La gestion de l’ordure ménagère est un problème global, une vraie préoccupation nationale à laquelle peu importe les villes et agglomérations sont soumises à l’échelle mondiale. Mais celle ayant trait à la cité des trois caïmans dépasse l’imagination. Les pays développés ayant vite compris les conséquences néfastes qui en découlent ont mis en place des politiques de gestion dignes de ce nom. Celles-ci passent par plusieurs phases dont la collecte, le traitement et une exploitation efficaces des déchets pour le bien-être de leurs populations. Ce n’est donc pas par hasard que le tri sélectif a vu le jour dans nombre de pays. L’objectif reste la protection de l’environnement de la santé publique tout en préservant le cadre de vie.
Pour le cas spécifique du Mali, notamment de la ville de Bamako le phénomène dépasse l’imagination. Il faut reconnaître qu’au temps du premier président malien feu Modibo Keita, nos compatriotes manifestaient de l’amour pour le pays. L’assainissement de la ville était bien assuré et tout le monde s’impliquait. Il n’était pas rare de voir des populations s’organiser pour nettoyer leur cadre de vie. Les quartiers rivalisaient entre eux. Mais, depuis plusieurs décennies l’esprit de civisme et de patriotisme a volé en éclat. Chacun agit comme bon lui semble au cœur de l’espace public qui pourtant est régi par des règles de conduite comme dans tout pays de droit.
Pourtant, on a assisté à l’augmentation exponentielle de la densité de la population dans la capitale. En conséquence, les déchets journaliers augmentent jour après jour. Malgré les efforts des gouvernements qui se sont relayés au Mali, le problème reste encore entier car nous n’arrivons pas à venir au bout des déchets.
L’Etat doit s’investir autrement pour trouver une solution à ce fléau qui pose à la fois un problème environnemental et de santé publique. L’implantation de l’hivernage accentue le bazar. De nos jours nous ne détenons aucune statistique fiable sur la quantité de déchets produits journellement dans la capitale malienne. Le plus honteux, nos compatriotes créent les déchets et l’Etat paye une société étrangère en l’occurrence l’OZONE pour débarrasser les rues de Bamako à coût de dizaines de milliards par an. Le proverbe dit ceci : ” les mains qui se débarrassent des poubelles sont capables de les relever avant pourrissement “. Il est grand temps que les pouvoirs publics, les élus locaux et les citoyens prennent autrement leurs responsabilités face à la situation chaotique des déchets pour éviter la dilapidation des ressources que les bailleurs mettent à la disposition du pays.
Nous savons tous que les quartiers quant à eux, relèvent des communes. Partout dans le monde, la responsabilité de la gestion des déchets revient aux villes ou aux collectivités locales. Celles-ci font généralement la sous-traitance avec des entreprises privées spécialisées dans le domaine en vue de parvenir à un résultat décent.
Il suffit de créer une passerelle entre différentes administrations afin de mettre en place une politique cohérente de collecte et de traitement efficace des déchets. Le Ministère de l’environnement, le gouvernorat, les communes et quartiers doivent travailler en parfaite collaboration pour faire face à cet épineux problème qui n’honore point l’image du Mali encore moins nos compatriotes.
L’heure de la création des nouveaux emplois semble arriver. Dans chaque commune, il devrait y avoir des techniciens de l’Environnement chargés de veiller sur l’application de la mesure gouvernementale en matière d’assainissement. On est en droit de se demander si le pouvoir en place actuellement dispose d’une politique d’assainissement en réalité. Et quelle utilité et rôle jouent les services d’assainissements des mairies ?
Aboubacar Eros Sissoko
Source : Zénith Balé