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La paix par la lecture : MaleBooks distribue des liseuses pour l’ancrage de la culture de la paix au Mali

Quand de jeunes étudiants bénévoles français décident de voler au secours des élèves et étudiants du Mali afin de les aider à surmonter certaines difficultés didactiques, cela donne MaleBooks. Un projet qui vient de permettre d’offrir des «Liseuses numériques» à une cinquantaine d’entre eux. C’était le vendredi 12 septembre 2014 à Jokkolabs, à l’Hippodrome de Bamako. De véritables «bibliothèques ambulantes» pour non seulement promouvoir la lecture, mais aussi et surtout contribuer à l’ancrage de la culture de la paix.

«L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde», disait le très regretté Nelson Mandela. Et la lecture est un axe important de cette éducation. Malheureusement, dans notre pays, «un étudiant du Supérieur peut obtenir une maîtrise en droit, sans avoir jamais lu de roman. Pourtant la lecture développe l’ouverture d’esprit». Cela se comprend aisément pour qui sait que nos écoles ne sont pas généralement dotées de bibliothèque. Les bibliothèques publiques existantes sont peu nombreuses et très pauvres.

Ce projet, selon Louis Gaudin, est parti du constat qu’au Mali, «la lecture développe l’ouverture d’esprit, l’expression écrite et orale, la tolérance, la curiosité… Plus on lit, plus on est ouvert d’esprit et sensible à la paix. C’est un excellent facteur de développement personnel». «Fort de ce constat, nous avons demandé à Jokkolabs, un centre de réflexion et d’action sociale présent au Mali, de réfléchir à des solutions concrètes, directement applicables aux étudiants ayant un accès limité à l’éducation et à la culture», explique Louis Gaudin, acteur de la mise en œuvre du projet.

D’une réflexion commune avec les associations de blogueurs, des membres du ministère de l’Education, des entrepreneurs et d’autres Ong, une solution a émergé : promouvoir la lecture avec une liseuse numérique. «La lecture d’un roman est un luxe qui ouvre des perspectives étonnantes aux rares personnes qui y ont accès. Il s’agit, entre autres, de l’amélioration de la rédaction et du vocabulaire, l’ouverture sur le monde, de l’acquisition d’une meilleure culture générale, de l’incitation à l’autoréflexion, à l’ouverture sur des opportunités professionnelles…», justifient les parties prenantes au projet.

Contrairement aux livres dont l’accès est souvent difficile à cause du coût et de la distribution, la liseuse offre des avantages indéniables. Elle est légère (environ 200 grammes), donc beaucoup plus facile à transporter que quelques les livres. Elle possède également une importante capacité de stockage comprise entre 2000 et plus de 4 000 livres. Et dans «un environnement où tout se prête et se re-prête, une liseuse aura une durée de vie beaucoup plus longue qu’un livre», soulignent les initiateurs du projet. Et qui plus est, bien que nécessitant une alimentation électrique, celle-ci consomme très peu de courant électrique. La liseuse a une autonomie d’environ un mois après deux heures de charge.

Sans compter que les liseuses sont aussi accompagnées d’une plaque solaire pour qu’elles soient utilisables dans les zones dépourvues d’électricité. «Notre projet consiste donc à mettre des liseuses à la disposition de jeunes maliens pour qu’ils en tirent un bénéfice immédiat et réel. C’est un projet de terrain, car il intègre une phase de formation des utilisateurs sur place. Ceci nous permettra également de vérifier la bonne transmission du matériel et de son contenu. Il s’agit d’une action pilote permettant de mesurer l’utilité et l’impact des liseuses. C’est un test grandeur nature d’un modèle qui pourrait vraiment améliorer la situation des bénéficiaires», assure M. Gaudin.

De son exposé, on retient qu’il ne s’agit pas d’un projet logistique, mais d’une mission d’ensemble depuis le montage du projet en France jusqu’à la phase contrôle en passant par la distribution, la formation et l’utilisation des liseuses. Pour concrétiser le projet, une collecte a été organisée et a permis de mobiliser 5 023 euros auprès de bonnes volontés en France (4 228 Euros), au Mali, au Canada, en Allemagne, Kenya, Suisse et Slovénie. La générosité de ces donateurs, dont chacun a offert en moyenne 30 000 Fcfa, a permis l’achat de 43 liseuses. Celles-ci ont été équipées par la suite grâce à des partenaires associés au projet.

Les liseuses seront réparties en trois groupes. Ainsi, 12 liseuses seront distribuées dans la région de Ségou, au sein d’un lycée, sous la responsabilité d’un professeur qui gérera un groupe d’étudiants intéressés. Douze autres seront remises à des personnes sélectionnées à Gao. Et, enfin, 12 liseuses seront distribuées à des étudiants à Bamako. Dans la capitale, dix jeunes étudiants du Supérieur de niveaux différents et issus de diverses Facultés ont été sélectionnés et formés directement.

À la cérémonie du vendredi dernier, cinq liseuses ont été remises à des élèves et à un étudiant. Les élèves viennent des écoles de Sirakoro Méguétana (une fille et un garçon) et de Banconi (une fille et un garçon). Ils ont été sélectionnés sur la base des résultats de la session de 2014 du Def.

«C’est une initiative pertinente et novatrice. Nous souhaitons que les premiers bénéficiaires soient  des exemples pour que le projet puisse être pérennisé et profiter à d’autres élèves», a souhaité un enseignant invité à la cérémonie de présentation du projet. «C’est un privilège que d’avoir autant de livres dans un seul gadget et qu’on peut amener avec soi partout. Nous avons ainsi l’opportunité de profiter d’un aspect positif des TIC, de la révolution du numérique. Nous allons tout faire pour être à la hauteur des attentes, afin que d’autres puissent bénéficier de ce projet atypique», a déclaré un élève bénéficiaire.

Les initiateurs promettent un suivi rigoureux de l’utilisation, car, pour le projet, il est important de savoir si les liseuses sont utilisées à bon escient. Tout comme pour la pérennisation de l’initiative, il est utile de savoir s’il est pertinent de fournir des liseuses à ces élèves. «Les délégués de la Communauté des Bloggeurs du Mali (CBM) auront pour responsabilité de garder un contact régulier avec les utilisateurs-évaluateurs afin de s’assurer qu’aucun souci ne perturbe le déroulement du projet. Cependant, si les liseuses ne sont pas utilisées par manque d’intérêt uniquement, c’est pour nous un indicateur», assure Louis Gaudin.

Après une période initiale de 6 mois, éventuellement suivie d’ajustements puis une seconde période de 6 mois, les données collectées seront synthétisées afin de produire tous les indicateurs et de partager (en ligne) les données brutes. «Ces données nous permettront d’établir un rapport complet sur l’utilisation, la pertinence, l’impact et l’intérêt économique de la distribution de liseuses», poursuit-il.

Créé par trois étudiants de l’ESDES (Ecole de management à Lyon), MaleBooks est sous la direction de l’Association Human’ESDES. Il bénéficie du soutien de deux grands sportifs que sont Ladji Doucouré (champion du monde des 110 m haies et du relais 4×100 m en 2005) et Mohamed Diaby, porte-drapeau de la boxe malienne et égérie du groupe Wati B de Dawala. En plus de l’ESDES et de Jokkolabs, le projet a aussi comme partenaires le Collectif Cri de Cœur, la Communauté des Bloggeurs du Mali (CBM), l’Université Catholique de Lyon, Kiwix… Et pour le pérenniser et augmenter le nombre de bénéficiaires, de nouveaux donateurs seront les bienvenus.

Moussa BOLLY 

SOURCE: Le Reporter
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