Ce 11-Novembre sera aussi l’occasion d’honorer les soldats déployés au Mali, Centrafrique, Syrie-Irak. Les opérations extérieures se sont multipliées depuis le début du quinquennat de François Hollande, propulsé chef de guerre.
Barkhane au Sahel (après Serval), Sangaris en Centrafrique, Chammal au Moyen-Orient… La France « est en guerre », selon les termes du président Hollande. Contre un ennemi nommé terrorisme. Douze mille hommes sont déployés : 7 000 à l’étranger, 5 000 en France dans le cadre de la protection antiterroriste, un record depuis la guerre d’Algérie.
L’inauguration d’un « Pentagone » à la française, la commémoration de l’armistice du 11-novembre aujourd’hui en hommage aux morts pour la France de 1914-1918 mais aussi de tous les conflits interviennent dans ce contexte d’engagement militaire multiple, « de niveau élevé » voulu par le chef de l’État. « Notre sécurité se joue aussi à l’extérieur de nos frontières », expliquait François Hollande en août aux ambassadeurs.
L’ancien lieutenant du 71e régiment du génie, près de Rouen, qu’il a été, a renoué avec la chose militaire depuis son arrivée à l’Élysée. Avec succès ? Au Mali, après Serval qui a mis fin à l’avancée djihadiste, il avait été accueilli aux cris de « papa Hollande », mais l’intervention, programmée pour quelques mois, s’éternise et pourrait même, selon les experts militaires, durer vingt ans.
Bilan contrasté
« Il n’y a pas de vision à long terme », juge Jean-Vincent Brisset, ancien général et directeur de recherche à l’IRIS, qui critique aussi l’excès de communication sur ces opérations militaires « quand tout va bien ». « Si nous sommes en guerre, il faut penser à la guerre et aux efforts de guerre », ajoutait hier soir le général Vincent Desportes, professeur associé à Sciences Po, « il y a un antagonisme entre la multiplication d’opérations extérieures très exigeantes et des moyens en diminution ». La dotation initiale des « OPEX » (450M€) a été maintenue en avril, mais le coût global dépassera le milliard et un financement interministériel sera sans aucun doute nécessaire.
Pour ces deux spécialistes, le bilan « OPEX » du soldat « Hollande » est contrasté. Plutôt positif au Mali, il l’est beaucoup moins en Centrafrique. « C’est un pays dans le chaos parce que la France n’a pas été capable, par manque de moyens, de projeter un effectif suffisant dans un temps suffisant », selon le général Desportes. Sur ces deux théâtres, l’armée française souffre aussi parce qu’elle est esseulée : l’Europe est aux abonnés absents et les États-Unis se montrent frileux.
Horizon en « tension »
En Irak et en Syrie « on est dans le suivisme », estime le général Brisset, « totalement dépendants de la coalition menée par les Américains, et de l’intervention russe. Comment peser dans les relations internationales avec trois frappes depuis le mois de septembre ? ». L’aviation russe a frappé 94 fois en huit jours. Les attentats de janvier ont changé la donne à plusieurs niveaux. Le président a revêtu un peu plus l’uniforme de chef des armées, et au maximum 7 000 soldats auront été mobilisés pour Sentinelle. Une mission « inadaptée », « un métier de maintien de l’ordre qui n’est pas le leur », déplorent les hauts gradés. Dans cet horizon en « tension », obscurci par la menace terroriste intérieure, le président de la République a « rehaussé » la dépense de défense à 3,8 milliards d’euros (dans le cadre de la loi de programmation militaire 2014-2019) et gelé la suppression de 18 750 postes. « Une décision courageuse, un coup d’arrêt à cette dégradation » salue le général Desportes. Suffisant pour répondre aux défis de demain ?
Source : ledauphine