La visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Maison-Blanche cette semaine a fait tomber les masques sur 16 mois de manipulation des dirigeants occidentaux et de l’ensemble des médias de l’establishment occidental.
Le président des États-Unis Donald Trump a finalement renoncé au vernis washingtonien sur la destruction génocidaire de Gaza par Israël.
Il s’est toujours agi, nous a-t-il dit, d’un massacre made in USA. Selon ses propres termes, Washington va maintenant «prendre le contrôle» de Gaza et être celui qui va s’occuper de sa valorisation.
Le but de ce massacre a toujours été le nettoyage ethnique.
Les Palestiniens, a-t-il dit, pourraient être «installés» en un lieu où ils n’auront pas à «craindre de mourir d’un jour à l’autre» – c’est-à-dire d’être assassinés par Israël grâce aux bombes fournies par les États-Unis.
Gaza, pendant ce temps, deviendrait la «Riviera du Moyen-Orient», avec les «peuples du monde» – il entend par là les riches blancs comme lui – vivant dans de luxueuses propriétés en bord de mer à la place des Palestiniens.
Si les États-Unis «possédaient» Gaza, a insisté Trump , ils détiendraient également les eaux territoriales de Gaza, où se trouvent justement de fabuleuses réserves de gaz inexploitées susceptibles d’enrichir le nouveau «propriétaire» de l’enclave. Bien entendu, les Palestiniens n’ont jamais été autorisés à exploiter leurs propres gisements de gaz.
Trump a peut-être même laissé échapper par inadvertance le véritable nombre de morts infligé par le saccage d’Israël. Il a parlé de «tous – il y a 1,7 million ou peut-être 1,8 million de personnes» forcées de quitter Gaza.
Avant le 7 octobre 2023, la population se situait entre 2,2 et 2,3 millions de personnes. Où sont les 500 000 Palestiniens restants ? Sous les décombres ? Enfouis dans des tombes anonymes ? Dévorés par des chiens sauvages ? Vaporisés par des bombes américaines d’une tonne ?
La folie destructrice
Trump a présenté son plan de nettoyage ethnique comme s’il avait à cœur l’intérêt supérieur des Palestiniens. Comme s’il les sauvait d’une zone sinistrée par un tremblement de terre, et non par un voisin génocidaire considéré comme l’allié le plus proche de Washington.
Ses propos ont été accueillis avec stupeur et horreur dans les capitales occidentales et arabes. Tous prennent leurs distances face au soutien flagrant apporté à l’épuration ethnique de la population de Gaza.
Mais ce sont précisément ces mêmes leaders qui ont gardé le silence pendant les 15 mois qui ont vu Israël raser les maisons, les hôpitaux, les écoles, les universités, les bibliothèques, les bâtiments gouvernementaux, les mosquées, les églises et les boulangeries de Gaza.
Ensuite, ils ont invoqué le droit d’Israël à «se défendre», alors même qu’Israël a infligé tant de destructions que les Nations unies ont averti qu’il faudrait jusqu’à 80 ans pour reconstruire le territoire, soit quatre générations.
Que pensaient-ils qu’il se passerait au terme de la campagne de destruction que les États-Unis ont armée et soutenue sans réserve ? Ont-ils cru que les habitants de Gaza survivraient des années durant sans maison, sans hôpitaux, ni écoles, ni systèmes d’approvisionnement en eau, ni électricité ?
Ils savaient que le résultat serait le suivant : les Palestiniens démunis risqueraient de mourir dans les ruines, ou seraient contraints de partir.
Et les politiciens occidentaux n’ont pas seulement laissé faire, ils nous ont dit que c’était «justifié», que c’était nécessaire. Ils ont qualifié d’antisémites et de détesteurs de Juifs tous les dissidents, tous ceux qui ont appelé à un cessez-le-feu, tous ceux qui ont participé aux manifestations de protestation.
Aux États-Unis et ailleurs, des étudiants, souvent juifs, ont organisé des mobilisations massives sur leurs campus. En réponse, les administrations universitaires ont envoyé la police anti-émeute qui les a brutalisés. Par la suite, les universités ont expulsé les étudiants organisateurs et leur ont privé de leurs diplômes.
Et voilà que les politiciens et les médias occidentaux pensent que c’est le moment d’être scandalisés par les déclarations de Trump ?
Encore des morts
La franchise effroyable et brutale de Trump ne fait qu’accentuer la gravité du mensonge perpétré ces 16 derniers mois. Après tout, qui n’a pas compris que le cessez-le-feu en trois phases à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier, n’est lui aussi qu’un tissu de mensonges ?
