La zone est l’une des plus enclavée et pauvre au monde, mais regorge d’importantes réserves de minerais stratégiques potentiellement exploitables (terres rares, niobium, uranium, cobalt…) autant de ressources nourrissant les rivalités entre les grands de la planète qui commencent à utiliser des stratégies de positionnement de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement.

Tirées du sous-sol et traitées pour en extraire les métaux qu’elles contiennent, les substances minérales sont une ressource assez rare. En raison de leur rôle central dans la fabrication des armements et des technologies les plus sensible du monde moderne (missiles, fusées, avions, satellites, outils de télécommunication…) elles sont devenues un enjeu de la sécurité économique des Etats et des Entreprises.

Ces minerais peuvent être considérés comme critiques lorsqu’ils sont concentrés géographiquement dans un pays à risque. La sécurisation de leur approvisionnement constitue l’une des conditions sine qua non de la victoire dans les conflits majeurs. Leur rareté et leur inégale répartition les placent au centre de tensions, nationales et internationales.

L’Adrar des Iforas et le Gourma ont connu dans le passé des travaux de recherche et de prospection minière qui ont permis de mettre en évidence la présence d’indices et de gisements de métaux stratégiques.

Ainsi, le 12 octobre 1981 un accord fut signé entre le gouvernement de la République du Mali et le Fond auto-renouvelable des Nations Unies pour l’exploration des ressources naturelles (Fanuern). Le but du Projet était de trouver et d’évaluer des gisements potentiellement économiques en Niobium et en Terres Rares dans l’Adrar des Iforas, sur une aire totale approximative de 15 400 km2. Un montant de 2,5 millions de dollars fut spécifié dans l’accord du Projet.

Ces travaux de prospections ont permis de déceler des indices de minéralisation en terres rares dans les complexes d’Anezrouf et Adiounidj dans l’Adrar occidental. En 2002, l’Institut d’études géologiques des Etats Unis (Usgs) qui est un organisme consacré aux sciences de la Terre, dans son rapport intitulé ‘’Mines, gisements et indices de terres rares’’ a mentionné les deux indices de terres rares situés dans l’Adrar des Iforas (Kidal) comme étant les seuls répertoriés en Afrique de l’Ouest.

Les terres rares sont utilisées dans des fabrications de hautes technologies. On les retrouves dans les batteries de voitures hybrides, dans les LED, les puces de smartphone, les écrans d’ordinateurs portables, les panneaux photovoltaïques, les éoliennes…Elles sont aussi utilisées dans l’industrie de la défense dans la fabrication de capteurs de radars et sonars ou du système d’armes et de ciblage.

En octobre 2002, la cellule de pilotage et de gestion du Projet «Inventaire minier et cartographie géologique de l’Adrar des Iforas et du Gourma oriental » financé par le Bureau Européen d’Investissement (BEI), a fait part dans son Rapport de Synthèse Final, de l’existence d’une Anomalie Significative de Cobalt, avec une forte concentration de cette minéralisation, dans les secteurs d’Amaloualoua et de Ouatagouna dans le Gourma Oriental.

Le Cobalt est un métal aux usages très diversifiés dans les domaines commerciaux, industriels et militaire. Réputé pour sa force et sa résistance à la corrosion, le Cobalt trouve sa principale utilisation dans les superalliages utilisés dans les turbines à gaz des avions (Chaque avion de combat américain utilise près d’une demi-tonne de cobalt). Un important Gisement d’Uranium est situé à Samit (115 km Nord-Est de Gao). Il est le seul gisement connu au mali. D’autres indices de ce minerai hautement stratégique utilisé comme combustible dans la plupart des réacteurs nucléaires industriels, ont été découverts dans l’Adrar des Iforas par la société australienne Oklo-Uranium en avril 2008.    Le monde est en train de passer de l’ère du pétrole à l’ère des métaux ce qui pousse les puissances industrielles à mettre la main sur certaines matières premières indispensables à la décarbonations de la planète. Ces métaux joueront un rôle pivot dans les prochaines années et leur demande va exploser d’ici 2030.

Mohamed Ould Al-Arby

Source: Le Démocrate