Même s’il y a épisodiquement et de manière cyclique (le cycle des élections présidentielles) quelques remous, ça et là, globalement et fondamentalement, l’Afrique (ou alors les Afriques), n’est pas en crise mais elle se métamorphose. L’Afrique, lentement et irrémédiablement, est entrain de faire sa mue, sa transition, pour passer d’une Afrique déclassée vers une Afrique reclassée qui va instaurer un nouvel ordre mondial, une Afrique qui va écrire une nouvelle grammaire des relations internationales et une Afrique qui va retracer une nouvelle géographie de l’économie mondiale.
D’une Afrique jadis mondialisée, se dessine à l’horizon, une Afrique »mondialisatrice » à l’orée des années 2050, avec les ⅔ des ressources pétrolières, gazières et minières sur son sol, avec la population-jeune (force de travail) la plus importante au monde (56% de la population africaine aura moins de 25 ans vers 2050), les terres les plus arables et les plus fertiles, et le plus grand marché de clients-consommateurs au monde (plus de 2 milliards de clients-consommateurs en 2050).
Il y a déjà plus de cinq ans, la plupart des pays africains, se sont dotés de leurs propres ‘’Plan National de Développement Économique et Social’’ (ou si vous voulez, leurs Plans d’Émergence). Ces visions de sortie de nos propres pièges du sous-développement, ont été pensées, élaborées et sont entrain d’être mises en oeuvre par nous mêmes et pour nous mêmes. Même s’il y a, ici et là, des correctifs à apporter, des initiatives à prendre et des actions à mener sur nos routes vers l’émergence… Même l’Union Africaine s’est dotée de sa propre Vision pour l’horizon 2060. C’est donc dire le désir des pays africains et du continent, de reprendre leurs destin en main et de renégocier leur place dans la globalisation qui est en définitive, totalité et morcellement.
Cette Afrique qui n’est pas en crise mais se métamorphose – fondamentalement – formule ses propres visions de développement et construit patiemment, ses institutions supranationales afin de procéder courageusement, à une relecture des frontières héritées du partage de Berlin, avec pour dessein, de construire des communautés économiques plus fortes, plus cohérentes et plus complémentaires, c’est-à-dire plus viables (ZLECA, Monnaie unique CEDEAO).
Cette Afrique qui n’est pas en crise mais qui se métamorphose – profondément – a la claire conscience que son reclassement ne pourra se faire qu’en étant unis dans des entités ayant une taille critique, pour instaurer un nouveau type de partenariat avec les traditionnels (l’Europe Occidentale) comme avec les nouveaux (Russie, Chine, Inde, Moyen Orient, Turquie), avec cette (nouvelle) conviction que ce sont les intérêts qui sont en jeu.
Cette Afrique qui n’est pas en crise mais qui se métamorphose – évidemment – se donne à voir par l’éclosion d’une nouvelle classe d’entrepreneurs nomades, polyglottes et rompus aux techniques du management, qui entreprennent en Afrique comme ailleurs. Nous voulons dire ‘’l’Afro-Capitalisme’’ et ses communautés d’affaires dans les Afriques.
Cette Afrique qui n’est pas en crise mais qui se métamorphose – quantitativement – est en profonde mutation sous la combinaison de trois chocs: (1) choc des économies, (2) choc des générations et (3) choc des Cultures.
Cette Afrique qui n’est pas en crise mais qui se métamorphose – en mouvement et en situation – nous interroge sur nos modèles de ‘’démocratie électorale’’ en question et nous pousse ensemble, sans passion, à réfléchir sur un modèle de démocratie globale la plus adaptée à ses valeurs africaines, à son histoire, mais surtout à son ‘’vouloir collectif’’. Car, l’explosion des partis politiques dans cette Afrique au pluriel, n’a pas vraiment enrichi le débat démocratique. Loin s’en faut, les alternances, violentes ou pacifiques, ne sont pas, elles aussi, un passage obligé vers le Développement, encore moins vers l’Émergence.
Siré Sy
Source: journaldumali