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La question de l’émigration : Il faut de la décence chez les Occidentaux !

Que va-ton à présent dire sur l’émigration de l’Afrique vers l’Europe occidentale ? Tout a déjà  été dit ou presque. Un adage de chez nous affirme cependant qu’il vaut mieux dire la même chose cent fois que de rester incompris. Aujourd’hui encore, il importe de se demander entre autres: pourquoi l’émigration et que faut-il face à cette peste pour l’Afrique ?

L’archevêque anglican sud africain Desmond M’Pilo Tutu a coutume de dire: «L’histoire se charge de nous enseigner ce que nous n’avons pas su apprendre de l’histoire.»

L’histoire nous apprend que le phénomène de migration est aussi vieux que l’humanité. En fait, tous les êtres capables de mobilité ont toujours cherché et cherchent toujours des zones favorables à l’entretient et au développement de la vie et cela est valable en particulier pour l’homme.

Ainsi, il est aisé de constater que l’être humain a migré de l’Afrique vers d’autres horizons à la recherche du mieux-être, d’une vie meilleure. Les Européens, à la recherche de ce mieux-être, sont allés à la conquête de l’Afrique, où ils ont trouvé une nature hostile mais surtout généreuse.

Il convient donc de rappeler que cette volonté de se servir de l’Afrique les a conduits à la mise en route de l’odieux commerce triangulaire qui a consisté à quitter l’Europe pour l’Afrique en vue de se ravitailler en bras valides contre de la pacotille pour aller servir dans les plantations du Nouveau Monde (Amérique). Ce commerce, encore appelé traite négrière, a dépeuplé le continent africain de 400 millions de bras valides et cela sans la moindre contrepartie pour les peuples africains.

Non contents de cette boulimie à l’encontre de l’Afrique, les Européens de l’Occident capitaliste ont tout simplement envahi l’Afrique pour s’y installer en vue de s’approprier de toutes les richesses naturelles du continent. Pour réussir cette sale besogne, ils ont dû procéder aux guerres de conquête coloniale.

Sachant que celui qui s’approprie des terres au moyen des armes doit absolument conquérir les cœurs d’où l’intrusion du christianisme chez nous comme moyen idoine de domination idéologique des peuples d’Afrique. C’est pourquoi on dit que la colonisation est venue en Afrique l’épée dans la main droite et la Bible dans la main gauche.

L’on ne dira pas assez que par ces péripéties  de l’histoire, l’Europe occidentale a violé l’honneur et la dignité de l’homme noir pour des raisons économiques et géostratégiques ignobles.

C’est pour cela que le célèbre écrivain Emile Chancelle n’a pas manqué de dire: «La colonisation fut parfois véritablement de la chirurgie sociale.» L’on comprend donc ce cri de cœur du vieux sage antillais et combattant infatigable pour la cause de toutes les victimes de l’esclavage et de la colonisation en la personne de Aimé Césaire.

Il a écrit: «L’histoire avait fait de nous des sociétés vidées d’elles mêmes, des cultures piétinées, des religions assassinées, des magnificences  artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.»

Ce n’est ici l’occasion d’ouvrir une page de cette douloureuse histoire de l’Afrique. Disons simplement que par la faute du commerce des esclaves, le continent africain a perdu l’essentiel de ses bras de travail. Pour achever ce crime horrible contre les peuples africains, le colonisateur français a procédé chez nous à la substitution des cultures de rente aux cultures vivrières.

La suite: les peuples d’Afrique ont été soumis à la famine permanente et donc à la dépendance économique du continent. Comme l’a si bien le président ivoirien feu Félix Houphouët Boigny: ‘’Un homme qui a faim n’est pas un homme libre’’. Ainsi, par le fait colonial, l’Afrique est passée d’une économie indépendante et autocentrée à une économie extravertie et dépendante.

Mais le guide soviétique Joseph Staline avait coutume de dire: «Une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre.» Cette prise de position de l’URSS contre la colonisation vient conforter les peuples d’Afrique dans leur combat pour l’indépendance contre les colonialistes anglo-français.

La Deuxième Guerre mondiale a fait tomber pour toujours le mythe de l’invincibilité du Blanc. Le vent des indépendances a soufflé sur le continent africain. L’Afrique sortait ainsi déplumé d’une triste période de son histoire. Mais comme le dirait l’autre, ‘’le Blanc est parti pour mieux rester’’.

Les différents pouvoirs qui se sont succédé en Europe occidentale ont tous travaillé à spolier notre continent. Ils ont, chacun à sa façon, créé de toutes pièces des foyers de tension, des guerres, la famine, avec leurs lots de morts, de mutilés, de disparus.

Le Soudan, la Somalie, la Centrafrique, le Liberia, la Sierra-Leone, le Mali, la Libye (pour ne citer que cela) sont aujourd’hui victimes d’instabilité de tous ordres. Pendant que les morts ne se comptent plus chez nous en Afrique et donc avant tout au Mali, la sempiternelle question se pose toujours : faut-il attendre chez soi la faim, la misère, les mauvaises conditions de santé, la mort ou bien tenter une aventure à l’issue presque incertaine ?

La jeunesse africaine, prise dans l’étau de la misère et de l’humiliation, se sachant plus sur quels dirigeants compter, s’engage sur le chemin de l’aventure à la recherche du mieux-être ou tout simplement pour sauver la vie. Le plus souvent les portes de l’Europe sont hermétiquement fermées à ceux d’Afrique qui veulent tenter leur chance  ailleurs à la recherche d’un hypothétique bonheur. C’est bien cela que l’on nomme «l’émigration clandestine et immigration clandestine».

