«L’Occident est aujourd’hui, superchampion du monde. Il ne faut pas avoir honte de dire la vérité ! Le monde, est aujourd’hui à la remorque de l’Occident. Il ne faut pas avoir honte de reconnaître la vérité ! Les grandes découvertes scientifiques ont permis à l’Occident, de conquérir et de dominer notre planète. C’est la pure vérité ! Hormis, l’Omniscience et l’Omnipotence, de l’Unique Créateur et Gouverneur de l’Univers (Allah, s.h.w.t.), la Terre et l’Espace sont aujourd’hui, sous la domination et sous le contrôle de l’Occident. C’est un fait réel ! Et, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle et morale, de reconnaître cette vérité entière et absolue ! C’est aussi une évidence qui saute aux yeux ! Juste un rappel de cette réalité tangible à la conscience des Hommes !
L’universalisation et la codification planétaire des idées de liberté, d’égalité et des droits de l’homme… de l’Occident, sont hors de doute. Aussi l’universalisation des institutions politiques de l’Occident, comme la République et la Démocratie, et la diffusion également planétaire, avec effets d’impacts, des modèles et systèmes de l’Occident, comme l’Etat de droit, la mondialisation ou la globalisation, le multiculturalisme… et la gouvernance ; gouvernance qui est aujourd’hui en vogue au Mali, sont une vérité vraie !
Ce sont tous des produits importés de l’Occident, et de portée universelle, qu’il faut savoir adapter, aux réalités socioculturelles de chaque pays, avec l’idée de penser toujours, à innover et à inventer… Alors, vivement qu’on pratique la gouvernance en République du Mali ! »
Comme le mot Démocratie, qui est employé parfois à tort et à travers, le mot Gouvernance est aujourd’hui, largement galvaudé !
Qu’est-ce que donc la gouvernance ? Il est bon de savoir, ce que c’est que la gouvernance, dans l’esprit et la lettre de cette notion, pour bien s’atteler à son application correcte dans les faits et cela, dans l’intérêt supérieur de notre pays, le Mali. En effet, pour savoir ce que c’est que la gouvernance, référons-nous aux définitions suivantes :
1) Selon le dictionnaire «le Petit Robert» – édition 2015, « la gouvernance est une manière de gouverner, exercice du pouvoir pour gérer les affaires nationales […] Méthode de gestion d’une entreprise » p.1172 ;
2) Dans le ‘‘Lexique de Science Politique’’, il est écrit ce qui suit : «De manière générale, la gouvernance désigne, le plus souvent, les formes contemporaines de régulation collective qui se développent sur la base de relations entre acteurs publics et privés, et dans des cadres institutionnels et territoriaux pluriels, plus ouverts et plus instables […] Dans certains cas, la notion permet parfois, de justifier la nécessité d’ouvrir l’Etat à des modes de gestion du privé, soit un transfert dans l’espace public de ce que l’on qualifie parfois de gouvernance des entreprises (corporate governance) » 4ème édition 2017, sous la direction d’Olivier Nay, Professeur à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne – Dalloz. p.267 à p.268 ;
3)Pour le professeur émérite à Sciences po, Monsieur Defarges, «La gouvernance se définit alors comme un système d’organisation et de préservation de la concurrence. Gouverner, ce n’est plus fixer et réaliser des objectifs, c’est établir et surveiller un terrain de jeu. L’intérêt général n’étant plus quelque chose au-dessus, mais quelque chose autour. Il ne s’agit plus de gouverner, mais de poser des règles et de garantir leur bonne application ». Cf. Philippe Moreau Defarges, Ministre plénipotentiaire, Chercheur et codirecteur du rapport RAMSES à l’IFRI, professeur à l’IEP, in ‘‘la gouvernance’’, 4ème édition, 2011 février. PUF 2003 – 75014 Paris. p.26.
Sur le vu de ces trois définitions, on peut faire le commentaire suivant : la définition du dictionnaire ‘‘le Petit Robert’’ est un peu vague. Cette définition, n’étant pas alors détaillée et précise, on a tendance à confondre, gouvernement et gouvernance, d’une part, et à appliquer la gouvernance seulement à l’entreprise, d’autre part. La définition du ‘‘Lexique de Science Politique’’ et celle du Professeur émérite, Monsieur Philippe Moreau Defarges, se recoupent dans une certaine mesure, et convergent vers la même réalité, à savoir : reconnaître la différence entre le gouvernement et la gouvernance, et reconnaître également, que l’Etat doit emprunter le mode de gestion de l’entreprise, et s’ouvrir davantage. En effet, c’est ce qu’on peut remarquer dans les pays qui optent, progressivement et avec réalisme, pour la gouvernance. C’est une innovation dictée, par l’évolution des sociétés des temps modernes ! Et c’est pourquoi, nous retenons ces deux dernières définitions de gouvernance qui, en réalité, n’en font qu’une seule, c’est-à-dire, une gestion innovante et idéale, en ces temps modernes.
