A l’occasion du sommet de Pau qui a réuni le président français Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel, les six chefs d’Etat ont demandé aux États-Unis de poursuivre leur engagement dans la région, alors que Washington réfléchit à réduire sa présence militaire.
Il s’agit d’un vrai sujet d’inquiétude pour la France. Si le président de la République Emmanuel Macron a annoncé lundi 13 janvier qu’il allait essayer de convaincre Donald Trump de ne pas retirer ses troupes de la région, Paris s’active en réalité depuis des semaines en coulisses pour tenter de raisonner Washington.
« Des messages sont passés à tous les niveaux », confie-t-on à l’Élysée. Christophe Bigot, l’envoyé spécial pour le Sahel, s’est rendu à Africom, au commandement américain pour l’Afrique en novembre dernier. Le sujet a également été évoqué entre les délégations françaises et américaines en marge du sommet de l’Otan de Londres début décembre.
Le soutien américain à l’opération Barkhane couterait près de 45 millions de dollars par an au Pentagone d’après le New York Times. Une dépense dont les États-Unis pourraient vouloir se libérer. « Pour l’heure rien n’a été décidé, ici », tente de rassurer une source militaire au Niger. Et Samantha Reo, une des porte-paroles du programme Africom, d’ajouter qu’une « Afrique sûre, stable et prospère reste dans l’intérêt des États-Unis à long terme ».
« Trou capacitaire »
Cet intense lobbying traduit une véritable inquiétude de Paris. Et pour cause : l’appui fourni par les États-Unis en termes de renseignement et de ravitaillement en vol est essentiel pour Barkhane. Des capacités qui seraient pour certaines impossibles à trouver chez d’autres partenaires, précise-t-on dans l’entourage du président français. Si les Américains devaient quitter le Niger, cela provoquerait côté français un véritable « trou » capacitaire.
Car dans la guerre contre le terrorisme, le rôle de Washington est essentiel. L’armée américaine déploie, par rotation, quelque 6 000 soldats, notamment des forces spéciales. Ces troupes sont présentes dans la Corne de l’Afrique, à Djibouti et en Somalie, mais aussi au Niger, véritable tête de pont américaine dans la lutte contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne.
Au Niger, l’US Air Force dispose en particulier d’une importante base à Agadez d’où décollent ses drones et ses avions ravitailleurs, deux éléments sur lesquels s’appuie la force Barkhane, très dépendante du renseignement fourni par son allié. Inaugurée au printemps dernier, la base d’Agadez aura coûté la bagatelle de 110 millions de dollars.
Les Américains disposent d’avions d’écoute et de systèmes électro-magnétiques qui permettent par exemple de repérer des téléphones satellites. Le renseignement américain a notamment été crucial dans le sauvetage des deux otages français enlevés au Bénin en mai dernier.
Source: RFI