C’était un mensonge avant même que l’encre n’ait séché !
C’était un mensonge car le cessez-le-feu n’a pas pour seul but de créer une pause dans le carnage. Il est également censé atténuer les dégâts causés à la population civile, mettre un terme aux hostilités et permettre la reconstruction de Gaza.
Or, rien de tout cela ne se produira – en tout cas pas pour les Palestiniens, comme Trump l’a clairement fait savoir.
Malgré ses affirmations, Israël n’a visiblement pas cessé de tirer ses munitions sur Gaza. Il continue à tuer et mutiler des Palestiniens, y compris les enfants, même si le tapis de bombes a cessé pour l’instant.
Ces morts et ces blessés ne sont jamais mentionnés dans les médias pour ce qu’ils sont : des violations du cessez-le-feu.
Les snipers israéliens ne tirent peut-être plus dans la tête des enfants palestiniens, comme ils l’ont fait quotidiennement 15 mois durant. Mais les enfants continuent de mourir.
Sans maison, sans accès à des hôpitaux fonctionnant correctement, ni à la nourriture et à l’eau, les enfants de Gaza meurent – la plupart du temps loin des regards, sans être comptabilisés – de froid, de maladie, de famine.
Même Steve Witkoff, l’envoyé de Trump au Moyen-Orient, affirme qu’il faudra probablement 10 à 15 ans pour reconstruire Gaza.
Mais les habitants de Gaza n’ont pas tout ce temps.
Ce mois-ci, Israël a institué une interdiction des activités de l’agence d’aide des Nations unies, l’UNRWA, dans tous les territoires palestiniens qu’il occupe illégalement.
L’UNRWA est la seule agence capable d’atténuer les pires excès de l’enfer qu’Israël a déchaînés sur Gaza. Sans elle, le processus sera encore plus entravé – et davantage de gens de Gaza mourront dans l’attente d’une aide.
Cécité
En réalité, Netanyahou n’a aucune intention de maintenir le «cessez-le-feu» au-delà de la première phase, l’échange d’otages. Ensuite, il a quasiment promis de relancer le massacre.
Lorsqu’Israël décidera d’y «retourner», l’administration Trump n’aura pas à payer, pas plus qu’il n’y a eu de prix à payer pour l’administration Biden.
Même maintenant, alors qu’Israël enfreint le cessez-le-feu, tirant sur des véhicules civils parce que les habitants ignorent les restrictions imposées par Israël sur leurs déplacements, les politiciens et médias occidentaux ferment les yeux.
Et lorsqu’Israël finira par rompre l’accord, ce qu’il fera, l’Occident se fera l’écho d’Israël, accusant encore le Hamas d’être à l’origine de ces violations.
Le cessez-le-feu est aussi un mensonge parce que, après avoir rendu Gaza inhabitable, l’avoir réduite à un camp de la mort, Israël a déplacé son activité génocidaire vers la Cisjordanie occupée, où il introduit progressivement les mêmes tactiques que celles employées depuis 15 mois dans la minuscule enclave côtière.
Le week-end dernier, il a fait exploser de grands secteurs du camp de réfugiés de Jénine, le pulvérisant, comme il vient de le faire pour la plus grande partie de Gaza et certains secteurs du Sud-Liban.
Israël s’en prend désormais à la Cisjordanie, qui n’est pourtant pas dirigée par le Hamas, mais par Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien qui qualifie de «sacrée» la collaboration de ses forces de sécurité avec Israël dans la répression de toute résistance à l’occupation illégale.
On notera également que la Cisjordanie n’a rien à voir avec l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Mais rien de tout cela n’est surprenant. Ces attaques n’ont jamais été que des prétextes au massacre de Gaza.
Le mensonge du cessez-le-feu vient s’ajouter à toute une série de mensonges passés, du Hamas décapitant des bébés à sa campagne de viols systématiques, pour laquelle il n’y a précisément aucune preuve.
Le mensonge alimente une nouvelle série de mensonges, comme la suggestion de M. Biden, le mois dernier, selon laquelle le cessez-le-feu permettrait aux habitants de Gaza de «rentrer dans leurs foyers». Sauf que ces foyers n’existent plus. Ils ont disparu parce que l’administration Biden a envoyé pour des milliards de dollars de munitions pour détruire Gaza.
Pourquoi, peut-on se demander, l’administration Trump cherche-t-elle à acheminer un milliard de dollars de munitions supplémentaires à Israël, si ce n’est pour qu’il puisse poursuivre la destruction et le massacre ?
