L’ambassadeur de Russie au Mali, Igor Gromyko, a déclaré dans la mi-août 2022 pour l’agence russe Sputnik, en marge de la cérémonie officielle de passation de pouvoirs à la suite présidentielle de l’aéroport international de Bamako que « la Russie a livré 12 avions militaires, dont 4 hélicoptères de combat et 8 avions de transport tactique notamment des chasseurs Su-25 et L-39, ainsi que des hélicoptères de combat Mi-24 et Mi-8, et des avions de transport tactique Airbus C-295», soulignant le renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays.
«La coopération avec le Mali se passe très bien dans le domaine militaire et dans d’autres domaines, et aujourd’hui 12 unités ont été livrées lors d’une cérémonie officielle avec la participation du président de la République, le colonel Assimi Goïta, et du ministre de la Défense, Sadio Camara», a ajouté M. Gromyko au média Russe en poursuivant «j’ai parlé avec le président de la période de transition et il était très reconnaissant. Bien sûr il a exprimé sa gratitude à la partie russe pour notre relation très sincère et très positive, le Mali a un besoin urgent de cet équipement, compte tenu de la propagation de divers mouvements terroristes dans le pays», notant que «ces unités seront utilisées dans les combats menés par l’armée malienne. Par conséquent, le président du pays est très heureux avec notre coopération. » Compte au ministre malien de la Défense, Sadio Camara, ce dernier a déclaré, lors de son allocution devant le président du Conseil de transition : «Je dois dire que la célébration d’aujourd’hui est historique, par la nature et la qualité des armes exposées, dont font partie celles qui ont été reçues alors que les autres sont actuellement engagées dans des opérations sur le terrain, au moment même de cette cérémonie. Tous nos remerciements pour le président du Conseil de transition, le colonel Assimi Goïta, et pour le partenariat gagnant-gagnant avec la Fédération de Russie». En plus du président du Conseil de transition et de l’ambassadeur Gromyko, la cérémonie s’est déroulée en présence du Premier ministre du Mali, Choguel Maïga, et du président du Conseil national de transition, le colonel Malick Diaw.
Le 20 mai 2022 le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a annoncé que «la coopération entre la Russie et le Mali dans les domaines militaire, technique et politique est à un bon niveau, il existe un bon niveau de coopération politique entre nos deux pays. Et dans le domaine de la sécurité, notre coopération porte des fruits et des résultats tangibles». Et en mars dernier, le gouvernement malien a reçu des hélicoptères de combat de la Russie pour soutenir son armée dans la lutte dans les combats sanglants qui durent depuis des années dans le pays. En avril dernier, la Russie avait félicité le gouvernement malien pour sa grande victoire sur la menace terroriste, louant la récente opération militaire dans la ville de Mora, au centre du pays. Les colonels, qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 dans ce pays en pleine tourmente sécuritaire, ont décidé de se séparer de l’allié français engagé militairement contre les djihadistes depuis 2013 sans parvenir à mettre fin à cette menace. La propagation djihadiste s’est étendue au centre et au sud du Mali, ainsi qu’aux Burkina Faso et Niger voisins. Le Mali a reçu en mars 2022 plusieurs hélicoptères de combat et des armes. Le Mali a accueilli en grand nombre des instructeurs russes.
La France était forcée de quitter le Mali
Le ministère français des Armées a annoncé que les derniers militaires français avaient quitté le Mali le 15 août 2022 après neuf ans de présence de la force Barkhane, sur fond de relations entre Paris et les militaires au pouvoir à Bamako. «Ce jour à 13h, heure de Paris, le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger», a ainsi fait savoir l’état-major français dans un communiqué, cité par l’APF. La présidence française a affirmé que la France reste engagée au Sahel ainsi que dans le Golfe de Guinée et dans la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme. Le 17 février dernier, constatant que les conditions politiques et opérationnelles n’étaient plus réunies pour rester engagée au Mali, la France avait décidé de réorganiser le dispositif de l’opération Barkhane en dehors du territoire malien, a rappelé l’Elysée. La présence militaire au Sahel sera divisée par deux d’ici la fin de l’année, à 2 500 militaires. Le Niger a accepté le maintien d’une base aérienne à Niamey et l’appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne. Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N’Djamena et la France espère conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, la capitale burkinabè. Forcée de partir par les militaires au pouvoir à Bamako, les Français ont transféré ces six derniers mois toutes leurs emprises à l’armée malienne, dont la dernière, à Gao, le 15 août. Au total, la France a dû sortir du Mali quelque 4 000 containers et un millier de véhicules, dont des centaines de blindés. Plus de 2 000 civils ont été tués au Mali, Niger et Burkina Faso depuis le début de l’année dans cette région de conflit.
Oki Faouzi