L’Afrique de l’ouest est en proie à une instabilité grandissante et à la pression de groupes djihadistes. Cinq pays de la zone, au sein du G5 Sahel, tentent de monter une force multilatérale de plus de 4.000 hommes pour prendre le relais de la mission de maintien de la paix des Nations unies. Au centre du jeu, se trouvent la France et son armée à travers l’opération Barkhane (4.500 soldats).
La frontière du Bénin. « Le Niger est en difficulté, mais son armée tient bon alors que le pays doit faire face à trois fronts, explique Serge Michailof, chercheur associé à l’Iris. L’armée de Mauritanie a remis de l’ordre dans le pays et le Tchad, même s’il compte encore des opposants exilés au Soudan, est tenu. Le Burkina est en train de s’effondrer. »
Cet ancien directeur des opérations de l’Agence française de développement et à la Banque mondiale, estime que « l’armée burkinabe n’est pas équipée, pas motivée et pas entraînée. L’administration est aussi défaillante, notamment depuis le départ de Blaise Compaoré dont le système de renseignement, les relations et les deals passés avec certains groupes maintenaient de la stabilité. […] La frontière du Bénin est vérolée, les djihadistes opèrent en moto ou en pick-up, ils mènent des raids de 300 km. »
Les difficultés du Mali. Cependant, selon lui, « le vrai cancer, c’est le Mali. Il n’y a plus d’État, plus d’administration territoriale, plus de préfets, plus de gendarmes qui se sont repliés dans les grandes villes. Dès que vous sortez de Bamako, vous courrez des risques. » Les différents avec les Touaregs au nord du pays ne sont plus les seules difficultés.
« De vieilles querelles ont dégradé la sécurité du centre du Mali, explique l’expert. Entre les Peuls, les Dogons et les Bagandas. Tous ont aujourd’hui des kalachnikovs et les expéditions punitives font cinquante, cent morts… Et tant que le président n’aura pas compris qu’il lui faut une administration solide et une armée constituée au mérite, rien ne sera réglé. »
La pression des djihadistes. Pour Serge Michailof, « la France est coincée au Mali. Si elle se retire, personne ne peut aujourd’hui la remplacer […] Il faudrait que la France retire symboliquement une partie de ses troupes pour pousser le gouvernement à réagir. Surtout que l’agitation anti-Français se développe peu à peu, que s’il y a une bavure elle est aussitôt exploitée… Les djihadistes sont bien organisés, communiquent bien » et attisent les braises.
Source: La Nouvelle République