Les tensions s’accentuent entre Paris et Bamako : Joël Meyer, l’ambassadeur de France au Mali, a 72 heures pour quitter le pays, a annoncé ce lundi la junte malienne. Le Quai d’Orsay « prend note » de cette expulsion.
Les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade de la brouille entre Bamako et Paris, a annoncé ce lundi la télévision d’État.
« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », a annoncé un communiqué lu par la télévision d’État.
Bamako met en avant des déclarations « hostiles » de responsables français
Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations « hostiles » de responsables français à leur encontre.
L’expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, « fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées », dit le communiqué.
« Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations », ajoute le texte, dans lequel Bamako « réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ».
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait prévenu vendredi que son pays n’excluait « rien » dans ses relations avec la France.
Paris « prend note » de l’expulsion de son ambassadeur au Mali
« La France prend note de la décision des autorités de transition (maliennes) de mettre fin à la mission de l’ambassadeur de France au Mali. En réaction, la France a décidé de rappeler son ambassadeur », a indiqué le Quai d’Orsay. Paris exprime aussi « sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark », dont le contingent vient d’être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako.
Durcissement des tensions
Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n’ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique.
Le 25 janvier dernier, la ministre française des Armées Florence Parly a déclaré que la junte multipliait « les provocations ». Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d’« illégitime » et ses décisions d’« irresponsables », après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.
La France et ses alliés européens s’alarment aussi de l’appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d’exactions en Centrafrique et engagé sur d’autres théâtres. La junte persiste à démentir.
La junte, qui entend se maintenir plusieurs années à la direction du Mali, s’est braquée face aux pressions en invoquant la souveraineté nationale. Les officiels maliens s’en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu’à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali.
Source: leprogres