Au Sénégal, le président du Pastef doit comparaître ce 16 mai au tribunal pour viol. Ses soutiens se sont rassemblés la veille à Ziguinchor, ville dont il est maire, et des heurts ont éclaté. Un policier a été tué accidentellement par un blindé des forces de l’ordre, et des manifestants ont été blessés.
À la veille de l’ouverture du procès d’Ousmane Sonko pour les viols dont l’accuse Adji Sarr, des heurts ont opposé les forces de l’ordre sénégalaises et des partisans de l’opposant. La police a rapporté la mort accidentelle d’un policier, tué par l’un des blindés déployés à Ziguinchor. Les médias ont fait état de plusieurs blessés parmi les manifestants.
Des jeunes se sont mobilisés le 15 mai à Ziguinchor, la ville de Casamance dont Ousmane Sonko est le maire depuis 2022 et où il s’est retiré il y a quelques jours.
Des groupes occupant la chaussée jonchée de projectiles ont lancé des pierres contre les forces de l’ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Les sympathisants de Sonko ont établi des barrages dans différentes rues à l’aide de blocs de pierre et de troncs d’arbre, et brûlé des pneus.
Accusé de viol et de menaces de mort
Le président du parti Pastef, arrivé troisième à la présidentielle de 2019, est censé se présenter ce 16 mai devant une chambre criminelle à Dakar pour viols et menaces de mort sur Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté de la capitale.
Il a toujours réfuté les accusations portées contre lui et crié au coup monté pour l’empêcher de concourir à la présidentielle de 2024. Mais il risque d’être arrêté s’il s’en tient à son refus de se présenter devant une justice qu’il estime instrumentalisée.
Ousmane Sonko lui-même s’est muré dans le silence depuis plusieurs jours. Il a dit auparavant entrer en « désobéissance civile » face au harcèlement dont il serait l’objet. Il a été condamné en mai à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre, le fruit d’un autre complot selon lui. Cette peine à elle seule pourrait le priver de son éligibilité.
Pas de convocation au procès
De nombreux partisans de tous les âges s’étaient regroupés le dimanche 14 mai au soir autour de son domicile à Ziguinchor pour former un bouclier humain contre une tentative d’arrestation, ont rapporté les médias.
Ousmane Sonko a dit qu’il ne répondrait plus aux convocations de la justice sans garantie pour sa sécurité. Il affirme que des membres des forces de sécurité ont tenté de l’assassiner.
Deux de ses avocats ont affirmé n’avoir reçu aucune convocation en vue d’un procès. « Tout est artifice pour un jugement par contumace. Nous avons vu les violences sur les populations autour de sa maison [à Ziguinchor], ce qui conforte l’absence de sécurité », a déclaré l’un d’eux, Me Ciré Clédor Ly.
(avec AFP) Jeuneafrique