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La Turquie a rendu service au président Assad en abattant l’avion russe

Des responsables syriens et des experts estiment que la Turquie a rendu un fier service à Bachar al-Assad en abattant un avion de combat russe, car Moscou s’oppose désormais ouvertement à Ankara, adversaire du régime syrien, et s’implique davantage contre les rebelles.

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“Il faut que le président Assad envoie un télégramme de remerciement au président turc (Recep Tayyip) Erdogan car il a fait évoluer la position de Moscou en notre faveur”, affirme en plaisantant un homme politique syrien proche du pouvoir.

“Avant, Assad et (Vladimir) Poutine étaient d’accord sur le fait que la lutte contre le terrorisme passait avant la solution politique. Maintenant, Moscou va plus loin et considère, comme Damas, que la Turquie aide le terrorisme”, ajoute-t-il.

Moscou a vivement réagi depuis la chute de l’avion, le président russe dénonçant un “coup de poignard dans le dos” tandis que le Premier ministre Dmitri Medvedev accusait la Turquie de “protéger les militants de l’Etat islamique” (EI).

La Russie a demandé jeudi à ses ressortissants présents en Turquie de rentrer en Russie, invoquant des risques “terroristes” et privant potentiellement le tourisme turc de plus de trois millions de visiteurs par an.

“Le seul vainqueur de ces derniers développements c’est Assad”, assurent Henri Barkey et William Pomeranz, deux chercheurs au Woodrow Wilson International Center, dans une tribune sur le site de la chaîne CNN. “Après tout, l’un de ses principaux adversaires (la Turquie) est maintenant en fort désaccord avec son principal allié (la Russie)”.

Moscou, qui entretient depuis plus d’un demi-siècle d’étroites relations avec Damas, a annoncé depuis mardi avoir “détruit” des groupes rebelles qui se trouvaient en Syrie dans la zone du crash du bombardier russe.

Ankara soutient sans faille la mosaïque de rebelles modérés ou islamistes qui se battent contre le régime et ses adversaires l’accusent en outre de laisser passer les jihadistes du Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, et de l’EI.

– Effets de manche –

“Cette escalade est significative car jusque-là, en dépit des grandes divergences sur la Syrie, les relations russo-turques étaient restées très cordiales, et les liens économiques et touristiques très solides”, note Karim Bitar, directeur de recherches à l’Institut français de relations internationales.

“Le raidissement russe pourra permettre à Bachar al-Assad de compter sur un soutien encore plus marqué de la part de Poutine, et le tempérament ombrageux d’Erdogan l’aura encore une fois conduit à commettre des erreurs et mener des politiques contre-productives”, souligne-t-il.

Pour ce chercheur, “Poutine et Erdogan ont beaucoup de points communs -l’autoritarisme, le nationalisme, la susceptibilité exacerbée, le goût pour les effets de manche et les coups d’éclat- mais Poutine semble avoir une plus grande maîtrise de ses nerfs alors qu’Erdogan se laisse souvent emporter par ses émotions”.

Cette crise survient au moment où 20 pays et institutions internationales, dont la Russie et la Turquie, viennent d’établir à Vienne une feuille de route pour une sortie de la crise syrienne, qui a fait 250.000 morts depuis 2011.

“Dans ce contexte, l’incident va être utilisé par la Russie pour poursuivre ses intérêts en Syrie de manière encore plus déterminée”, assure Muriel Asseburg, chercheuse à l’Institut des Affaires internationales et de sécurité à Berlin.

“Plus d’aide militaire pour le régime risque de décourager Assad d’engager des discussions sérieuses avec l’opposition et en même temps, cela va accroître l’avantage de la Russie”, ajoute-t-elle, sans être sûre que cela va profiter à Assad.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a pour la première fois envisagé vendredi que des forces du régime syrien puissent être associées à la lutte contre l’EI “dans le cadre de la transition politique”.

Pour Ruchan Kaya, expert turc à l’Institut de stratégie caspienne à Istanbul, “la Russie va faire entendre sa voix et augmenter son soutien au régime d’Assad et indirectement exercer des représailles en frappant à l’intérieur de la Syrie des groupes alliés à la Turquie”.

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