La Chine, partenaire privilégiée de l’Afrique, peut jouer un grand rôle dans la lutte contre le terrorisme qui se propage dans les pays du continent et qui compromet la paix et la sécurité, l’exercice des droits de l’Homme et le développement, selon de nombreux analystes politiques béninois.

La Chine, qui s’engage sérieusement dans le développement du continent africain, dispose de suffisamment de ressources “pour amener la communauté internationale à avoir une politique d’ensemble, cohérente, pas seulement de guerre, mais d’éducation et de dialogue social en vue de lutter efficacement contre l’extrémisme sous toutes ses formes, qui prend une proportion alarmante dans les pays du continent”, estime le professeur Albert Tévoédjrè, directeur du Centre panafricain de prospective sociale (CPPS) basé à Porto-Novo.

Pour cet ancien médiateur de la République du Bénin, la paix, la sécurité et l’harmonie dans les relations entre les communautés et les peuples en Afrique sont les conditions préalables pour le développement du continent.

“Nous croyons d’une part que la solution militaire aux conflits que connaît l’Afrique ne peut à elle seule garantir durablement la paix et la stabilité sur le continent et, d’autre part, que pour être durable et véritable, cette paix et cette harmonie dans les relations entre les communautés et les peuples d’Afrique ne peuvent résulter que d’un dialogue sincère et actif entre eux”, affirme-t-il.

Selon lui, dans l’impossibilité de placer un soldat derrière chaque citoyen pour garantir sa sécurité, la seule option crédible et durable reste celle – incontournable – de renforcer tous les mécanismes du vivre ensemble, malgré les différences.

Ainsi, au nom des pseudos convictions religieuses ou idéologiques, les terroristes sèment la terreur partout dans le monde et de plus en plus en Afrique, où leurs actes gagnent progressivement du terrain dans plusieurs pays et tendent à s’étendre dans plusieurs sous-régions du continent.

Durant des décennies, les pays maghrébins ont été victimes de ce phénomène. Le groupe de l’Etat islamique (EI) a installé ses quartiers en Lybie, pendant que d’autres mouvements terroristes ont déstabilisé l’Egypte et la Tunisie. L’Afrique de l’Ouest et centrale sont également secouées par ces mêmes actes du terrorisme qui endeuillent au quotidien des familles depuis des années maintenant.

En effet, pendant que le groupe Boko Haram sème la terreur au Nigeria, au Niger, au Cameroun et au Tchad, le groupe Al-Qaïda a plongé le Mali dans un cycle de violence qui menace de diviser le pays. Ce même groupe installé en Mauritanie a aussi attaqué le Burkina Faso lors des attentats de l’Hôtel Splendid et du restaurant Cappuccino.

Selon plusieurs analystes politiques du Bénin, l’utilisation du même mode opératoire dans les attentats de Ouagadougou au Burkina Faso et lors des attentats de l’hôtel Radisson de Bamako au Mali démontre la facilité avec laquelle ces groupes terroristes opèrent d’un pays à l’autre, surtout dans les hôtels de grand standing où logent un grand nombre d’hommes d’affaires de diverses nationalités, en particulier européens.

“Ces attaques terroristes dans les grands hôtels et restaurants de certaines capitales du continent laissent à penser que les terroristes sont farouchement opposés à la présence des occidentaux sur le continent”, soulignent-ils, estimant que ces attentats ne sont qu’une manière des terroristes de réagir à la présence des forces armées militaires européennes dans certains pays du continent.

Cependant, la propagation des actes terroristes sur le continent africain ne fait qu’aggraver une crise humanitaire déjà sans précédent, qui s’étend bien au-delà des frontières des régions où sévissent les attentats.

Des millions de personnes ont fui les territoires contrôlés par les groupes terroristes et extrémistes violents. Les zones de conflit connaissent des flux migratoires de plus en plus importants. Certains les quittent pour trouver refuge ailleurs, tandis que d’autres s’y rendent pour grossir les rangs des combattants terroristes étrangers, ce qui déstabilise davantage les régions concernées.

Face à cette montée de l’intégrisme, du fondamentalisme, de l’intolérance et du sectarisme, le dialogue interreligieux et interculturel, vecteur dynamique d’une cohésion sociale durable, reste un moyen viable de formuler une réponse commune dans laquelle chaque religion et chaque culture pourra trouver sa place.

Outre cette solution, l’Afrique, qui ne dispose d’aucun moyen de politique antiterroriste efficace et durable, doit absolument trouver des dispositions urgentes non seulement pour contrôler les transferts d’armes conventionnelles à l’intérieur du continent, mais aussi exiger la transparence de tous les contrats d’armement afin d’enrayer le terrorisme sur son sol, selon des analystes.