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La crise malienne vue du côté du Niger

L’analyse que j’ai faite de la crise malienne m’a permis de découvrir fondamentalement deux choses : la première jusqu’où on malmène notre mode de gouvernance en Afrique. De loin on ne savait pas ce qui se passait au Mali. Sauf, qu’un beau matin, un putsch qui survient et le nord du Mali occupé par les groupes armés.

Le coté cocasse a été le fiasco de la Cedeao qui, après avoir condamné le coup d’Etat, exigera le retour à l’ordre constitutionnel normal. Curieusement, de façon extraordinaire, on voit un accord cadre avant la démission du président  ATT et personne n’avait les échos du président fuyard. Dans lequel, il était prévu, que le président ATT ne va pas venir et que la cour constitutionnelle doit constater. Alors que la cour constitutionnelle dans une démocratie ne reçoit  d’instruction ou d’ordre de personne. L’accord cadre n’est pas une constitution  malienne, n’est pas une loi malienne, ni un referendum malien. C’est un accord entre les patins de la France réunis dans la Cedeao pour imposer au Mali un intérimaire.

La deuxième chose est que : la même France ne voulait pas une intervention contre le MNLA. Il a fallu que les « islamistes » profitent de la situation pour installer le chaos pour que la France se pointe à Konna avec comme prétexte qu’on lui a demandé de venir.

Autre chose, l’on se pose la question sur le long séjour de Dioncounda Traoré à Paris. Est-ce que ce séjour là n’a pas été mis à profit pour planifier cette intervention française au Mali ?

Mais cette intervention pose la problématique, à nous africains, de ne plus investir nos sous dans l’armée. Car l’armée africaine s’est montrée incapable  d’aller bouter un groupe de rebelles ou  d’ «islamistes» hors du Mali. La manœuvre incroyable au Mali, que nous au Niger on a rien compris, même dans les brousses maliennes on voit les villageois avec des drapeaux français sur la chaîne France 24. Question: d’où viennent ces drapeaux ?

La crise malienne a révélé que l’armée malienne ne peut rien faire, que l’armée de l’Afrique de l’ouest  ou espace Cedeao ne pouvait rien, absolument rien. A prouver aux yeux du monde que la Cedeao est une ONG française qui ne peut prendre aucune décision sans la France. Elle reçoit des ordres de la France. En réalité, l’intervention Française a pour but de réhabiliter le MNLA. L’absence de l’armée malienne à Kidal est un fait révélateur. Alors que la superficie du Mali est connue. Si, c’est suite à l’appel de l’Etat malien que la France est intervenue, alors la question est la suivante : comment peut-on appeler quelqu’un à l’aide et  que ce dernier occupe tranquillement ma maison et m’empêche d’y entrer, moi le propriétaire. Soyons un peu sérieux. Aujourd’hui la France a un nouveau  discours; s’il s’agit de libérer les territoires c’est les armées malienne et française, on ne parle pas des victimes des bombardements de l’aviation  française. Mais les prétendues exactions sont automatiquement attribuées aux soldats maliens. Si on libère ensemble les territoires, on doit partager aussi les exactions. Mais pourquoi les attribuer aux combattants maliens. Autre paradoxe, la France se dit alliée du Mali et compose en même temps avec le MNLA. L’objectif étant de dénigrer l’armée malienne et faire la promotion d’une autodétermination pour le nord du Mali. C’est ça que l’on appelle aide ? Et nos intellectuels naïfs soutiennent cette intervention qui va d’avantage balkaniser le continent qui saigne à blanc. Elle ne finira pas peut être au Mali. Jusqu’où s’arrêtera l’Azawad : Niger, Mauritanie, Algérie, Burkina Faso ? Ce n’est pas les touaregs qui intéressent la France, mais l’espace-là à cause de son pétrole, de son gaz et  de son uranium.  Apres l’euphorie au Mali, on n’est pas loin de pleurer. Si aujourd’hui la survie de la France et de l’Europe justifie qu’elles viennent avec leurs armées pour zigouiller tout le peuple ouest africain pour se sauver, elles le feront et vont appeler ce geste démocratie. Malheureusement ce concept est un vaste conteneur  dans lequel  chacun met ce qu’il veut.

A.B.D, envoyé spécial Tunis

 

Source: L’Enquêteur

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