Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a rencontré le lundi 28 octobre 2019, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. « J’ai été reçu, à sa demande, par Ibrahim Boubacar Kéïta. Nous avons parlé des questions d’actualité ». C’est par ce tweet posté le 28 octobre à 20h 58 mn et largement repris sur les réseaux sociaux que le président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) a informé l’opinion de cette énième rencontre avec le chef de l’Etat. Les deux personnalités ne s’étaient pas retrouvées dans un tel cadre depuis la nomination de l’actuel Premier ministre, Dr Boubou Cissé. Le ton était d’ailleurs monté entre les deux hommes suite au dernier entretien accordé à Jeune Afrique par le chef de l’Etat au cours duquel. Il a tancé le chef de file de l’opposition qui lui a donné la réplique.
La situation actuelle est si inquiétante que la présidente de la Cour constitutionnelle, Mme Mansana Danioko est montée au créneau pour tenter de convaincre les anciens chefs de l’Etat de s’impliquer dans le processus de sortie de crise. Une crise multidimensionnelle qui fragilise les piliers de la République !
Cette énième rencontre entre IBK et Soumaïla Cissé intervient dans un contexte marqué par le boycott du processus du Dialogue national par une partie de l’opposition et de la société civile. Elle intervient aussi après les manifestations d’épouses et d’enfants de soldats dans certaines garnisons. Il faut également souligner que le contexte est marqué par les affaires de détournement de fonds publics.
La plus grosse illusion est de croire que la mise en place d’un gouvernement de large ouverture ou d’union nationale peut être une baguette magique pour amorcer le retour à la normale. Si tel était le cas, le repêchage de l’aile dure de l’opposition lors de la formation du gouvernement du Dr Boubou Cissé aurait pu épargner le régime d’IBK des contestations populaires à l’image de celles ayant secoué certaines villes pour des questions de routes ou d’installation de gouverneur.
Aussi, une éventuelle entrée de l’opposition conduite proche de Soumaïla Cissé ne pourrait que contribuer davantage au pourrissement de la situation. Car l’opinion publique nationale a une mauvaise perception de telles alliances présentées plutôt sous l’angle de la politique du tube digestif, la seule préoccupation des acteurs étant leurs parts du gâteau national.
Jusque-là, Soumaïla Cissé mène une opposition qui inscrit toutes ses actions dans le strict respect des textes de la République. La virulence souvent de ses propos n’est pas comparable à ceux des gens qui appellent publiquement à la mise en place d’un mécanisme populaire visant à obtenir la démission du président Ibrahim Boubacar Kéïta.
Une jonction Soumaïla Cissé-IBK pour une gestion consensuelle du pouvoir pourrait donner un effet amplificateur à cette dynamique qui prend de plus en plus forme au sein d’une partie de la société civile. Un éventuel échec du dialogue national inclusif renforcerait les partisans d’une telle option qui sont persuadés de l’incapacité du Président IBK à faire face à la situation.
L’aggravation de la situation résulte aussi de la petite vertu pour ne pas dire de la ‘’pourriture’’ des hommes et des femmes propulsés au-devant des institutions et de la scène politique en cette période cruciale de l’existence de la République du Mali. Qui ont manqué de courage pour dire au chef qu’il s’est trompé chaque fois que ce dernier a été induit en erreur. Qui ont choisi d’ignorer le ‘’dépassement de soi’’ pour leur ‘’dayirimè’’ pour ne pas écrire pire…