On nous fait toujours croire que le Nord du Mali ne compte que les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Mais qui se ressemble s’assemble. Les relations entre les régions du nord du Mali et la majeure partie de la région de Mopti sont séculaires et socio-anthropologiquement profondes.
Sur le drapeau du Mali fédéré, il y existait le l’insigne du Kanaga des dogons. C’est presque le même symbole sur le drapeau de certains groupes touaregs.
Le mil est échangé largement avec les touaregs contre le sel pour le ‘’to’’ des deux peuples. Le cousinage et les jumelages entre les dogons et les populations toutes confondues du Nord est le plus remarquable. Il existe des liens séculaires entre la ville de Djenné et celle de Tombouctou (villes jumelles).
Au fur et à mesure qu’on s’éloigne de Bamako, on constate un problème criard de développement. Il y a un déséquilibre qui ne dit pas son nom. A Douentza seulement, on se croirait hors du Mali. Alors, l’Etat malien doit faire attention et jouer sur toutes les cartes.
C’est pourquoi si le tourisme s’arrêtait dans la 5ème région, la Venise malienne n’existerait pas. Ainsi, comment vivre à Mopti, porte d’entrée du grand Nord sans cette ressource?
La décentralisation est un niveau de gestion de l’autonomie de gestion des collectivités locales qui tient compte des valeurs socioculturelles de chaque territoire locale.
Les textes de la décentralisation du Mali encouragent l’inter collectivité pour faire des économies d’échelle. Qu’en est-il du niveau politique dans la gestion de la crise du Nord ?
L’économiste dira qu’il faut toujours gérer les externalités positives et négatives des actions.
Dans la géostratégie, ils diront qu’il faut gérer les effets collatéraux. Quant au planificateur, il se focalise sur les hypothèses qu’il faudra suivre entre des actions directes.
Aujourd’hui ce risque de basculement n’est pas pris en compte dans la gestion de la crise et dans les négociations d’Alger. Sous d’autres cieux, le nord et le sud s’alternent de faits : dans certains lieux des coups d’Etat géopolitiques installent et désinstallent qui l’on veut.
Dans le pays de football de Roger Mila, le Nord et le sud se gèrent sur le fil de rasoir. Quand un centre ne sépare pas le Nord et le Sud en géopolitique ; étant donné que dans la géostratégie globale, le Nord domine toujours le sud, l’instabilité est inévitable.
Même certains pays situés géographiquement au Nord sont appelés pays du sud pour ne pas dire sous-développés.
L’anticipation est l’art de bien gérer un pays. Aujourd’hui, y a t-il des indices de basculement au Mali ? Le fait de faire exiler un de ses fils au Sénégal n’est-il pas un facteur aggravant ?
Les résultats des élections présidentielles montrent des indices. Chaque candidat a gagné chez lui, dit-on. Les maires élus sont souvent traités d’étranger dans ce même Mali. Dans ce cadre, la décentralisation est un repli identitaire qui influence l’institution suprême, le Président.
En tout cas, avec l’abandon de la région de Mopti dans sa galère de la mort du tourisme, elle pourrait basculer dans le « mauvais sens » pour valoriser le mil produit sans tracteur ni charrue.
Les USA l’ont appliqué avec la stratégie de Huntington. Bombarder les villages pour grossir les villes et venir en aide aux victimes en vue de les détacher de la gouvernance centrale. Mopti est-elle trop loin de Bamako par la culture ?
Dans les pourparlers, il faudra tenir compte des facteurs d’attirances culturelles à long terme. La constitution des espaces sous-régionaux peut constituer un danger pour faire basculer Mopti vers le Nord et faciliter la division du Pays en deux de façon socio culturellement viable ?
SDF
Source: Canard de la Venise