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LA RHÉTORIQUE ENTRE HERVÉ LADSOUS ET LE PRÉSIDENT DU MALI

En réaction à l’adresse du président malien, le 15 mai 2015, le Secrétaire Général- adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la Paix, Hervé Ladsous semble avoir été gagné par l’émotion, témoigne le ton de son discours. Pour les observateurs c’est le signe d’un manque de confiance qui a connu son point culminant le jour de la signature de l’accord d’Alger rejeté par les rebelles-terroristes du CMA. Ce comportement des rebelles doit être qualifié d’affront à l’égard de la Communauté internationale dans son ensemble. Cela n’empêche pas certains membres de la médiation animés de bonne foi de croire au mirage et la diversion de ces groupes rebelles qui ont pourtant tranché avec leur position. Pour eux l’exigence se résume à la division tribale du territoire malien ou rien. Ils n’hésitent pas à invoquer comme argument fallacieux, une base sociale qui n’existe pas. L’histoire récente de Ménaka a démontré qu’en dehors de Kidal à dominance Ifoghas, ils ne bénéficient d’aucun appui de la population civile malienne d’aucune autre région du Mali où ils n’ont semé que la terreur en complicité avec leurs alliés jihadistes et terroristes d’AQMI, etc.

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Revenons au discours de M. Ladsous qui a été interprété par la majorité des citoyens maliens comme une tentative de faire transparaître «un parti pris» à travers sa rhétorique et son ambivalence. Ce qui contrastait nettement avec les autres discours des autres intervenants. Il a parlé d’un manque de« minimum de  reconnaissance» envers la MINUSMA. Rappelant à cet effet que la « MINUSMA a toujours agi avec « neutralité» et que c’est l’une des «opérations dont le coût humain est très élevé pour les casques bleus». D’ailleurs nous sommes persuadés que ces derniers ne demandent pas autre chose que de pouvoir se défendre. D’où la nécessité impérative de modifier le mandat dans un rôle plus robuste, soit le changement de chapitre, soit envisager d’autres mécanismes qui ont déjà fait leur preuve comme une brigade d’intervention etc. Nous reviendrons plus tard sur son propos concernant le coût humain pour lequel il a raison sur le fond.
En faisant son reproche au président malien qui n’a dit que ce que tous les maliens pensent, il a engagé une polémique et sa déclaration semble faire ressortir une position défensive face au rôle de « passivité» qui avait déjà été signalé  par un officiel français parmi tant d’autres observateurs de la scène internationale. Ce n’est pas glorieux, car il soulève la question de responsabilité de la protection du personnel militaire et civil de la MINUSMA et surtout à qui cela incombe. Si nous faisons la lecture du mandat de la MINUSMA, il faut établir à qui incombe cette responsabilité à l’absence de toute collaboration et action opérationnelle des FAMA. Pour certains observateurs, à tort ou à raison, ceux-ci font remarquer que c’est la première fois dans une mission de maintien de la paix que «la souveraineté d’un État est mise sous séquestration, allusion faite au cantonnement d’une armée nationale privée de son pouvoir régalien d’assurer la protection nationale de sa population civile alors que cette responsabilité lui est reconnue aussi bien qu’à la MINUSMA dans les textes de la résolution 2100(2013) du conseil de sécurité. Malheureusement d’après la population malienne et certains observateurs internationaux, cette priorité du mandat de la MINUSMA n’a jamais été assurée  par la MINUSMA à l’absence d’une armée nationale confinée au cantonnement, fait rare. On peut même relever un exemple d’incohérence et de duplicité lorsque la population Touarègue manifeste à Kidal avec des jets de pierre, c’est la liberté de manifester considérée comme un droit démocratique alors que tout récemment dans un incident isolé survenu à Gao, des civils innocents, non armés, ont été réprimés dans le sang par des éléments de la MINUSMA, pendant qu’ils  manifestaient pacifiquement. Mais selon certains observateurs qui ont critiqué la situation  ce droit ne leur était pas reconnu sauf à «ceux qui ont la peau rouge». Ces observateurs  relèvent un manque d’impartialité et de justice. Il s’agit peut être d’un détail moins important pour M. Ladsous. Il faut ajouter à tout cela pour mieux illustrer l’absence de protection de la population civile,  les multiples exactions, vol et pillages des biens des populations civiles du Nord par les combattants du CMA dont les faits sont passés sous silence par M. Ladsous, au vu et au su de la MINUSMA et BARKHANE. Mais le chef des opérations de maintien de la paix était plus préoccupé par l’action courageuse de Gatia qu’il accuse de violer le cessez-le-feu et d’avoir occupé Ménaka. Gatia est composé de Touarègues et soutenu par la population de Ménaka a pris l’initiative face à l’inaction, de mettre fin à un spectacle pour protéger cette population des crimes du CMA, car les éléments des forces de la MINUSMA s’étaient résignés en observateurs, d’après certains analystes. On aurait souhaité que M. Ladsous aborde la question des allégations concernant les armes françaises saisies à Ménaka sur les rebelles du CMA, n’eut été l’effort des éléments patriotes de Gatia, une autre preuve de neutralité.
