La période transitoire au Mali parait un fleuve sans poissons. Depuis, le 18 août, les yeux sont tournés vers les partenaires financiers et techniques classiques du Mali pour relancer l’économie sérieusement affectée par le Putsch et la pandémie de coronavirus. Malheureusement, les sollicitations butent sur la vielle maladie de notre pays, dont l’une des conditions doit être et reste la bonne gestion des biens publics.
Il n’y aura pas de miracle ni de potion magique pour résoudre le problème financier auquel fait face le mali depuis quelque moment. Quand le mal est diagnostiqué connu, il faut le traiter, sans chercher de subterfuges avec des arguments tirés de force.
En effet, nul ne peut douter que la situation dans laquelle se trouve le pays actuellement n’a pas de causes lointaines dont les germes de mauvaise gouvernance et de corruption n’ont pas été tributaires.
En clair, si les autorités de la transition veulent obtenir les aides et financements classiques, voire mieux, ils devront en faire autrement en matière de gestion que ce qui se fait actuellement pour espérer un quelconque accompagnement de la part de ces partenaires. Car, dit-on souvent, les mêmes causes produisent les mêmes effets. En ce sens, il serait difficile, pour des raisons de justification, que les partenaires prennent le risque de mettre une nouvelle fois la main à la patte.
On se souvient que le régime IBK a coulé juste parce que ce dernier fut caractérisé par le laxisme le népotisme dans la gestion des affaires publiques. Cette mauvaise gouvernance érigée en règle d’or a fini par pondre une contestation populaire dont les conséquences parlent mieux qu’une quelconque explication de la situation du pays.
Puis, depuis le 18 août 2020, date du putsch contre l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta, les militaires ont pris le pouvoir ce, malgré la menace de la communauté internationale de voir remettre ce pouvoir aux civils n’a malheureusement pu aboutir. Car des stratégies ont été mises en place pour parvenir à le conserver à tout prix. Certes, elles marchent bien puisqu’à ce jour ce sont les militaires qui décident dans presque toutes les institutions de la République, ou du moins indirectement. Sauf qu’au moment où l’on parle de ce sujet, le carburant manque dans le train de la transition pour parvenir à réaliser ce qui est inscrit dans la feuille de route. D’où les regards sont depuis tournés vers les partenaires classiques.
Faut-il souligner qu’au lendemain du putsch, les partenaires avaient suspendu toutes leurs assistances au Mali déjà éprouvé par la crise multidimensionnelle qui dure depuis 2012. Pour ces partenaires, il est impossible de confier les fonds dans les mains d’un gouvernement illégitime et militaire, de surcroît. Les pays comme les États-Unis, l’Union européenne ont dû se plier pour laisser le Mali à son triste sort et préféraient traiter avec les privés et les Organisations non gouvernementales, qui aident la population.
Six (6) mois après, la corruption, la mauvaise gouvernance qui a plongé le Mali dans le gouffre, ne semble pas la préoccupation des autorités de la transition au point d’en faire le cheval de bataille pour restaurer les bases d’une République tant rêvée par le peuple malien.
Face à cette gouvernance qui n’augure point d’« un grand changement par rapport au précédent, et surtout dirigé par des militaires. Aussi, il est difficile pour ces partenaires de prendre le risque de mettre les moyens dont le suivi et le contrôle semblent impossibles.
Le Premier ministre, récemment sur la télévision nationale ORTM, disait que les partenaires sont prêts à accompagner le Mali, sauf qu’il n’a pas ajouté que les partenaires en question posaient l’éminente question de la bonne gouvernance donc de la lutte contre la corruption qui gangrène l’administration malienne.
Un secret polichinelle pour toutes les questions de corruption qui touchaient particulièrement la hiérarchie militaire au point de se demander si ce n’est pas la raison pour laquelle le sujet semble tabou pour les autorités. Donc, il urge, et même plus qu’une nécessité absolue selon certains observateurs de la scène politique malienne pour le PM Moctar Ouane de communiquer au Peuple malien le contenu de l’entretien avec les partenaires Internationaux. Car de certaines sources bien introduites, ces partenaires “conditionnent le financement du Mali à la saisie des biens’’ de certaines hautes personnalités ayant occupé de hautes fonctions de ce pays. On citera les noms de Karim Keita, Bouba Keita, tous deux fils de l’ancien Président IBK, onze ( 11) Généraux, neuf (09) ex-ministres dont un (01) Premier ministre, trois (03) Présidents d’institutions, neuf (09) Ambassadeurs qui ont des placements et investissement très importants à l’étranger connu par les bailleurs de fonds et qui seraient même prêt à aider le Mali pour récupérer ces biens.
Au lieu de chercher matin et midi des solutions avec certitude que l’on ne pourra avoir là où l’on est, il est important que les autorités de la transition partent en guerre contre la corruption en traduisant les vrais coupables pour dissuader tout en renouant la confiance avec les partenaires internationaux.
Bourama Kéïta
Source : LE COMBAT