Nous disons donc que la thématique de ‘‘la gouvernance serait, née au XIIème siècle en France et resurgit dans le dernier quart du XXème siècle, dans la langue anglaise. Avec la mondialisation ou la globalisation, émerge vers les années 1990, le mot gouvernance qui vise en fait, à gouverner le mieux possible la planète par […] un processus d’organisation et d’administration des sociétés dans le respect et l’épanouissement des diversités’’, selon le Professeur émérite, Monsieur Philippe Moreau Defarges, in ‘‘la gouvernance’’ PUF 2003 p.6.
Du moment que, la gouvernance, thématique nouvelle, ‘‘vise à gouverner le mieux possible notre planète’’, on peut déduire, qu’il y a une certaine rupture avec la méthode classique du gouvernement stricto sensu. Nonobstant, il faut reconnaître que la notion de gouvernement et la notion de gouvernance sont connexes, et leur domaine est le même, en ce qui concerne l’organisation et la gestion des structures collectives, comme l’Etat, les organisations internationales et les entreprises. Il faut noter aussi, que le gouvernement n’est pas synonyme de gouvernance. Ces deux notions différencient par le champ dont elles se déploient. Organe institutionnel, le gouvernement se trouve au sommet de la hiérarchie étatique, et donne des ordres à la société. Quant à la gouvernance, elle rejette toute hiérarchie, et elle n’est pas une entité. Elle est un phénomène plus large que le gouvernement. Il est vrai qu’elle incorpore les mécanismes gouvernementaux, mais elle s’étend aussi à des dispositifs informels, non gouvernementaux. Elle est un ‘‘système de règles qui se base aussi bien sur les relations interpersonnelles, que sur les lois et les sanctions’’.
Et dans l’optique de la gouvernance, il faut signaler également que ‘‘le public et le privé ne peuvent pas être séparés. L’un n’est rien sans l’autre’’, fait remarquer le Professeur émérite, Monsieur Philippe Moreau Defarges, qui poursuit en indiquant que ‘‘ dans le monde de la gouvernance, l’entreprise considérée comme la source de la prospérité, est exaltée, et l’Etat n’est plus qu’une instance fonctionnelle’’. p.32 du livre de ‘‘Philippe Moreau Defarges’’, in ‘‘la gouvernance’’ – PUF 2003.
L’approche de la gouvernance, c’est de faire en sorte qu’il y ait moins de commandement et d’hiérarchie, que de procédure de négociation, en réseau, son mode de coordination.
Au Mali, depuis quelque temps, on emploie souvent, et même peut-être, abusivement, le terme gouvernance dans les discours à saveur politique. C’est dire que, décidément, l’expression est vraiment en vogue au Mali ! Ce n’est pas d’ailleurs étonnant, parce que, le modèle de gouvernance a été imposé par les partenaires techniques et financiers, comme le reconnaît le Professeur Supiot en ces termes : « […] La notion de gouvernance a été adoptée à la fin du siècle dernier par les organisations économiques internationales (Banque Mondiale et FMI), qui ont imposé ce modèle de gestion aux pays dits en voie de développement dans le cadre des plans d’ajustement structurel, puis de lutte contre la pauvreté ». Alain Supiot ‘‘la gouvernance par les nombres’’. Institut d’études avancées de Nantes/Fayard-France 2015 – p.46 à p.47. Et le même auteur, de préciser dans le même livre, en écrivant : que « cette bonne gouvernance promue par ces organisations, s’est traduite par une réduction drastique du périmètre de l’Etat, notamment dans le domaine social et culturel, au profit de l’initiative privée et de la société civile » p.47.
Il faut comprendre la gouvernance, comme ‘‘un système démocratique de gestion parce que, se nourrissant des ingrédients de la démocratie, dans une perspective de management’’. Le droit se substituant à la force, c’est par le talent et le mérite, dans la bonne gouvernance, que le citoyen peut accéder à l’emploi et aux postes de responsabilité, respectant ainsi, les principes de la démocratie et les valeurs de la République. La participation est importante dans la gouvernance, une participation qui se fait en continu, et non à des moments précis, comme la consultation électorale et périodique, dans la démocratie.
