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L’Alliance pour le Sahel à l’épreuve du terrain économique

Bien décidée à conjuguer économie et défense dans sa lutte contre le terrorisme au Sahel, la France tente une nouvelle approche de son aide au développement. Illustration.

Annoncée en juillet dernier, l’Alliance pour le Sahel proposée par le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel en avait surpris plus d’un. Beaucoup se sont interrogés sur le rôle de cette nouvelle structure alors que les initiatives s’agrègent autour du G5 Sahel. Une de plus ? Une alliance pour quoi faire ? Quid de son financement ? L’Allemagne va-t-elle suivre alors que c’est la France qui est en première ligne sur ce dossier et sur le front ? Faut-il rappeler que la France, présente dans cette zone avec 4 000 hommes engagés dans l’opération Barkhane, a poussé à la création d’une force militaire commune des pays du G5 Sahel : Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso ? À l’horizon de mars 2018, cette force doit compter quelque 5 000 hommes, qui seront dirigés depuis le quartier général à Sévaré, au Mali. Début novembre, elle a même effectué sa première mission commune sous le nom de code « Haw Bi ».

Répondre aux défis économiques et sociaux

Poussé par Emmanuel Macron, le G5 Sahel a reçu tardivement le soutien financier de l’Union européenne d’un montant de 50 millions d’euros sur les 250 millions d’euros nécessaires pour le lancement de la force commune. Voilà pour le volet sécuritaire. Car, pour le reste du message, Emmanuel Macron a une vision bien précise de la mission française au Sahel. Dans un entretien publié dans Ouest-France le 13 juillet, il expliquait : « Nous étions trop fragmentés dans nos interventions, nos interlocuteurs étaient trop étatiques. » Poursuivant : « Nous allons financer des projets, sur le terrain, ensemble. L’Alliance pour le Sahel, c’est le pilier du développement qui vient compléter notre pilier de défense commune. »

Trouvant le temps de la mise en œuvre trop lent, le président français a de nouveau martelé, le 13 décembre à La Celle-Saint-Cloud : « L’ensemble des participants constitue ce que nous avons choisi d’appeler la coalition Sahel, qui va venir appuyer le travail sur le terrain de la force G5 Sahel et de l’Alliance pour le Sahel avec ses deux piliers, sécurité et développement. »

Qu’est-ce que l’Alliance pour le Sahel ?

En ce qui concerne donc l’Alliance pour le Sahel, les choses sont allées beaucoup plus vite que prévu. Cette initiative vise à faciliter les échanges entre bailleurs internationaux pour accélérer l’aide au développement dans cette région en proie à l’instabilité politique, économique et sécuritaire. Alors que son aide au développement pour le Sahel est estimée actuellement à quelque 600 millions d’euros, Paris annonce qu’elle augmenterait d’un tiers et a poussé à la constitution de l’Alliance qui réunit également la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L’aide se déclinera en quatre grands axes : éducation-formation, agriculture, gouvernance-justice et lutte contre le changement climatique. À sa tête : Jean-Marc Châtaigner, nommé ambassadeur, envoyé spécial au Sahel, pour veiller à la cohérence de cette approche sur le terrain.

Premier projet au Mali

Après une première réunion tenue au sein de la Banque africaine de développement, où on n’a pas manqué de s’inquiéter de la gravité de la situation : « Il y a urgence, et si nous sommes ici, c’est pour faire face à cette urgence », a martelé le vice-président principal de la BAD, Charles Boamah. L’un des tout premiers projets qui devaient se concrétiser seulement en janvier 2018 a connu ce 19 décembre un coup d’accélérateur. Aux manettes : l’Agence française pour le développement. Très présente en Afrique, l’institution publique s’est engagée à investir davantage au Sahel. Dans ce cadre, l’AFD vient de signer une convention de 30 millions d’euros (plus de dix-neuf milliards de FCFA) en faveur de la Banque nationale pour le développement agricole (BNDA) au Mali. Il s’agit d’accompagner cette banque dans le financement des investissements à moyen et long terme des exploitants agricoles, des PME, ou encore des institutions de microfinance. « Cet apport de l’AFD est une contribution très significative pour accompagner […] le développement et la croissance » des acteurs économiques en milieu rural qui se heurtent à des difficultés d’accès aux financements, a salué le directeur général de la BNDA, Moussa Alassane Diallo, lors de la signature de la convention avec le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux.

Et comme le financement des petites et moyennes entreprises africaines est devenu un enjeu majeur pour le continent, l’AFD poursuit dans ce sens avec la signature d’un accord avec la Société générale dans le cadre du programme ARIZ. Un dispositif de partage des risques conçu par l’AFD en 2008 pour faciliter l’accès des petites et moyennes entreprises au crédit bancaire. Dès son lancement, l’AFD a sollicité le Groupe Société générale et son réseau africain pour déployer dans le cadre d’un partenariat cet outil de garantie. Ensemble, depuis 10 ans, l’AFD et le groupe Société générale ont pu accompagner plus de 1 250 entreprises africaines dans leur projet de développement au travers de plus de 500 millions d’euros de financements garantis par ARIZ. L’Agence de développement devrait débloquer 200 millions d’euros dans les cinq ans à venir.

En effet, c’est bien l’objectif de l’Alliance pour le Sahel : trouver de nouveaux modes d’intervention plus agiles et novateurs pour les bailleurs de fonds. Ce qui devrait permettre de répondre aux urgences du moment, mais aussi de structurer le développement dans la zone sahélienne.

SourceLe Point Afrique

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