C’est désormais l’homme en ligne de mire pour la discussion avec les Européens présents au Mali. Bart Ouvry, ambassadeur de l’Union Européenne au Mali, s’est brièvement livré au quotidien Le Soir de Bamako suite à sa rencontre de ce mercredi 2 janvier avec le premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maiga.
Quelques heures après l’escalade des tensions diplomatiques mettant le Mali au centre de l’actualité internationale, les autorités de la Transition multiplient les initiatives pour tenter de limiter les dégâts.
Hier en fin d’après-midi à 18h00, le premier ministre du gouvernement de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga a reçu à la Primature, l’Ambassadeur de l’Union Européenne Bart Ouvry. Si officiellement aucun communiqué n’a filtré du contenu de l’entretien entre les deux personnalités, cette rencontre a sans doute été l’occasion pour les deux hommes de s’exprimer à huis clos sur la situation diplomatique du Mali, ainsi que des débouchées de cette crise qui interloque les Européens venus intervenir sur le sol malien dans le cadre de l’opération Takuba, dont la survie ne semble tenir qu’à un fil suite à la récente escalade entre Bamako Paris et le Danemark.
De plus, cette rencontre entre le Premier ministre et l’Ambassadeur Bart Ouvry intervient au surlendemain de la convocation de l’ambassadeur de France, Joël Meyer, qui s’est vu être déclaré persona non grata sur sol malien et a dû, dans un délais de 72 heures accordé par la Transition, quitter le pays. Un geste qui a vivement fait réagir la classe politique française et allemande qui n’ont pas manqué de souligner le fait que le Mali “s’isole” un peu plus tous les jours. Il faut rappeler que l’Union Européenne avait initialement accepté d’imposer sanctions supplémentaires à celle de la CEDEAO (interdictions de voyager, gels des avoirs…) avait de finalement se rétracter en mettant sur liste noire, uniquement cinq membres de la junte dont les noms n’ont pour l’instant pas été rendus publique. En optant pour cette voie, l’Union Européenne s’est rangée derrière la CEDEAO de façon moindre.
Après l’expulsion qui a visé l’Ambassadeur Joël Meyer, l’Union Européenne a décidé de soutenir la France. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne basé à Bruxelles, à pour sa part fait savoir sur le réseau social Twitter que « la demande injustifiée de retrait de l’Ambassadeur de France isolera le Mali. L’UE est solidaire de la France et du Danemark, dont le contingent a été renvoyé. La situation requiert respect des engagements du côté malien et dialogue, qui conditionnent la stabilité de la région».
Si quelques jours plus tôt, l’Union Européenne annonçait qu’aucune sanction ne sera prise contre le Mali avant la réunion entre les ministres des Affaires Étrangères des pays du G5-Sahel et l’UE, l’expulsion de l’Ambassadeur français par les autorités de la Transition n’est pas étrangère à ce changement de langage. En effet, Josep Borrell et Abdoulaye Diop se sont rencontrés, le 26 janvier à Bruxelles, pour prendre part à la 7ème réunion ministérielle du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et de l’UE. En raison d’un désaccord entre ces pays autour de cette rencontre, le général Mahamat Idriss Deby Itno, qui assure la présidence du G5, a demandé son ajournement. Il devait être question de la gestion de la transition et des questions sécuritaires. Le patron de l’UE indiquait ce jour qu’il n’était pas intelligent d’accueillir le chef de la diplomatie malienne avec des sanctions.
Autrement dit, les motivations de l’expulsion du diplomate français que Bamako a évoquées dans sa lettre ne tiennent pas, selon l’entendement de l’Union Européenne. Aussi, tour à tour plusieurs diplomates européens ont annoncé leur soutien à la France. Cette marque de solidarité envers la France ne manque pas de susciter des interrogations côté malien où on peut craindre un effondrement du château de carte.
En somme, la situation sécuritaire du Mali pourrait venir contrecarrer les aspirations pharaonique du gouvernement en place :
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LAYA DIARRA
Source: Le Soir de Bamako