Ceux des jeunes de notre continent qui survivront au parcours du combattant, vivront dans l’Hexagone comme des souris dans la cité des chats, errant à la recherche d’hypothétiques miettes et d’incertaines fortunes. Là-bas, ils sont appelés «les sans papiers». Quelle ignominie du langage !

Entrer dans l’avion de ces criminels et spoliateurs d’Afrique et sans papier ou emprunter des bateaux de passeurs sans papier ! C’est comme si on disait qu’il est possible d’apprendre à nager sans entrer dans l’eau. Quelle aberration !

Les portes du continent africain sont ouvertes aux Blancs. Mais en retour, au motif qu’ils n’ont pas de papier, nos jeunes reviennent nous reviennent de la France menottes aux poings comme des voleurs, des vagabonds, des criminels de grand chemin. Mais leur seul crime est et demeure, hier comme aujourd’hui, d’aller travailler chez. Il y a là un drame. Les responsabilités, il faut les situer à deux niveaux:

Premièrement, il ya l’indécence notoire des pouvoirs en Occident capitaliste et pour cause:

– Le sous-développement de l’Afrique est fortement  imputable à l’exploitation sans vergogne de nos richesses par des bourreaux capitalistes, des sangsues européens d’hier et d’aujourd’hui, appauvrissant ainsi pour longtemps nos peuples.

– Ces pouvoirs d’Occident capitaliste ne peuvent vivre chez eux sans créer chez des zones de guerre car c’est de cela qu’ils vivent et se maintiennent. Cela est d’autant exact que notre bonheur est leur malheur. C’est d’ailleurs ce grotesque clivage que résument leur démocratie et leur mondialisation.

– Leurs sales films constituent des moyens indécents et ignobles de perversion idéologique de nos masses laborieuses.

La deuxième responsabilité incombe aux gouvernants africains et pour cause:

– Ils ont pris effet et cause pour être les valets des pouvoirs spoliateurs à l’œuvre chez nous. Tandis qu’ils s’enrichissent démesurément, les masses laborieuses de leur pays s’appauvrissent inexorablement sans le moindre espoir d’un changement qualitatif dans leur mode de vie au quotidien.

– La corruption et la délinquance financière sont le lot quotidien de leur mode de gouvernance. Pour ces gouvernants africains, l’Europe constitue leur antichambre. Le coup de leur entretien est faramineux pendant que leurs peuples n’ont pas à manger.

C’est pourquoi le président ghanéen feu Kwamé Nkrumah n’avait pas manqué d’avertir: «La bourgeoisie africaine dès sa naissance avait déjà atteint l’âge de la maturité de la bourgeoisie industrielle».

Les fortunes colossales accumulées sur le dos des contribuables africains ne peuvent pas ne pas plonger les jeunes africains dans la perte totale de confiance en l’avenir, leur laissant ainsi deux choix: rester au pays et être dévorés par la misère; ou bien tenter le chemin de l’Europe et donc faire face au risque majeur d’être la proie des requins des océans ou tout simplement d’être abandonnés dans le désert sans eau ni nourriture, attendant de cette autre façon le trépas.

Nul doute qu’en Afrique, la mauvaise gouvernance constitue le goulot d’étranglement de nos économies. Il faut dire avec juste raison que cette mauvaise gouvernance est soigneusement encouragée par les pouvoirs capitalistes européens en mal de décence. L’on comprend donc pourquoi ils ne peuvent se désintéresser du choix de nos dirigeants.

Que faire donc face à la problématique de l’émigration des jeunes africains vers l’Europe ?

Il faut:

– D’abord, exiger des gouvernants africains la probité morale dans la gestion de nos affaires. Cela exige un changement des systèmes de gouvernance au lieu de changer les hommes. Pour ce faire, le rôle de premier plan doit absolument revenir à la jeunesse consciente car nos gouvernants ont trop prêché le ciel et ensanglanté les cœurs et les esprits.

Au sommet Afrique-France de 2005 à Bamako, la porte-parole de la jeunesse africaine en la personne de la camerounaise Marie Tamafo M’KOM a averti: «Nous ne voulons plus de déclarations et d’énièmes plans d’actions, mais plutôt des mesures politiques structurées et opérationnelles par les Etats en vue d’améliorer efficacement les conditions de vie de la jeunesse africaine. Si les politiques ne s’occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens.»

– Exiger la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière pour assainir les économies africaines.

– Mettre au musée de l’histoire politique tous ceux qui ont contribué à la décadence de l’Afrique.

– Que les peuples d’Afrique se tournent vers un nouveau type de coopération en lieu et place de celle qui spolie jusqu’ici nos peuples travailleurs et cela, depuis les années 1990.

– Fonder tout espoir de développement du continent sur les peuples travailleurs. Cela conduit à rejeter systématiquement toute aide qui ne nous permet pas de nous passer de l’aide.

– Combattre l’impunité dans les instances dirigeantes d’Afrique.

– Réduire considérablement le train de vie de nos gouvernants qui, au lieu de servir leurs peuples se servent de ceux- ci.

En tout état de cause, le Rwanda donne le bon exemple à l’Afrique : il faut vivre autrement et agir autrement. Le devenir de l’Afrique se trouve donc dans les mains des peuples d’Afrique. Il est du devoir de la jeunesse consciente africaine d’accomplir sa mission.

Fodé KEITA

 

La rédaction 

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