Les mêmes analystes poursuivent en reprochant à M. Ladsous d’avoir rappelé le coût humain subi par des militaires de la MINUSMA, soit 35 morts. Ils reconnaissent que ce bilan est déplorable, mais ils disent ne pas comprendre pourquoi M.Ladsous  n’a pas saisi également l’occasion pour faire preuve d’impartialité en relevant également le coût humain subi chaque jour par l’armée malienne cantonnée dont l’incident récent de l’embuscade tendue aux FAMA entre Goundam et Tombouctou a fait 9 morts. A ce drame, il faut ajouter le coût humain subi chaque jour par la population civile qui  n’est pas encore  protégée par la MINUSMA. Cet oubli significatif de la part de M. Ladsous relève –t-il de l’effet de l’émotion à l’adresse de IBK ? Sur ce point il faut comprendre le sentiment de la population malienne qui estime que M. Ladsous s’est éloigné des principes d’équité et valeurs qui fondent le système des Nations Unies dans le cadre de la gestion d’un conflit, eu égard surtout à l’esprit d’impartialité que :«toute vie humaine est importante et précieuse» Depuis la création de la MINUSMA et SERVAL jusqu’à ce jour, il y a eu plusieurs critiques des observateurs au sujet d’une apparence d’incohérence dans l’application des résolutions du conseil de sécurité définissant les mandats de la mission au Mali. Mais, ils relèvent qu’aucune correction n’est intervenue : qu’il s’agisse du désarmement et cantonnement des groupes rebelles, préalable à toute forme de négociation, qu’il s’agisse du déploiement complet de l’administration malienne dans toutes les régions(fait à moitié), qu’il s’agisse du redéploiement de l’armée malienne dans toutes les régions y compris Kidal devenu une enclave tribale au sein du Mali. Paradoxalement les maliens constatent plutôt le cantonnement de leur armée nationale dont la souveraineté est bradée contre la liberté de mouvement des rebelles avec leurs armes, circulant au nord du pays pour aller attaquer, massacrer, violer et piller dans le cadre du fameux cessez-le-feu dont M. Ladsous fait allusion. Il n y a que Gatia et FAMA qui doivent respecter le cessez-le-feu et non les hommes bleus de CMA qui se sont distingués pour avoir commis des actes terroristes tel que établi par le rapport conjoint HCDH-MINUSMA. D’après l’opinion publique malienne, il y a une certaine complaisance  lorsqu’ils constatent que CMA se fait prier de signer un accord que ses dirigeants ont rejeté. Dans ces conditions, s’interrogent-ils sur la neutralité de la MINUSMA. Pour eux, le constat des uns et des autres semblent être accablant envers la MINUSMA, à savoir s’il s’agit d’un véritable disfonctionnement ou d’incohérence du mandat. Apparemment, un réajustement s’impose pour rétablir la confiance entre la MINUSMA et le Mali. M. Ladsous a insisté sur un minimum de reconnaissance. Il faut le rassurer que le peuple malien est un grand peuple avec des valeurs historiques et culturelles qui témoignent de sa grandeur. Le peuple malien est plus que reconnaissant de l’intervention française, de l’engagement des Nations Unies à travers la MINUSMA pour son accompagnement dans cette crise, illustré par l’organisation des élections et la recherche d’un accord de paix( on peut citer l’accord d’Alger). Le peuple malien est également reconnaissant à juste titre de la médiation Algérienne et de tous les autres pays impliqués dans le processus. Mais il est important de rappeler que le peuple malien est fier de son histoire, jaloux de sa dignité et de son honneur. Le sentiment général qui se dégage chez chaque malien et certains analystes, c’est la perception réelle ou fausse d’un manque de transparence, de duplicité, de contradiction, d’incohérence et de partialité dans certaines actions sur la gestion de la crise malienne. Alors qu’à l’échelle internationale, il y a un fait qui est admis comme règle : « c’est le refus de négocier avec des terroristes». Cette qualification de «terroriste» est reconnue dans le rapport conjoint CHDH-MINUSMA, établissant que des actes terroristes ont été commis par le CMA. Les faits démontrent qu’ils sont complices des jihadistes, des terroristes et des narco-trafiquants. La suite des événements nous édifiera dans le futur. S’agissant de l’interprétation de M. Ladsous, il déclare que «nous ne sommes pas dans un scénario d’imposition de la paix».