Il faut souligner, qu’au nom de la gouvernance, l’Etat utilise ‘‘les impératifs de gestion analogues à ceux de l’entreprise, et celle-ci se donne des tâches dites citoyennes (aides financières à des activités non lucratives)’’. Et selon une certaine thèse, ‘‘l’administration publique n’est pas autre chose qu’une entreprise’’, sous cet angle, il est logique, que ‘‘l’Etat s’applique à lui-même, les principes de la gouvernance de l’entreprise’’. En d’autres termes, plus précis et plus explicites, ‘‘le now public management – la nouvelle gestion publique – consiste à étendre à l’administration publique, les règles et méthodes de l’entreprise privée […]’’. Alain Supiot, in ‘‘la gouvernance par les nombres’’. Institut d’études avancées de Nantes/Fayard – France 2015, p.228. Et cette vision est partagée et appuyée par Charles Debbasch et Frédéric Colin qui écrivent ce qui suit : « les règles de gestion qui font leur preuve dans les entreprises privées, peuvent et doivent être appliquées dans les services publics. Le souci du coût et du rendement doit pénétrer le secteur public. Ces impératifs conduisent à assimiler l’administration de l’Etat et des entreprises privées, à leur appliquer les mêmes règles (par ex, le droit de concurrence), à refuser que la fonction publique soit séparée du monde du travail ». Cf. le livre ‘‘Administration publique’’ 6ème édition –Economica – 49, rue Héricart 75015 – Paris 2005 .
Les mêmes auteurs écrivent, aussi, dans le même livre cité ci-dessus, que selon une certaine thèse : ‘‘l’administration n’est autre chose qu’une entreprise. On doit calquer son organisation sur celle des entreprises. Ce point de vue triomphe particulièrement aux Etats-Unis. […] L’administration doit accomplir ses tâches, comme le ferait un particulier’’. p.5.
A mon humble avis, l’évolution conduit davantage et progressivement, les Etats modernes vers ce système qui s’inscrit dans la logique de la gouvernance, dont nous traitons, ici, trois principaux éléments à savoir :
I- La thématique de la gouvernance politique : le pouvoir politique n’a plus comme seul attribut de garantir l’ordre, la sécurité, et de veiller à l’application de la loi… Il doit veiller aussi, à l’amélioration constante de la condition humaine. Quelle est donc la meilleure approche pour y parvenir ? Quel type de pouvoir faut-il choisir ? Deux axes de réflexion sont proposés :
1) Le pouvoir démocratique (Hobbes et Rousseau) qui privilégie ‘‘le libre consentement des hommes’’, et l’exigence d’un contrat social entre gouvernants et gouvernés ;
2) Le pouvoir technocratique, est celui dont l’exercice doit appartenir à ceux qui ont la ‘‘connaissance’’, tels que : les savants, les ingénieurs, et les administrateurs…
A mon humble avis, dans les pays où le taux d’analphabétisme est très élevé, je crois qu’il est réaliste et logique, de tenir compte du niveau de développement social, en même temps que le désir légitime d’aller vers le progrès et la modernité, et de faire en sorte qu’on cherche le juste milieu entre les deux types du pouvoir, et qu’on combine aussi, les deux axes de réflexion, dans une proportion raisonnable et équilibrée, tenant compte de la complexité des affaires publiques d’aujourd’hui qui requiert des ‘‘connaissances’’, eu égard au développement de la science et de la technologie qui impactent tous les domaines d’activités, et toutes les politiques publiques.
Etant donné que ‘‘la gouvernance est en quête permanente de meilleurs systèmes de gestion des hommes et des ressources’’, nous pensons que même la compétition électorale, pour la conquête et l’exercice du pouvoir, doit se faire entre des candidats qui ont des ‘‘connaissances’’, mais tout en requérant aussi, le libre consentement des populations, et cela doit se faire jusqu’au niveau des villages et des coins les plus reculés du pays. Il ne s’agit pas dans mon esprit, de renier ou de supprimer le suffrage universel qui permet à tous les citoyens majeurs, sans distinction de condition sociale, d’origine, de race, d’ethnie ou de sexe de voter, et de le substituer au suffrage capacitaire et au suffrage censitaire. Il s’agit raisonnablement, de tenir compte, encore une fois, de la complexité des affaires publiques d’aujourd’hui, qui requiert des ‘‘connaissances’’ dues, à l’impact du développement de la science et de la technologie. Il est donc souhaitable, que tous les élus, et à tous les niveaux, soient dotés d’un minimum de ‘‘connaissance’’, et qu’ils soient en même temps, choisis par le consentement libre des populations. A suivre
Dr Oumar Aba TRAORE, Ph.D.
Docteur en Science Politique
Diplômé de l’Université LAVAL
Québec City – Canada –
Domicilié à Banankabougou – SEMA
Rue : 612 Porte : 122
A suivre
Source : Le Challenger