En plus de la dépigmentation, phénomène en vogue chez les jeunes filles, la teinte des cheveux gagne aussi en ampleur au Mali. Cependant, afin de paraître éternellement jeune, certaines personnes se teignent les cheveux blancs en noirs. Et Dieu seul sait combien ils sont nombreux. C’est pourquoi, il est important de se poser la question de savoir si c’est par effet de mode ou par complexe. Le comble est qu’ils le font au mépris des risques sur leur propre santé sans le savoir.
Si auparavant les cheveux blancs étaient considérés comme signe de sagesse, il est souvent mal perçu par certains vieux. Pour preuve, à Bamako, il n’est pas rare de rencontrer des vieillards qui ont des cheveux tout noirs. Souvent plus noirs que ceux des jeunes. On les rencontre partout, dans les départements ministériels, dans les amphithéâtres pour donner cours, dans la Sotrama…
La dépigmentation de la peau noire en blanc semble être plus mal perçue que celui du cheveu blanc en noir. Pourtant, les deux phénomènes sont logiquement identiques. Même si personne n’en parle, une personne qui se teint les cheveux et celle qui se dépigmente le corps sont tous les mêmes.
«Je ne peux pas dire exactement que c’est pour tel ou tel motif que je me teins les cheveux. Mais chaque fois que je le fais, je me sens mieux dans ma peau. Cependant, mon épouse le perçoit très mal et ne veut pas que je le fasse. Selon elle, nos enfants sont devenus assez grand et j’ai tout à fait l’âge d’avoir les cheveux blancs », nous a confié un vieillard de soixante-sept ans.
« J’ai cinquante-cinq ans (55) et je me teins les cheveux depuis bientôt quinze ans (15). En fait, j’ai été entraîné par un collaborateur de bureau qui le faisait régulièrement. Au début quand j’avais quarante ans (40), seulement quelques-uns de mes cheveux étaient blancs et cela m’énervait. J’ai donc pris conseil auprès d’un vieux collègue qui avait les cheveux toujours bien noirs. Quand ce dernier m’a filé la technique du henné (Indou djabini), j’en suis vite devenu accro. Mais il me faut arrêter car beaucoup d’eau ont coulé sous le pont » explique un autre amateur de la teinte des cheveux.
« Ils sont nombreux les hommes d’un certain âge à se teindre les cheveux. Ils veulent avoir l’air jeune pour des raisons qui leur sont personnelles, mais sincèrement je pense que c’est plus pour tromper les filles, or ces dernières ne sont pas dupes. Elles acceptent de sortir avec ces faux jeunes pour d’autres raisons, l’argent par exemple. Car on peut cacher les cheveux blancs mais pas les rides », s’est laissé aller à dire un coiffeur, avant d’ajouter que ces hommes prendraient des risques inconsidérés pour peu de chose.
Une dame, dont le mari fait partie du club, s’est dite tout simplement déçue par le comportement de son mari : « par son attitude, il nous prouve qu’il n’est pas sérieux et qu’il ne fait que courir derrière les petites filles. Sinon comment peut-il encore à soixante (60) ans, se teindre ses cheveux en noirs. Il nous fait honte à moi et à nos enfants’’, a-t-elle laissé entendre.
Les hommes qui s’adonnent à cette pratique font honte à leurs proches, notamment leurs enfants. Car dans l’imaginaire populaire, ceux qui se teignent les cheveux blancs sont assimilés à des filous qui veulent courtiser les jeunes filles. Même si tel n’est pas forcément le cas chez tout le monde. Le henné, l’Ébène gel + crème, le Tigel et plusieurs autres produits chimiques de qualité douteuse et de provenance incertaine sont utilisés pour ces teintes.
D’après Ibn Abbas selon lequel le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « À la fin des temps, il y aura des gens qui teindront leurs cheveux (blancs) de manière à les rendre aussi noirs que le col de pigeon ; ils ne flaireront pas l’odeur du paradis ». Ce hadith est déclaré authentique par al-Albani dans Sahihi Abou Dawoud.
En plus, le phénomène représente des risques énormes sur la santé.
Selon la concentration des 2 pigments de mélanine, il existe 7 couleurs naturelles de cheveux à savoir : le noir (couleur la plus commune dans le monde), le brun ou brunette, l’auburn, le châtain, le roux, le blond ou blondeur et enfin le blanc.
KANTAO Drissa
Source: Le Confident