En politique aussi bien qu’en diplomatie, la sagesse instruit de s’abstenir de tout pronostic absolu. Mais peut-on, dans notre situation complexe malienne, résister à la tentation de pronostiquer sur le rendez-vous d’Accra de ce vendredi 25 mars qui intrigue au plus haut point l’opinion nationale.

Entre les Cassandre paranoïaques qui pressentent le piège et conseillent au colonel Assimi de se tenir en Kim Jong Un du Sahel, les va-t’en-guerre diplomatiques qui prônent la déCÉDÉAOïsation et le déploiement maintenu des missiles verbales du nationalisme-isolationnisme, les partisans du compromis au nom du réalisme socioéconomique… quels arguments guideront le plus la marche d’Assimi Goïta à Accra ? Le Président de la Transition a été invité à prendre part au sommet extraordinaire qui s’y tient sur le Mali. En hôte “extra” “ordinaire” qui a osé sortir du cadre « ordinaire » de l’ordre constitutionnel normal auquel la CÉDÉAO tient tant, la tête de l’Exécutif malien serait allée participer à un concert où son violon aurait peut-être eu du mal à s’accorder avec ceux de ses voisins qui, eux, ne cessent de chanter urbi et orbi que seule la symphonie des élections est la musique acceptable dans l’espace sous-régional.

Finalement, le Président de la Transition malienne a fait le choix d’entendre surtout les notes doublement alarmistes et souverainistes des partisans de « la fermeté » qui ne veulent rien devoir céder dans le bras-de-fer avec nos voisins. Assimi Goïta a décidé de se faire représenter par son Monsieur diplomatie, le fringant Abdoulaye Diop. Ses pairs vont-ils apprécier ce geste malien, eux qui, en insistant sur le caractère « extraordinaire » du sommet, avaient certainement apprêté une proposition majeure de sortie de crise à l’attention de leur homologue atypique malien ?

Le refus lénifié d’Assimi Goïta de se rendre à Accra va-t-il exacerber la ligne des méfiances ? Ou bien nos voisins, fatigués comme nous de ces sanctions dont tout le monde sort perdant, vont-ils desserrer l’étau de leur goulet d’étranglement sur le Mali ?  La soirée de ce vendredi nous permettra d’y voir plus clair. Pour le meilleur, souhaitons-le.

MOHAMED MEBA TEMBELY      

Source: Les Échos- Mali