Une trentaine d’individus armés et clamant vouloir instaurer la charia, ont attaqué dimanche matin la localité de Fakola, un chef-lieu d’arrondissement dans le cercle de Kolondiéba. Le village est situé à 60 km de Kolondiéba, le chef-lieu de cercle et à une vingtaine de km de la frontière avec la Côte d’Ivoire.
Ces individus enturbannés qui criaient « Allah akbar » en brandissant des drapeaux noirs, ont pris le contrôle du village, provoquant la fuite de nombreux habitants de la localité pour trouver refuge dans la brousse. Les éléments de l’armée n’étant pas présents sur place, il n’y a pas eu de combat.

Les assaillants sont arrivés à motos et ont fait des tirs de sommation à l’entrée du village. Une panique générale s’est alors emparée des populations et c’était le sauve-qui-peut. Ils se sont emparés de tous les symboles de l’Etat notamment la sous-préfecture, la mairie, le poste des eaux et forêts et même l’école. Ils ont fait beaucoup de dégâts matériels, selon des témoins. Le seul véhicule de l’armée qui était garé dans le village a été brulé.
Dans l’après-midi, les assaillants ont quitté le village avant l’arrivée du renfort des forces armées envoyé sur zone pour les déloger et tenter de les mettre hors d’état de nuire. Ils auraient trouvé refuge dans la forêt de Sama.
Selon les habitants, les terroristes sont vraisemblablement venus de cette vaste et très dense forêt qui couvre 20 km² environ. Ils veulent faire de cet endroit un sanctuaire à partir duquel ils peuvent perpétrer des coups contre les localités voisines.
Les villageois affirment avoir signalé la présence de ces hommes armés dans la forêt de Sama depuis le lendemain de l’attaque contre Misséni. Après avoir été chassés de Misséni, les terroristes se seraient enfuis vers les localités de Fakola et de Kadiana dans le cercle de Kolondiéba. D’après des élus locaux, l’attaque contre Fakola ne devrait pas surprendre nos forces armées et de sécurité.
Cette attaque contre la localité de Fakola intervient après celle de Misseni dans la nuit de 10 au 11 juin. Celle-ci s’était soldée par la mort d’un gendarme et le saccage du camp militaire et des postes de sécurité de cette localité située aussi près de la frontière ivoirienne. L’attaque de Misseni avait été revendiquée au moyen d’une inscription « Ançardine sud » sur une feuille volante et d’un exemplaire du Coran.
En multipliant des attaques au sud et au centre du pays, les islamistes intégristes veulent montrer qu’ils sont présents sur l’ensemble du territoire et qu’ils sont capables de frapper partout.
Mais c’est du trompe-l’œil et une tentative de créer l’illusion de leur omniprésence. Faire irruption dans une localité sans défense et crier à tue-tête « Allah akbar » pendant un temps et prendre la fuite dès que les soldats pointent à l’horizon, n’est-ce pas un fait d’arme trop facile ?
Ces attaques par traîtrise avec très peu de moyens, perpétrées contre les localités et les postes militaires isolés, démontrent que les djihadistes cherchent tout simplement à faire parler d’eux. Ils sont incapables de tenir des positions et esquivent les affrontements directs avec les renforts miliaires qui arrivent dans les localités attaquées.
Avec ce type d’action, ils peuvent compter sur la médiatisation à outrance des moindres faits et gestes de la mouvance djihadiste à travers le monde.
F. DIABATE
AMAP Sikasso

source : L’Essor