Aucune honte
Le cessez-le-feu est un mensonge parce que tout ce qui s’est passé au cours des 16 derniers mois n’a été que mensonge. C’est le dernier de toute une série de menteries, chacune étant destinée à valider d’autres mensonges et à créer un récit global mensonger : le Grand mensonge.
Le Grand mensonge parle d’un «conflit» vieux de plusieurs décennies avec les Palestiniens, de la «lutte pour la survie» d’Israël dans la région. Le Grand mensonge occulte ce qui est réellement en jeu : le dernier projet colonial de l’Occident visant à éradiquer un peuple autochtone, en l’occurrence dans une région stratégiquement essentielle, le Moyen-Orient, riche en pétrole.
Selon ce Grand mensonge, le Hamas a «déclenché une guerre» le 7 octobre 2023 lorsqu’il a quitté le camp de concentration dans lequel les Palestiniens de Gaza vivent depuis au moins 16 ans, privés des besoins vitaux par leurs oppresseurs israéliens.
Selon ce Grand mensonge, les terroristes sont le Hamas, et non Israël, qui occupe, colonise et assiège illégalement la patrie des Palestiniens depuis trois quarts de siècle.
Selon ce Grand mensonge, le massacre par Israël de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants et la mutilation de plusieurs fois ce chiffre étaient indispensables pour «éliminer le Hamas», et non une preuve de l’intention génocidaire d’Israël, comme l’ont conclu toutes les grandes organisations de défense des droits de l’homme.
Même Antony Blinken, le secrétaire d’État de Biden, a admis – mais seulement, bien entendu, au moment où il quittait ses fonctions – que la folie meurtrière prolongée d’Israël a été un auto-sabotage total.
«Nous estimons que le Hamas a recruté presque autant de nouveaux militants qu’il en a perdus», a-t-il déclaré. «La recette d’une insurrection durable et d’une guerre perpétuelle».
Cette semaine, les responsables de Gaza ont profité de l’accalmie des attaques israéliennes pour réévaluer le bilan des morts. Ils l’ont révisé à près de 62 000 après avoir ajouté les noms des disparus, présumés morts sous les montagnes de décombres. Mais de nombreux autres morts n’ont sans doute pas encore été identifiés.
La décision de la Cour internationale de justice, il y a plus d’un an, selon laquelle il y avait des raisons «plausibles» de soupçonner Israël de commettre un génocide, a été occultée par les politiciens et les médias occidentaux, autre signe du Grand mensonge.
De plus, l’Occident s’est empressé de fournir à Israël les bombes nécessaires pour perpétrer les massacres qui ont conduit la Cour mondiale à juger Israël pour génocide.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a présenté la privation de nourriture de la population de Gaza par Israël comme une action légale de «légitime défense», pour compléter le mensonge colossal.
Pendant ce temps, les journalistes et d’autres politiciens omettent de mentionner les commentaires de Starmer pour lui éviter de rougir, même après que la Cour pénale internationale (CPI) a accusé Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, de crimes contre l’humanité pour cette même politique de famine.
Des médias apathiques
D’après le Grand mensonge, le Hamas détient des otages, tandis que les milliers de Palestiniens enlevés par Israël pour être utilisés comme monnaie d’échange dans les négociations actuelles – y compris des centaines de médecins, de personnel humanitaire et d’enfants – sont des «prisonniers», légitimement «arrêtés» comme suspects de terrorisme.
Selon ce même Grand mensonge, le gouvernement d’Israël devait détruire Gaza pour ramener les otages, mais les bombardements sur l’enclave se sont intensifiés au cours des derniers jours ayant précédé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, montrant un gouvernement manifestement peu préoccupé par la mort potentielle des otages.
Ce Grand mensonge consiste à dire que le nivellement de Gaza par Israël, le blocus de toute aide et la famine qui frappe 2,3 millions de personnes sont en quelque sorte justifiés et «proportionnés», et non pas destinés à rendre l’enclave inhabitable, dans le but de forcer les Palestiniens à partir et à se réfugier au Sinaï, un territoire égyptien voisin, ou dans d’autres régions du monde arabe.
Le mensonge du «cessez-le-feu» est en parfaite adéquation avec cet énorme mensonge.
Le Grand mensonge qui a prétendu que Biden «travaillait sans relâche» au cessez-le-feu qu’il aurait pu obtenir quelques jours après le 7 octobre 2023 par un simple coup de fil à Netanyahou. Le cessez-le-feu «durement acquis», proposé exactement sous la même forme en mai dernier, mais qui a dû être retardé parce qu’Israël avait besoin de plus de temps pour mener à bien son génocide.