Les maliennes veulent comprendre le sens de son idée. Examinons le théâtre des opérations militaires dans un contexte comme au nord du Mali où il n y a pas eu de désarmement ni de cantonnement des belligérants rebelles  qui continuent à s’approvisionner en armements et qui poursuivent les affrontements. De plus ils ont rejeté la signature de l’accord de paix auquel ils étaient partie au processus; comment peut-on stabiliser dans un contexte où les préalables à la paix ne sont pas réunis. Comment éviter les opérations meurtrières des rebelles du CMA si la MINUSMA ne prend pas ses responsabilités d’imposer un minimum de sécurité pour protéger la population civile ou faudrait-il s’en remettre à la bonne foi des rebelles terroristes qui ont déjà annoncé leur couleur. Soit d’imposer leur volonté au Mali et à la communauté internationale par l’usage de la violence et de la lutte armée. Selon M. Ladsous à la question de savoir s’il y a un délai de signature par CMA. Il répond « pas de délai, le plutôt que possible, plus vite c’est mieux». Ce sursis accordé aux rebelles du CMA, pour les maliens, est la démonstration d’une partialité et même d’une faiblesse; car selon certains qui se réfèrent aux conditions imposées à l’armée malienne. «Quand il s’agit des FAMA, c’est plus facile de leur donner une injonction comme l’interdiction d’être déployé à Kidal  qui pourtant, fait partie du Mali. Ce genre d’obstruction fait-il aussi partie du mandat de la MINUSMA et BARKHANE cette ingérence dans des décisions de souveraineté malienne ?» Pour d’autres analystes, la création d’une zone d’exception donne l’impression que Kidal est devenu la reproduction d’une enclave ethnique et tribale, considérant que des citoyens noirs maliens ont été chassés de Kidal devant les yeux  de la MINUSMA et BARKHANE; sans aucune réaction de leur part, alors qu’on continue à parler d’un mandat de protection de la  population civile au Mali.
Finalement, tout le monde reconnait que l’une des vertus de la diplomatie c’est la patience. A vouloir forcer les rebelles du CMA à signer un document qui n’est pas l’expression de leur volonté alors que leur adhésion doit être consensuelle sans contrainte ni pression, c’est ouvrir la voie à un précédent très dangereux dans la gestion des conflits surtout dans le cadre des opérations de maintien de paix. Quelle sera la valeur d’un tel accord arraché qui risque de poser un problème d’interprétation dans le futur. Les efforts ont atteints leur limite. Ceux qui ont refusé de s’inscrire dans la logique de paix doivent être libres de signer ou de ne pas signer. Cependant, ils doivent savoir que l’anarchie n’est plus tolérable dans le pays. En conséquence, le conseil de sécurité doit adopter une position de fermeté sans équivoque, ordonner le changement du mandat de la MINUSMA, ordonner le désarmement et le cantonnement des groupes sans délai. Quant à la CPI, elle doit déclencher l’action judiciaire pénale internationale. M. Ladsous a manqué le rendez-vous avec l’histoire pour réaffirmer les dispositions des résolutions du conseil de sécurité dont notamment la résolution 2100(2013) afin de rassurer les maliens qui sont restés avec une autre perception de son rôle. Un niveau de responsabilité qui est incompatible avec la rhétorique polémique surtout dans un rôle de médiateur.
( réflexion de Boubacar Touré, consultant international, Canada )

Source: Lerepublicainmali

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