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Kofi Annan : SAISIR LE MOMENT DE METTRE UN TERME A LA FAIM DANS LE MONDE

L’ancien secrétaire général de l’ONU, engagé actuellement dans la lutte contre la faim dans le monde, a produit cette tribune à l’occasion du Forum sur la Révolution Verte en Afrique qui réunit à Nairobi du 5 au 9 septembre, des chefs d’Etats africains, des donateurs internationaux et des militants contre la faim.

kofi annan onu ghana

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, mettre un terme à la faim dans le monde est réellement à notre portée. Alors que des personnes courageuses et passionnées ont œuvré pendant des décennies pour éradiquer ce fléau, une récente convergence de volonté politique, de partenariats et de financements publics-privés ont rendu cette ambition possible.
Nous avons, bien sûr, encore beaucoup de chemin à parcourir. Près de 800 millions d’hommes, de femmes et d’enfants n’auront pas assez de nourriture à manger aujourd’hui. Mais depuis 1990, être parvenus à diminuer de moitié le nombre de personnes souffrant de malnutrition nous a montré ce qui peut être réalisé.
Prenons l’exemple de l’Afrique. Il y a déjà douze ans, quand j’étais secrétaire général des Nations unies, j’ai appelé à faire une “Révolution verte exclusivement africaine” pour transformer l’agriculture et les chances de survie de centaines de millions de personnes sur le continent. Les progrès ont été spectaculaires.
Pendant plus de 10 ans, les pays africains ont mis beaucoup plus l’accent sur les investissements dans l’agriculture et sur l’aide aux exploitants agricoles de ce continent. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) lancé par les dirigeants africains en 2003 et réitéré dans la Déclaration de Malabo de juin 2014, fournit un cadre très clair d’accélération des investissements et de coordination des efforts des différents pays.
Des donateurs internationaux ont pesé de tout leur poids pour soutenir ces efforts nationaux. Depuis la brusque augmentation des investissements de donateurs suite au Sommet 2009 du G-8 à L’Aquila, en Italie, en passant par l’accord conclu par la communauté internationale pour faire de la faim et de la malnutrition une priorité dans les Objectifs de développement durable de l’an dernier, le vent est en train de tourner.
Avec l’aide de la Bill & Melinda Gates Foundation et de la Rockefeller Foundation, l’Alliance for a Green Revolution in Africa (AGRA) a été créée en 2006. En très peu de temps, elle est devenue un chef de file prééminent dans la transformation des systèmes agricoles et alimentaires africains. Grâce aux partenariats que l’AGRA a permis de conclure, à la recherche et au développement qu’elle a soutenus et aux initiatives qu’elle a lancées sur le terrain, de petits exploitants agricoles ont eu accès à de meilleures semences, à des techniques d’exploitation agricole durables et à des financements, et des milliers d’entreprises agricoles ont été créées et se sont développées.
Les dernières semaines ont apporté encore plus de raisons de se réjouir. Dans une rare démonstration de coopération bipartite, le Congrès des États-Unis a voté en juillet la loi sur la Sécurité alimentaire internationale. Cette loi importante réaffirme l’engagement des États-Unis pour mettre un terme à la faim dans le monde, à la pauvreté et à la malnutrition infantile grâce à l’initiative « Feed the Future » du président Obama soutenant les pays en développement pour améliorer leur agriculture et élargir leurs systèmes alimentaires. On espère que le vote de cette loi incitera d’autres pays donateurs traditionnels à prendre des mesures similaires.
Cette dernière bonne nouvelle en date arrive alors que des chefs d’Etat africains, des donateurs internationaux, des organisations et des personnes qui luttent contre la faim partout dans le monde se rassemblent à Nairobi, au Kenya, pour le Forum sur la révolution verte en Afrique (African Green Revolution Forum). C’est l’occasion non seulement de célébrer des progrès collectifs, mais aussi de nous engager à intensifier la bataille contre la faim et la malnutrition.
Nous devons saisir ce moment critique et mettre à profit les progrès incroyables qui ont été faits ces dernières années. Nous serons tous gagnants si nous y parvenons. Le renforcement de la sécurité alimentaire ne dissipe pas seulement l’ombre de la faim pour des centaines de millions d’êtres humains. Il permet aussi de développer les économies et les échanges commerciaux, et minimise les risques d’instabilité politique.
Je pense qu’il y a quatre grands aspects qui peuvent faire pencher la balance et faire de la faim dans le monde de l’histoire ancienne. Le premier aspect est la volonté politique permanente de placer et de maintenir cette question parmi les plus urgentes à traiter dans les plans d’action nationaux et internationaux, car aucun pays ne peut être fort quand sa population est affaiblie par la faim. Le rôle de la société civile pour inciter constamment les gouvernements à faire de l’agriculture une priorité est également vital ici.
Le deuxième aspect concerne les partenariats, parce qu’aucun individu, groupe ou gouvernement ne peut relever seul ce défi titanesque. Ces dernières années, nous avons vu la rapidité et l’importance des progrès qui peuvent être réalisés quand nous avons une vision basée sur la collaboration.
Troisièmement, nous devons conserver et renforcer l’adhésion des pays à cette cause. Les pays en développement, qui souffrent de manière disproportionnée de l’insécurité alimentaire, doivent prendre l’initiative de définir leur propre cheminement vers la prospérité.
Pour finir, il faut reconnaître l’importance fondamentale du financement. Les progrès impressionnants qui ont été réalisés jusqu’à présent ne pourront pas être poursuivis ni accélérés sans de nouveaux investissements de la part du secteur privé et des pays en développement eux-mêmes, en plus des donateurs traditionnels.
Les dirigeants des pays en développement, les entreprises du secteur privé, les donateurs, les ONG et d’autres acteurs ont désormais l’opportunité de réaliser quelque chose d’incroyable qu’ils pourront voir de leur vivant. Cette semaine et à l’avenir, je demande à mes confrères qui agissent pour le développement mondial, et plus particulièrement aux chefs d’Etat et aux dirigeants du secteur privé, de relever le défi et de faire de cette question une priorité. En nous attachant à collaborer entre les différents secteurs et les différentes disciplines, la faim dans le monde pourra devenir de l’histoire ancienne.
Kofi Annan, président de la Kofi Annan Foundation

Source : L’Essor

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