Le Grand mensonge qui a acclamé Biden et Trump pour avoir réussi un coup diplomatique avec ce cessez-le-feu, alors que depuis plus d’un an, des millions de manifestants en Occident ont été calomniés, malmenés par la police et arrêtés comme des ennemis des Juifs pour avoir précisément exigé les mêmes mesures.
Le Grand mensonge qui, pendant des décennies, a présenté Washington comme un «honnête négociateur» alors qu’il est le plus grand pourvoyeur d’armes d’Israël, son apologiste le plus virulent, son homme de main le plus redoutable.
Le Grand mensonge qui a requis l’expulsion manu militari de deux journalistes lors de la conférence de presse d’adieu de Blinken, le mois dernier.
Chacun d’entre eux a tenté de nous rappeler que l’empereur Biden était nu dès le départ.
À ceux qui se demandent pourquoi les médias sont restés si apathiques au cours des 15 derniers mois – sans parvenir, avec Gaza, à susciter la passion et l’indignation qu’ils ont si facilement manifestées lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – voilà la réponse.
Les autres journalistes ont fait profil bas ou ont détourné le regard, craignant de perdre leur privilège de publication s’ils s’associaient à ces fauteurs de troubles. Même en plein génocide, la bienséance se doit d’être respectée à la cour royale.
Le Grand mensonge doit être préservé à tout prix.
Marchand de bobards
Quoi qu’en disent les politiciens et les médias occidentaux, le cessez-le-feu n’a rien arrangé.
Il n’offre qu’un bref répit au peuple palestinien dans ses souffrances et sa misère les plus urgentes.
Nous ne pouvons pas permettre que cet arrangement renforce le récit du Grand mensonge.
C’est exactement ce qu’a cherché à faire Keir Starmer, Premier ministre de Grande-Bretagne et marchand de bobards par excellence.
Lors d’une déclaration sur la perspective du cessez-le-feu le mois dernier, Starmer a suggéré qu’il offrirait à la population de Gaza ce qu’il a appelé «un avenir meilleur», y compris la création d’un «État palestinien souverain et viable».
Vraiment ?
Personne ne veut se demander à quoi ressemblerait le meilleur scénario possible pour Gaza. L’affirmation de Starmer repose sur l’idée tout à fait fantaisiste qu’Israël souhaite réellement un cessez-le-feu permanent.
En réalité, cela nous ramènerait au 6 octobre 2023, lorsqu’Israël imposait un blocus à Gaza et retenait en otage ses 2,3 millions d’habitants. Israël leur a interdit l’importation de produits de première nécessité et les a condamnés à un régime de privation.
Il a refusé aux malades l’accès aux traitements vitaux qu’ils ne pouvaient recevoir qu’à l’étranger. Il a ruiné l’économie en privant les entreprises d’un marché d’exportation. Il n’a accordé à la population de Gaza que quelques heures d’électricité par jour, et l’a surveillée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, via une armada de drones.
Dans le meilleur des cas, voici ce que Gaza revivrait, en plus de la dévastation causée par Israël depuis : plus de maisons, d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, de boulangeries, de mosquées, d’églises. Des montagnes de décombres à déplacer. Des systèmes de traitement de l’eau et des eaux usées détruits. Des pans entiers de la population requérant un traitement médical pour blessures graves et maladies, et près de 40 000 orphelins dont il faut prendre soin.
Est-ce là l’«avenir meilleur» qu’évoquait Starmer ?
Quelles sont les chances que Gaza profite même de ce meilleur scénario de l’enfer, alors qu’Israël ne perd pas de temps pour étendre ses pratiques génocidaires à la Cisjordanie ?
Le cessez-le-feu est un mensonge parce que tout ce qu’on nous a raconté n’est que mensonge, qu’Israël est une démocratie libérale occidentale ordinaire, qu’Israël veut la paix avec ses voisins, que l’armée d’Israël est la plus morale du monde.
Israël n’est pas seulement un État colonisateur ordinaire – le genre qui cherche à éradiquer la population autochtone dont il convoite les terres. Israël est l’État colonisateur le plus lourdement armé, le plus complaisant de l’histoire, et un État adepte de la politique de la terre brûlée dans la région qu’il colonise.
La vérité, c’est que tout ce qu’on nous a dit sur Israël n’est que mensonge. Rien ne peut être réparé, rien ne peut guérir tant que perdureront les mensonges.