exercice d’auto-justification. Aux États-Unis, les commentateurs ont surtout retenu sa défense de « l’exceptionnalité » américaine et sa mise contre un « désengagement » de son pays épuisé par une décennie de guerre et conscient de l’hostilité que ses interventions ont suscité à travers le monde musulman.
Écartant un tel effacement de l’Amérique comme une « erreur » de sa politique qu’il n’entend pas commettre, Barack OBAMA a pour la première fois fixé un cadre à sa politique dans la partie du monde la plus instable aujourd’hui, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Après cinq ans de présidence, c’est une « doctrine Obama » de politique étrangère qui semble s’esquisser. Jusqu’ici, le chef de la Maison Blanche a surtout multiplié les zigzags, conjuguant des offres de dialogue quasi universelles, de la Russie (reset : redémarrage du dialogue avec la Russie) à l’Iran, mais qui sont restées improductives. Chasse implacable aux terroristes, y compris à travers un recours considérablement accru aux frappes de drones, et cette « direction de l’arrière » (leadership from behind), appliqué notamment à la Libye en 2011.
Désormais, Barack OBAMA mesure l’intérêt d’expliquer à tous, de Téhéran à Tripoli en passant par le Caire et Damas, à quoi il faut s’attendre de la part des États-Unis. Sa « doctrine » s’appuie sur quatre piliers principaux :

 l’Amérique est prête à « utiliser tous les éléments de sa puissance, y compris la force armée pour préserver ses intérêts essentiels dans la région ».

 elle entend garantir « la libre circulation des ressources énergétiques en provenance du Moyen-Orient, allusion à l’hypothèse d’un blocus du détroit d’Ormuz par l’Iran.
 elle « démentèlera » les réseaux terroristes qui le menacent autant que possible, mais sans exclure « d’agir directement ».

 elle ne « tolèrera pas le développement ou l’utilisation d’armes de destruction massive » considéré comme une menace de sécurité nationale.

Le 44ème Président y ajoute une évidence sur la méthode, pragmatique : « nous vivons dans un monde de choix imparfaits » et l’Amérique « collaborera parfois avec des gouvernements qui ne répondent pas à ses plus grandes attentes en matière de liberté politique ou de droits de l’homme ».

Enfin, sur le plan géopolitique, Barack OBAMA vit depuis bientôt cinq ans sur un crédit de son prix Nobel de la paix, versé comme une avance sur la gratitude mondiale à venir. Avec lui, l’Amérique allait redevenir aimable, et aussi efficace, pour apaiser le monde qu’elle aurait été encline à l’embraser sous George Bush. Les Américains s’intéressent plus à la politique intérieure, mais ils exigent que leur président apparaisse comme le leader incontesté du monde libre. La fermeté présidentielle s’est confirmée en politique extérieure, notamment en mer de Chine. Ce qui a entraîné le retour militaire des Etats-Unis en Asie (nouveau pivot stratégique en Asie et aussi à la demande de tous les pays riverains asiatiques, Vietnam compris.
Aujourd’hui, le bilan d’OBAMA inquiète. Si son discours du Caire, en juin 2009, a semé dans la jeunesse musulmane les graines de l’espoir qui ont germé lors du printemps arabe de 2013, le président américain pèse désormais bien peu sur cette région. Les militaires égyptiens ne lui rendent plus de compte, le délitement libyen se poursuit, l’Iran essaie de renouer avec la bombe nucléaire et le dialogue irsraëlo-palestinien, dont il a adoubé la relance, se poursuit « à domicile ». Barack OBAMA s’engage dans une mini guerre froide avec Moscou, une « guerre frisquette » où il n’a pas la main, et où il defend moins bien les intérêts américains que Vladimir POUTINE ne garantit ceux des russes.

Aux USA, un second mandat, peut-être celui de l’épanouissement, parce que l’audace n’est plus bridée par les préoccupations électorales, ou celui de l’extinction, parce que plus personne ne vous craint ni ne vous obeit. Le Président américain souffrira-t-il bientôt d’un ressentiment proportionnel à l’enchantement qui accompagna son triomphe en 2008 ? Dans un monde apolaire « zéro polaire », dirait le Ministre des Affaires Etrangères français, un monde aux équilibres mondiaux, au sein duquel les USA n’ont plus l’influence qu’elles avaient jadis. Faudrait-il revoir le système international qui se dessine sous nos yeux ? A quoi va ressembler un monde dans lequel la seule puissance proclamée se retire, sans avoir préparé le terrain ? Pour éviter cette désobamaïsation du monde, il faut au Président américain obtenir la chute de bons nombres de dictateurs tel Bachar El Assad, c’est-à-dire réussir ce mélange de force et d’habileté qui est la spécifité des grands hommes de l’histoire.

L’année 2013 l’a démontré, on ne sait même plus très bien comment on est puissant dans le monde qui est le nôtre. « Hard Power et Soft Power » se mélangent. On parle partout de crise de leadership alors que semble bien éloignée l’idée, un temps avancé, d’une « hyperpuissance » qui mènerait la planète.

Comme notre regard sur la vie internationale était réglé, depuis des générations, sur une grammaire de puissance, toutes nos interrogations quotidiennes s’en trouvent brouillées. Alors, quelle gouvernance ? Quelle diplomatie ? Quelles négociations ? Quelles sont les sources de conflits et leurs possibles solutions ? Si nul ne prétend que la puissance a disparu, il faut admettre qu’elle a été frappée. Est-ce à dire que 2014 sera pire que 2013 ? Non, le pire n’est jamais sûr. L’espoir reste bel et bien.

S.E.M. Jean-Vincent ZINSOU
Abidjan – Côte d’Ivoire

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