À l’occasion de la publication du rapport intitulé ‘’ A Strategy for Success in Libya ‘’ daté du 8 Novembre 2017, élaboré par le think tank ‘’American Enterprise Institute ‘’ basé aux Etats-Unis, il convient de mentionner les principales contributions contenues dans ce rapport : une évaluation et un examen des perspectives politiques de la Libye. Ce rapport a passé en revue les différentes questions ayant trait à la situation libyenne : en particulier le domaine de la lutte contre le terrorisme. Dans un environnement politique mouvant qui régit les liens troubles entre l’Egypte et l’Algérie en Libye, comment le régime politique algérien assume-t-il ses responsabilités diplomatiques dans la région ?
Selon le rapport de ‘’American Enterprise Institute’’ l’engagement limité du régime politique algérien vise à contrer la puissance égyptienne. Le régime algérien aspire à consolider son statut de puissance régionale et à contrebalancer l’influence égyptienne en Afrique du Nord. En outre, le régime politique algérien s’oppose à une intervention étrangère au delà d’une coopération limitée en matière de contre-terrorisme. Cependant, l’Algérie n’a pas consacré suffisamment de ressources pour faire progresser ces objectifs. Des problèmes économiques peuvent contraindre l’action algérienne. Néanmoins, elle poursuit une solution politique en coordination avec l’Égypte notamment. Elle a également renforcé la sécurité aux frontières, afin de faire face à l’intense activité de contrebande en Libye.
Selon le même rapport, le groupe terroriste Al Quaida au Maghreb Islamique (AQMI) utilise son refuge dans le sud-ouest de la Libye comme base pour la coordination des opérations régionales, y compris l’insurrection au Mali. Cette organisation terroriste accède à ce territoire en infiltrant en partie les réseaux touaregs, qui relient le Mali au sud de l’Algérie et à la Libye. AQMI profite des routes de contrebande et de trafic dans le sud de la Libye. Le risque est grand de voir le monde arabe divisé une fois encore : la Libye est le point de jonction entre deux prétendues institutions : la Ligue des Etats Arabes et l’Union du Maghreb Arabe .La présence des groupes terroristes sur le territoire libyen pourrait entraver toute circulation libre entre l’UMA et l’Egypte. Cet espace géographique ne serait plus continu.
Parmi les hypothèses retenues, quant à l’avenir de la région : l’effondrement de l’Algérie selon ce think tank affecterait grandement la Libye, avec des conséquences sur le déplacement des ressources régionales. Pour l’Egypte, l’Afrique sahélienne représente le défi diplomatique du moment dans une perspective de concurrence avec l’Algérie. La diplomatie égyptienne accorde un plus grand intérêt à la lutte contre le terrorisme au Sahel que l’Algérie. Aussi, l’adhésion de l’Egypte en tant que membre observateur du G5 Sahel est un atout dans la lutte contre le terrorisme, pour sortir l’Afrique sahélienne du cercle vicieux de l’insécurité. Le G5 Sahel comble le déficit sécuritaire du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc).
La situation au Sahel est la résultante des bouleversements récents dans la région. La diplomatie égyptienne mobilise un soutien important pour la mis en place de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui comporte une étude cartographique de la région. Il est important de rappeler que l’Egypte est membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU pour l’année 2017.
C’est dans ce sens que le conseil de sécurité de l’ONU a organisé une réunion consacrée au Sahel, le 30 Octobre. Cette réunion fait suite à la publication d’un rapport du Secrétariat général de l’ONU sur la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, soumis au conseil de sécurité (16 Octobre 2017). Ce deuxième rapport permet d’analyser la situation à l’échelle onusienne par rapport aux résultats des Etats voisins de la Libye. Il contient plusieurs options proposées pour définir le soutien que fournirait l’ONU. La structure de commandement de la force conjointe du G5 Sahel envisage la formation de deux groupes de soutien, l’un au niveau technique, pour soutenir le commandant de la Force conjointe et l’autre au plan politique ayant une relation indirecte, avec le Comité de défense et de sécurité et le Conseil des ministres du G5 Sahel.
Selon ce rapport onusien ,cet entité politique ‘’susciterait la prise de contrôle par la région et permettrait d’établir des liens et des échanges réguliers d’informations avec les entités et les initiatives pertinentes, telles que le Processus de Nouakchott ou le Comité d’état major opérationnel conjoint de la région du Sahel, et de veiller à ce que les opérations de la Force conjointe cadrent avec des processus politiques importants tels que la mise en oeuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali.’’
À cet effet, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale s’est exprimé sur les enjeux et les acquis de la force conjointe G5 Sahel, au Journal du Mali, daté du Lundi 13 Novembre (site internet du G5 Sahel). A la question :
Un grand acteur régional est absent du G5 Sahel, l’Algérie. Certains observateurs pensent que cette organisation est difficilement viable sans l’implication de ce grand voisin du Mali. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Le ministre a répondu que ‘’pour assurer notre sécurité dans l’ensemble de la région, nous devons travailler avec nos voisins. C’est dans ce cadre que s’est tenue au Mali une conférence avec la CEDEAO, pour travailler sur les questions de sécurité au Sahel et sur la protection des frontières extérieures au G5 Sahel, dont celles des pays du nord de l’Afrique, du Maroc à l’Egypte. L’Algérie était présente lors de cette conférence, et nous avons avec elle, la Mauritanie et le Niger un mécanisme de coordination, le CEMOC. Nous discutons des questions de sécurité dans ce cadre. Le G5 Sahel n’a pas été établi contre qui que ce soit, mais pour remplir des objectifs spécifiques.’’
Au sein du ministère algérien des affaires étrangères ou des affaires étranges devrais-je dire, le droit international est clairement retraduit dans des communiqués et des discours copier-coller, sans que soient prises au sérieux toute son idée, son aspiration. Des déclarations ministérielles insensées retransmises par l’ENTV ou plutôt par El Mouradia Tv devrais-je dire. Comment s’extraire du joug d’une diplomatie algérienne qui se sclérose ? Une diplomatie multirécidiviste du refus de soutenir la paix dans la région. Une diplomatie qui ne cherche comme exutoire à sa médiocrité, la condamnation de certains pays d’Afrique du nord.
Dans ces circonstances, la démarche du ‘’ministre’’ Messahel ne sera que le prolongement du vidage diplomatique qui mènera à la paupérisation finale. Une diplomatie qui s’abrite derrière le conservatisme révolutionnaire au préjudice d’une capacité d’adaptation aux enjeux. Le seul projet que porte le chef de la diplomatie Messahel ne serait-il pas lui-même ? La diplomatie algérienne paie-t-elle le prix de son ambiguïté ? Au lieu d’aller dans toutes les directions, la diplomatie algérienne doit s’entendre sur une notice d’utilisation.
L’Algérie est à la croisée des chemins, appelée à se déterminer par rapport à des questions cruciales et à relever des défis. Cependant une question demeure : les relations entre l’Egypte et le régime algérien sont-elles l’otage du conflit en Lybie ?
Benteboula Mohamed-Salah.Géographe
Auteur ‘’La diplomatie algérienne à deux têtes ‘’