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Komé Cessé et Apollinaire Compaoré, deux self made man africains

Voilà deux figures du capitalisme africain partis de rien. Deux capitaines d’industrie qui partagent le même territoire ouest-africain, les mêmes ambitions de développement, les mêmes intérêts et la même banque. Et qui devraient, forcément, prendre langue. Car, au delà des contingences de la vie des affaires, tout rapproche ces deux bâtisseurs. Tout, à commencer par leurs parcours.

 

Komé Cessé Apollinaire Compaoré operateur economiqueÉtrange ressemblance en effet que le profil de ces deux géants qui pèsent aujourd’hui plusieurs milliards de FCFA et des centaines de collaborateurs.

Apollinaire Timpiga Compaoré est né en 1953 à Koassa (département de Kombissiri) à 40 km de Ouagadougou. La légende lui retient un coq comme seule fortune quand il quitta son village pour Ouagadougou en 1965 à 12 ans révolu..
De son de côté, Komé Cessé quittera lui aussi son village de Koira (cercle de Kayes) pour Abidjan où il arrivera en 1984 pour devenir, entre autres métiers, cireur de chaussures payé entre 25 et 50 FCFA.

Du village à la ville 
Tous les deux étaient analphabètes et correspondaient au portrait robot du futur enfant de la rue des grandes capitales africaines. En 1966, Apollinaire obtient son premier travail salarié en tant que «boy» rémunéré à 1 500 FCA par mois soit 2,5 euros aujourd’hui. Deux ans plus tard alors qu’il est monté en grade devenant boy cuisinier, son salaire n’évoluait toujours pas. Il plaque tout et rejoint la rue, vivant de petits boulots dont celui de collecteur de pneus pour charrettes et vélos. A la longue, il devint vendeur de billets de loterie payé sur le chiffre d’affaires. Il gagne jusqu’à 30 000 FCFA par mois. Apollinaire ne tardera pas à se mettre à son propre compte en 1970 augmentant ainsi ses revenus.

Apollinaire partage le sens de l’épargne avec, son alter-égo, Cessé Komé, Lequel, en bon Soninké, a constitué son capital franc après franc, brique après brique. Le commerce s’impose à lui naturellement. La bonneterie attire l’enfant de Koira qui achetait des tee-shirt, des draps de lit et des tissus à Monrovia auprès des commerçants hindous pour les revendre ensuite en Côte d’Ivoire.

Le sens de l’èpargne en partage 
Le petit détaillant gravit les échelons devient semi-grossiste, grossiste puis entame ses premières opérations commerciales en Chine. Dans l’Empire du milieu, il est ébahi de tomber sur le même code d’honneur ancestral ouest-africain en général. Ici, la parole vaut contrat. Komé Cessé apprit que le carburant des affaires c’était la confiance qui ne s’obtient que dans le respect de la parole donnée et des échéances. Ses fournisseurs chinois remarquent son sérieux et lui accordent des livraisons payables sur 90 jours puis une année. Les choses ont évolué, le natif de Koira devenant lui même fournisseur attitré de super marchés et de réseaux commerciaux de la foisonnante Afrique de l’Ouest.

Animé du même flair, le jeune Apollinaire aussi se lance dans le commerce des deux roues grâce à un capital de 700 000 FCFA amassé à force d’abnégation à partir de l’argent du loto.. En mai 1973, il investit 30 millions FCFA dans la société et effectue des opérations fructueuses avec le Nigeria.
En mai 1978, à 25 ans, il crée sa première société Volta Moto qui deviendra Burkina Moto en 1984. En 1986, Burkina Transport au capital de 200 000 000 millions (deux cent millions) voit le jour et se spécialise dans le transport de carburant pour la société d’état Sonabi. Burkina Transport a démarré avec un camion. Face à une forte demande, la société a très rapidement acquis une trentaine de camions.

