«Des techniciens et des instructeurs étrangers sont présents dans le Nord-Est pour encadrer les troupes nigérianes», a-t-il indiqué. Citant des sources diplomatiques et sécuritaires, l’agence de presse britannique Reuters précise de son côté qu’une centaine sont actifs sur le terrain. Ils seraient pour la plupart de nationalité sud-africaine.

La presse sud-africaine a même révélé que l’un d’eux était mort le 9 mars dernier ; il aurait été victime d’un «tir ami». Il s’agit de Leon Lotz, un ancien membre d’une unité spéciale sous l’apartheid. Son convoi a été pris pour cible alors qu’il circulait dans l’Etat de Borno, tout près du territoire contrôlé par Boko Haram.

Travaillant pour une société militaire privée dénommée Pilgrim Africa Ltd, il a été, selon le journal Daily Maverick, touché par un tir de char. Leon Lotz était chargé de l’entretien des véhicules de l’armée nigériane. Le chef de l’Etat nigérian a par ailleurs insisté, dans son entretien, sur le danger que Boko Haram représente pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Aussi, Goodluck Jonathan a expliqué qu’il n’était pas surpris par l’allégeance, le 7 mars dernier, de ce groupe criminel à l’Etat islamique. «Nous savons qu’il y a des liens. Peut-être pas le degré des liens ni la quantité d’armes fournies ou l’état du financement.

En tout cas, des membres de Boko Haram vont s’entraîner dans leurs camps et reviennent ensuite», a-t-il soutenu. Pourquoi, maintenant, le Nigeria recourt-il à des mercenaires alors qu’il se targue d’avoir l’une des plus puissantes armées d’Afrique ? Le déploiement de ces mercenaires correspondrait, selon des observateurs occidentaux, à des calculs politiques. Ceux-ci évoquent «un stratagème de dernière minute pour obtenir quelques succès sur le terrain (…) et un coup de pouce électoral». Pour le moment, cette stratégie semble donner des résultats. L’armée nigériane et ses alliés régionaux assurent ainsi avoir enregistré des victoires majeures contre le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria ces dernières semaines.

Et effectivement, il s’agit là d’une carte qu’utilise à volonté le président Jonathan, candidat à sa réélection le 28 mars. Le gouvernement nigérian a affirmé, mercredi, que 36 localités des trois Etats du nord-est du pays avaient été reprises depuis le début de l’offensive régionale, puis jeudi que les combattants de Boko Haram étaient désormais «chassés» de l’Etat d’Adamawa, l’un des trois Etats du nord-est du pays les plus durement frappés par les terroristes.

Concernant les difficultés rencontrées par son armée dans sa lutte contre Boko Haram, Goodluck Jonathan a regretté, dans l’interview accordée à VOA, que le Cameroun ait refusé à son pays le droit de poursuivre les terroristes de Boko Haram sur son territoire. Les inquiétudes de Lagos sont partagées par le Tchad dont les forces armées sont très impliquées dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région ; elles en sont même les leaders.

A ce propos, N’Djamena s’est dit particulièrement intrigué par le fait que «40% des armes saisies par les forces armées tchadiennes aux terroristes de Boko Haram sont de fabrication française. (…) Que ceux qui les fabriquent sachent que ces armes ne se retrouvent pas là où elles doivent être», a martelé le ministre tchadien de la Communication, Hassan Sylla Bakari, précisant toutefois qu’il ne désigne pas pour autant un pays comme étant le fournisseur d’armes de Boko Haram. Quoi qu’il en soit, cette découverte intrigue beaucoup et entoure Boko Haram et l’organisation autoproclamée Etat islamique d’une multitude de questions.