Depuis 2013, la MINUSMA est engagée aux côtés des autorités maliennes dans le processus de stabilisation et pacification du pays. Le dialogue intercommunautaire et intracommunautaire est d’une importance capitale dans l’atteinte de cet objectif qu’est la paix durable.
La MINUSMA apporte donc son soutien aux communautés pour promouvoir ces différentes formes de dialogues. C’est, parmi d’autres attributions, le rôle de la Division des Affaires Civiles de la Mission qui, les 30 et 31 juillet derniers a initié, dans la ville de Koro (Cercle de Koro, Région de Mopti), un atelier préparatoire sur les dialogues communautaires dans l’ensemble dudit Cercle.
La région de Mopti est une région à vocation agropastorale où se côtoient et cohabitent les agriculteurs et les éleveurs. Cette cohabitation se passe parfois dans des conditions difficiles, pouvant aboutir à des conflits. Si le plus souvent ces conflits ont lieu entre agriculteurs, par endroits, ils peuvent également avoir lieu entre agriculteurs et éleveurs. S’ils sont pour la plupart mineurs, ces affrontements peuvent dans certains cas s’avérer extrêmement violents, avec leurs corollaires de coups et blessures, voire même de morts d’hommes.
Selon le Maire de Koro, « le pays dogon est très bouleversé par les multiples conflits, le plus souvent liés au foncier (à l’occupation des terres ndlr). Il est temps pour nous de chercher à les endiguer, afin que règne la paix et la quiétude. Et c’est l’occasion qui nous est donnée par la MINUSMA de préparer le processus de dialogue intercommunautaire, qui reste la seule alternative pour arriver à nos fins ».
C’est dans ce cadre que la Division des Affaires Civiles de la MINUSMA à Mopti a initié un atelier préparatoire des dialogues intercommunautaires pour une prévention et une gestion durable des conflits dans le Cercle de Koro en partenariat avec le Gouvernorat de Mopti et l’Association Nationale Ginna Dogon (une association de promotion de la culture Dogon).
Environ 217 personnes ont participées à cet atelier. Etaient présent Mme Mélanie Hauenstein, Cheffe de Bureau de la Minusma ; M. Moumouni Damango, représentant du Gouverneur ; les Préfets, les Présidents des conseils de Cercle, les Sous-Préfets, les Maires ; les Chefs de village, les membres des organisations de la société civile (RECOTRADE, Ginna Dogon, Tabital Pulaku, association des femmes, association des jeunes) ; ainsi que les juges de paix, la gendarmerie, la garde nationale, et la presse locale, à travers le correspondant de l’Agence Malienne de Presse et de Publicité (AMAP), et les animateurs des radios locales.
L’atelier préparatoire des dialogues communautaires de Koro avait pour objectifs de créer un cadre d’échange entre les décideurs et les acteurs sur la problématique des conflits dans le Cercle de Koro, et de proposer des recommandations permettant de poser les jalons des dialogues intercommunautaires pour la gestion durable des conflits dans le Cercle. Autrement dit : créer les conditions pour établir et entretenir le dialogue entre les uns et les autres, afin de trouver des solutions durable aux problèmes.
La MINUSMA a donc donné l’occasion aux participants, de proposer des pistes de solutions pour la gestion durable et pacifique des nombreux conflits qui minent le Cercle. Comme l’a rappelé Mme Mélanie Hauenstein, Cheffe de Bureau de la MINUSMA/Mopti , « la MINUSMA a initié cet atelier en partenariat avec les autorités régionales et la société civile en vue de rechercher les bases de consultations et de concertations entre les communautés afin de trouver des solutions aux conflits. » Elle a souligné que « La MINUSMA ne peut pas faire la paix à la place des Maliens, nous sommes là pour appuyer les autorités maliennes, la société civile ainsi que les communautés, à rétablir le vivre ensemble qui a toujours caractérisé la société malienne dans son ensemble. »
Le Président de GINNA DOGON, M. Mamadou TOGO, a saisi cette occasion pour déclarer que « sans paix il n y a point de développement. L’un conditionnant l’autre, il est temps et même grand temps que mes compatriotes comprennent qu’il faut arrêter les conflits de terre, de chefferie, d’Imamat et même de politique. »
Après la cérémonie d’ouverture présidée par le représentant du Gouverneur, les participants ont suivi des communications sur les conflits majeurs dans le Cercle de Koro. Ce sont entre autres, le conflit de Koporo Pen (opposant les agriculteurs Togo et Sagara), le conflit de Ombo (opposant les agriculteurs), le conflit de Dinangourou (opposant les agriculteurs dogons et les éleveurs peulhs) et le conflit de Socoura (opposant des agriculteurs dogons).
Les participants ont été regroupés en 4 sous-groupes de travail. Les 4 sous-groupes ont traités le même thème à savoir « les causes des conflits » et proposé des pistes de solutions et des recommandations.
L’Atelier a conclu sa séance par l’adoption des recommandations présentées par les groupes de travails.
L’initiative de la MINUSMA saluée par tous
Tous les acteurs présents ont tenu à saluer cette initiative de la MINUSMA, qui vise à regrouper tous les leaders du cercle de Koro et des Cercles voisins (Bankass et Bandiagara) afin de dégager des propositions de solutions pour réduire significativement les conflits dans la région.
Pour Alhaji OUSMANE BOLLY, leader religieux et représentant de L’AMUPI (Association Malienne pour l’Unité et le Progrès de l’Islam) à Koro, « cette initiative de la MINUSMA est la bienvenue et arrive au bon moment. Actuellement la région connait beaucoup de conflits avec la saison des récoltes. Des initiatives comme celles-ci permettent d’instaurer un dialogue entre les communautés afin de faire cesser les violences.»
- David SAGARA, ancien ministre, pense quant à lui que « toute initiative allant dans le sens de l’apaisement, des concertations et toute initiative allant dans le sens de réunir les gens pour qu’ils communiquent, sont des initiatives qui sont grandement à saluer. Je pense que cette initiative est pertinente, au moment où il y a un accord global qui est signé au niveau national. L’initiative de la MINUSMA pour le contact avec la société civile, avec les populations est une bonne approche. »
A souligner que des ateliers de suivi seront organisés dans les communes par la Division des Affaires Civiles de la MINUSMA à Mopti dans les semaines et mois à venir.
Source: Autre presse