La révélation au bout de l’effort

En 1990, Apollinaire s’associe à d’autres partenaires et créent une association, l’Union des Opérateurs Économiques, l’UOE. Dans la même foulée, L’UOE crée l’UAB Vie, l’Union des Assurance de Burkina, une entreprise d’assurance avec un capitale de 500 millions de FCFA pour une clientèle Burkinabée composée de particuliers et de sociétés. En 1993, dans la vague des privatisations par l’état Burkinabè, ce même groupement se porte acquéreur pour racheter la Société Nationale d’Assurance, SONA. Ainsi nait l’UAB IARDT.

En 1996, création de la SODICOM, Société de Distribution des Produits de Grande Consommation. La même année naît la SOBUREX.. Pendant dix ans, le groupe Apollinaire va étendre ses tentacules dans divers secteurs : entrée dans le crédit à la consommation en 2001 suite au rachat de la Société Burkinabè d’Équipement, création du groupe Planor en 2002 et, dans la foulée, rachat de la société de téléphonie mobile Artel Telecel à travers un tandem constitué avec Atlantique. En 2004, Apollinaire devient actionnaire de MTN Côte d’Ivoire à hauteur de 26%. En 2008, il acquiert entièrement Telecel qui devient Telecel Faso.

 

Le flair, un diplôme qui ne se délivre pas par les écoles de commerce

Les années 2000 verront aussi l’éclosion des affaires du commerçant Komé Cessé qui s’était entre temps lancé dans l’immobilier en investissant dans ses deux pays, la Côte d’Ivoire et le Mali. Très liquide, l’entrepreneur se voit ouvrir les faveurs des banques et tisse de solides liens dans l’establisbment africain.

En 2002, le Mali qui abrite la Coupe d’Afrique des Nations cherchait des hôtels. Komé Cessé répond à l’appel de la nation.
Dans la foulée, il construit la résidence Komé qui accueillera tous les officiels de la FIFA et de la CAF. C’est ainsi que l’homme d’affaires Soninké est venu planter son fanion dans l’hôtellerie. Par la suite, un contrat de gestion est signé avec Radisson. La résidence Komé passe de 73 à 190 chambres devenant au fil des ans le Radisson Blu de Bamako. Actuellement, le Radisson Côte d’Ivoire (300 chambres) est en construction.. Le groupe s’est diversifié, comprenant Koira Finances, Koira Koira Hotel Investissements et diverses filiales employant plus de 300 employés.

Un même réseau bancaire 

C’est dans cet effort de diversification que le groupe Koira a rencontré le groupe Apollinaire dans le secteur des télécoms. Au delà des bisbilles autour de la licence malienne, ces deux hommes d’affaires qui partagent les mêmes réseaux dans les milieux bancaires et financiers gagneraient bien à prendre langue.
Apollinaire a toujours été accompagné par Coris Bank fondée en 2008 par Idrissa Nassa, autre self made man africain, autre commerçant parti de rien pour convertir son capital-travail en une banque «endogène » qui accompagne les opérateurs économiques. Coris Bank
reste la principale banque de telecel Faso et de toutes les sociétés d’Apollinaire Compaoré.

De son côté, Komé Cessé est accompagné en Côte d’Ivoire sur son activité import export par Coris Bank. La banque d’orgine Burkinabée est aussi dans le financement du projet
Radisson Abidjan en compagnie de ma BGFI sur la base d’une garantie d’Afreximbank. Comme l’écrivait Financial Afrik il y a quelques jours, le tout nouveau projet du groupe Komé à Bamako, un hôtel Sheraton de 30 millions d’euros, est entièrement financé par Coris Bank avec la garantie de Afreximbank.

Des retrouvailles souhaitées 

Ces relations d’intérêt devraient emmener Komé Cessé et Apollinaire Compaoré à renouer le fil du dialogue à travers leurs partenaires stratégiques et leurs réseaux communs. A travers aussi Idrissa Nassa de Coris Bank qui partage avec eux le parcours original de l’ homme d’affaires qui s’est constitué un capital entrepreneurial à la sueur de son front.

C’est dommage que deux capitaines d’industrie élevés dans le code d’honneur villageois africain n’arrivent pas à régler leurs désaccords (fréquents dans les affaires) autrement que par la voie des tribunaux.
Adama Wade et Albert Savana

source : financialafrik

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