Jusqu’à sa mort récente, le défunt président de la république du Gabon était connu sous le nom de El Hadj Omar Bongo Ondimba. Né le 30 décembre 1935 à Lewai, dans la province de Haut Ogooué, sous le nom de Albert-Bernard Bongo, l’homme qui a régné sur le Gabon pendant 42 ans était le benjamin d’une famille d’agriculteurs de l’ethnie Batéké.
Capricorne comme signe astral. On ne lui connaît pas une grande formation scolaire ou universitaire. Des études primaires et secondaires au Congo. Puis un service militaire dont ses biographes précisent qu’il l’a effectué dans l’armée coloniale française basée au Tchad. Par contre, on sait que la formation spirituelle de Bongo commence dès son enfance par l’initiation au rite traditionnel du Djobi, bien connu chez les Batéké et les Obamba du Haut-Ogooué. Mais le prénom d’Albert-Bernard qu’il portera pendant de longues années, indique bien qu’il a été longtemps chrétien baptisé et de conviction. Même si on ne lui connaît pas une pratique assidue du christianisme.
Tous ceux qui ont fait le récit de la vie de cet homme qu’on disait rusé, s’accordent à dire que c’est aux côtés de Léon Mba, alors président de la République du Gabon au lendemain de l’indépendance, que Omar Bongo Ondimba commence la véritable initiation spirituelle qui marquera son existence. Recruté peu avant, par les services secrets français, alors qu’il vient de finir sa formation militaire, le père de la Françafrique Jacques Foccart, l’introduit dans les milieux de la franc-maçonnerie française. Il apprend ainsi à connaître et à vivre avec les principes de cette société sécrète. Par la suite, aux côtés de Léon Mba dont il a été le collaborateur direct comme directeur de cabinet et vice-président de la République, il s’initie aux rites traditionnels de l’Eboka de l’ethnie Fang dont le premier président du Gabon était originaire. Léon Mba en tant que l’un des grands “ démons ” (c’est ainsi que l’on traduit en fang les gourous de cette secte sécrète) de l’Eboka avait tenu à ce que Bongo pour qui il avait beaucoup d’affection puisse connaître “ les sources réelles du pouvoir ”, pour reprendre une expression de l’anthropologue français Claude Lévi Strauss dans son ouvrage à succès “ Tristes tropiques ”.
Une fois au pouvoir dès la fin des années 60, Bongo va multiplier les syncrétismes spirituels à la limite de l’hérésie. D’abord il gravit les marches dans la loge maçonnique au point de devenir un des grands maîtres en Afrique. Notamment aux côtés des hommes comme Félix Houphouët-Boigny et Hassan II. C’est à l’issue des décès respectifs de ces deux hommes d’Etat ivoirien et marocain que le président Bongo va devenir le gourou de la franc-maçonnerie en Afrique, en plus du titre de “ Grand maître ” qu’il avait déjà pour l’Afrique centrale. La conversion à l’Islam se réalise principalement sous l’influence de Hassan II, et dans une autre mesure du défunt roi Fahd d’Arabie Saoudite. C’était l’époque du Transgabonais en 1973. Bongo voulait construire cette grande ligne de chemin de fer qui traverserait le Gabon de bout en bout. Ses alliés français lui ont fait dire que le projet n’était pas rentable. Irrité, Bongo est allé demander conseils à son “ complice ” Hassan II. Ce dernier lui a alors conseillé de s’adresser au Roi Fahd d’Arabie Saoudite. En le conseillant fortement, s’il voulait avoir le soutien du monarque saoudien de devenir le disciple du prophète Mahomet. L’enjeu était trop grand pour que Bongo ne puisse pas accepter. Il devient donc, malgré les protestations de son épouse Joséphine, El Hadj Omar Bongo.
Dans les faits, la pratique de la religion musulmane chez Omar Bongo n’est pas aussi contraignante comme le recommande sa confrérie des sunnites. L’homme fort du Gabon va plutôt privilégier son influence dans la franc-maçonnerie, en apportant des adeptes de qualité parmi les chefs d’Etat d’Afrique centrale. Son influence dans la sous-région, notamment auprès des hommes d’Etat comme Denis Sassou Nguesso, Idris Deby Itno, Obiang Nguéma Mbazogo, et récemment François Bozize y trouverait sa source, selon des confidences des sources bien introduites auprès de la loge maçonnique. Davantage “ gonflé ” par ses différentes initiations dans les rites traditionnels de la société sécrète Djobi des Batéké, le défunt président a réalisé ces dernières années un triangle nominal mystique en devenant Omar Bongo Ondimba. Il réussira à amener un de ses filleuls chef d’Etat, à adopter la même trilogie nominale. Il s’agit du chef de l’Etat tchadien devenu il y a peu Idriss Deby Itno. Aux dires de certaines sources, seul Paul Biya, le président du Cameroun, lui a résisté. D’où le combat de leadership qui les a opposé en Afrique centrale.
Source : Lemessager