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La Russie diminue à nouveau ses livraisons de gaz à l’Europe

Le spectre d’un hiver sans gaz que l’Europe croyait écarté, ou du moins éloigné, alors que Moscou rouvrait partiellement les vannes la semaine dernière, plane toujours sur le continent, qui peine encore à s’organiser pour contrer les manœuvres de Moscou.

Le gazier russe Gazprom a annoncé lundi 25 juillet qu’il réduirait de moitié ses livraisons de gaz à l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1. Le flux, qui ne fonctionnait qu’à 40 % de ses capacités maximales depuis le 21 juillet, passera ainsi à 20 % (33 millions de mètres cubes de gaz), à partir de mercredi. “Une décision qui risque de laisser le continent à court de ressources essentielles avant l’hiver”, s’inquiète le Financial Times. Et qui dans l’immédiat a fait grimper le prix du gaz de 12 %, à 183 dollars (179 euros) le mégawattheure.

La raison invoquée est, comme lors de la précédente interruption, “le besoin de maintenance des turbines”, rapporte le quotidien économique anglais. Sur les six turbines Siemens qui font fonctionner la station de compression de Portovaya, une seule serait en état de marche, selon le gazier russe, tandis qu’une autre, récemment réparée au Canada, n’est toujours pas revenue, “à cause des sanctions”, accuse Moscou. Interrogé par le quotidien économique allemand Handelsblatt, le fabricant explique de son côté qu’il est prêt à l’expédier à Gazprom, mais qu’il lui manque “des documents douaniers nécessaires pour importer en Russie”, qui ne peuvent “qu’être fournis par le client”.

Cet imbroglio technico-douanier ne convainc cependant aucun observateur. Toujours dans les pages du Handelsblatt, des experts de l’industrie gazière affirment qu’ “une seule turbine n’est pas responsable du fonctionnement de l’ensemble d’un pipeline”. “Vous installez toujours plusieurs turbines et vous avez des remplacements pour assurer le débit de gaz à tout moment”, assurent-ils. Quant à la probabilité que quatre turbines soient tombées en panne en même temps, elle est très faible, surtout “compte tenu de la fiabilité antérieure des flux de Nord Stream et des opérations de Gazprom en général”, précise Stefan Ulrich, analyste chez Bloomberg. “Cela conforte donc ceux qui affirment que les réductions de flux sont purement politiques”, conclut-il.

“Affaiblir le soutien à l’Ukraine et diviser notre société”

C’est l’avis du ministre allemand de l’Économie Robert Habeck, rapporté par le quotidien Süddeutsche Zeitung : “la Russie rompt les traités et blâme les autres”. Selon Habeck, la stratégie de Poutine est transparente : “affaiblir le large soutien [européen] à l’Ukraine et diviser notre société”. Pour répondre à cette menace, défend le journal munichois, il faudra “de l’unité et une action concentrée”. Parmi les mesures envisagées : “la construction très rapide d’infrastructures de gaz naturel liquéfié, le remplissage des installations de stockage et la réduction de la consommation”.

Cette situation avait été anticipée par la Commission européenne, qui a proposé la semaine dernière une législation visant à réduire la consommation des États membres de 15 %. Un “Plan hiver” qui sera discuté mardi par les ministres européens de l’Énergie lors d’un Conseil extraordinaire qui s’annonce tendu. Car cette proposition “n’est pas passée comme une lettre à la poste”, écrit Le Soir, de nombreux gouvernement souhaitant s’en exempter.

Sauf qu’ “il n’y a pas de plan B”, assure au quotidien belge un haut responsable de l’UE, qui ne cache pas que la négociation sera “très difficile : il faut un équilibre, le soutien d’un maximum d’États membres, tout en gardant l’ambition” de la proposition initiale. “Cela nécessite beaucoup d’efforts, dans un esprit de solidarité. Chacun doit contribuer autant que possible.”

“Le chantage marche”

La Russie joue ici un jeu stratégique”, explique au Wall Street Journal Simone Tagliapietra, chargée de mission au groupe de réflexion économique Bruegel, basé à Bruxelles. “Faire fluctuer un flux déjà faible est préférable à une coupure totale. Cela permet de manipuler le marché et d’optimiser l’impact géopolitique”, analyse-t-elle.

Mais cette stratégie n’est pas sans risque pour Moscou, constate le quotidien financier américain, “car les exportations de gaz, contrairement à celles de pétrole, sont limitées par l’infrastructure des gazoducs, dont la plupart sont dirigés vers l’Europe”. Et il sera encore plus complexe pour la Russie de vendre son gaz à d’autres clients, que pour l’Europe de lui substituer de nouveaux fournisseurs.

Pendant que l’Union européenne discute de la meilleure stratégie à adopter, l’Ukraine, par la voix du Kyiv Independant, met en garde ses voisins occidentaux contre “le chantage” russe. Le journal en ligne rappelait le 22 juillet que le président Volodymyr Zelensky avait imploré le Canada de ne pas y céder, en refusant de renvoyer la turbine réclamée début juillet par la Russie. Ottawa l’a tout de même fait, ce qui a, selon le média ukrainien, “envoyé un message dangereux à Moscou : le chantage marche”. Trois jours plus tard : Moscou a utilisé son principal pipeline de gaz “comme une arme”.

Source: Courrier international

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