Abuja/Paris (27 septembre 2022) : Alors que la crise nutritionnelle dans le nord-ouest du Nigéria se poursuit à des niveaux catastrophiques, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle la communauté humanitaire à se mobiliser et à inclure le nord-ouest du Nigeria dans le plan de réponse humanitaire des Nations-unies, pour permettre le développement de secours humanitaires à la hauteur des besoins.
Depuis le début de l’année 2022, les équipes MSF voient un nombre extrêmement élevé d’enfants malnutris au sein des programmes MSF dans cinq Etats du nord-ouest du Nigéria. De multiples facteurs ont contribué à la forte augmentation de la malnutrition cette année.
“Avec la hausse de l’insécurité, le changement climatique et l’inflation globale du prix des denrées alimentaires dans un monde post-Covid 19, on ne peut que craindre une dégradation de la situation”, dit le Dr. Simba Tirima, représentant MSF au Nigéria. “Les autorités nigérianes doivent être soutenues pour gérer une crise d’une telle ampleur. Cela implique un financement humanitaire d’urgence pour que les organisations puissent immédiatement agir et d’inclure le nord-ouest dans le plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour 2023 ».
Depuis janvier, les équipes MSF travaillant en collaboration avec les autorités de santé nigérianes ont traité près de 100 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë au sein de 34 structures ambulatoires et hospitalisé environ 17 000 enfants dans 10 centres dans les états de Kano, Zamfara, Katsina, Sokoto et de Kebbi.
Dans l’Etat de Zamfara, l’une des zones les plus affectées par la violence et le banditisme, MSF a enregistré une hausse de 64 % du nombre d’enfants sévèrement malnutris traités dans les centres ambulatoires nutritionnels de janvier à août, par rapport à la même période en 2021. Quant aux zones moins touchées par l’insécurité, une enquête nutritionnelle de MSF a aussi souligné la sévérité de la crise ; dans la zone de Mashi, au sein de l’état de Katsina, MSF a relevé un taux de malnutrition aiguë globale de 27,4%, et un taux de malnutrition aigüe sévère de 7,1 %. Ces taux sont indicateurs d’une urgence critique.
La réponse humanitaire actuelle des Nations-unies se focalise sur la situation critique du nord-est du Nigéria et exclut le nord-ouest. Contrairement à MSF, dont les ressources sont essentiellement d’origine privée, de nombreuses organisations ne sont pas en mesure de répondre aux besoins aigus du nord-ouest parce que leur financement dépend de ce plan.
« Il y a une prise de conscience grandissante chez les Nations-unies, les bailleurs et les autres acteurs de l’étendue de la crise dans le nord-ouest, et il est maintenant nécessaire d’agir » explique Froukje Pelsma, cheffe de mission MSF au Nigéria. « Il faut que le nord-ouest soit inclus dans le plan de réponse humanitaire 2023 pour le Nigéria, en cours d’élaboration, car il s’agit d’un élément clé dans la mobilisation des ressources nécessaires pour soigner ces milliers d’enfants ».
Source : Afrikmag